En Jordanie, l'énergie solaire redonne un semblant de vie normale à des réfugiés

Le camp de réfugiés d'Azraq en Jordanie tente de redonner un semblant de vie normale à ses occupants en mettant en place un réseau électrique alimenté à l'énergie solaire. Une solution économique, écologique et indispensable à la vie de ses milliers de personnes.
par
Gaelle
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Avant la mise en place de la centrale solaire, la vie des réfugiés était particulièrement difficile. "Imaginez la vie dans ce désert en été, sans ventilateur ni eau fraîche", déclare Racha Hadar, un réfugié du camp

Une vie meilleure

Dans sa petite caravane, Racha regarde la télé avec ses huit enfants, âgés de 3 à 14 ans, sous un grand ventilateur. "Les choses ont changé maintenant, au moins l'électricité n'est plus coupée, on peut aussi boire de l'eau fraîche par cette chaleur", dit Racha, originaire de Homs, arrivé dans le camp d'Azraq, il y a un an et demi.

"Notre vie est meilleure, nous avons vécu des périodes très difficiles sans électricité", ajoute-t-elle, sous une température de 40°C. En effet, à Azraq, le mercure peut atteindre les 50°C en été et tomber très bas en hiver.

La centrale solaire inaugurée mercredi par le Haut-commissariat de l'Onu aux réfugiés (HCR) a coûté 9 millions $, financés par la Fondation Ikea. Avec une capacité de 2 mégawatts, elle va alimenter une bonne partie de la population du camp. En tout, 20.000 des quelque 35.000 réfugiés vont pouvoir en bénéficier après deux ans et demi sans courant électrique. Le courant sera fourni au reste des habitants du camp d'Azraq quand la capacité de la centrale sera portée à 5 mégawatts.

Pour cela, des centaines de panneaux solaires ont été installés de part et d'autre de l'axe principal du camp. "Cela va permettre aux deux villages du camp qui pourront en bénéficier d'éclairer leurs foyers, connecter leurs réfrigérateurs et leurs téléviseurs et charger leurs téléphones pour pouvoir maintenir le contact avec leurs proches", a déclaré Stephano Severe, représentant du HCR en Jordanie.

Ph. Ahmad ABDO / AFP

Une solution pour réduire les coûts et améliorer le quotidien des réfugiés

L'énergie solaire "va permettre l'accès à une énergie propre, renouvelable et durable et améliorer l'instruction des nombreux enfants réfugiés", a déclaré Kelly T. Clements, numéro deux du HCR.

"Azraq est le premier camp de réfugiés du monde à fonctionner à l'énergie renouvelable. ??Nous sommes certains que cela va réduire les coûts du fonctionnement du camp et nous permettre de réinvestir sous d'autres formes pour soutenir les réfugiés", a-t-elle souligné. Le camp d'Azraq a été ouvert en avril 2014 et les tâches quotidiennes devenaient très laborieuses pour ses habitants, notamment la cuisine, le ménage, les études ou même se déplacer en sécurité la nuit.

L'arrivée du courant de manière ininterrompue et gratuite depuis janvier 2017 devrait contribuer à économiser près de 1,5 million $ par an.

Une vie plus ‘normale'

Désormais, dans le marché situé dans le centre du camp, le magasin de glaces et de jus frais de Amer Akla ne passe pas inaperçu avec sa grande glacière à l'entrée de l'échoppe.

"Nous sommes venus de Deraa, en 2013. C'est la première fois que nous avons un semblant de vie normale, même si on reste des réfugiés et que nous souffrons encore", explique-t-il, en servant une petite fille

Même chose pour Farida, membre d'une famille de dix personnes venue de la région de Hama, qui tient une épicerie. "Il était quasi impossible de réfrigérer jusque-là, on achetait des blocs de glace pour que la marchandise puisse rester fraîche", souligne-t-elle. "Nous avons désormais des frigos qui fonctionnent, un ventilateur, un téléviseur, une vie différente", dit-elle en souriant.

Sur les 4,6 millions de Syriens réfugiés à l'étranger, quelque 630.000 sont enregistrés auprès du HCR en Jordanie. Le pays, partage avec la Syrie quelque 370 kilomètres de frontière. Mais les autorités jordaniennes évaluent leur nombre à plus d'un million.