Donald Trump limoge le patron du FBI James Comey

Le président des Etats-Unis Donald Trump a limogé le patron du FBI James Comey, dont les services dirigent l'enquête sur les liens éventuels entre l'équipe de campagne du républicain et la Russie, accusée d'ingérence dans la dernière élection présidentielle.
par
Belga
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L'information a été divulguée mardi par la Maison Blanche, qui précise que la recherche d'un nouveau directeur pour la police fédérale débute "immédiatement". "Le FBI est l'une des institutions les plus respectées de notre pays et aujourd'hui marquera un nouveau départ pour l'agence-phare de notre appareil judiciaire", a indiqué Donald Trump dans un communiqué. Un courrier a été envoyé au principal intéressé, lui signifiant qu'il était démis de ses fonctions avec "effet immédiat".

"Si j'ai apprécié que vous m'ayez informé, en trois occasions distinctes, que je ne faisais pas l'objet d'une enquête, je suis cependant d'accord avec l'analyse du ministère de la Justice selon lequel vous n'êtes pas capable de diriger de manière efficace le Bureau", indique Donald Trump dans cette lettre. Le licenciement de Comey a eu lieu sur recommandation du procureur général (ministre de la Justice) Jeff Sessions et de son adjoint Rod Rosenstein, selon le porte-parole de la Maison Blanche Sean Spicer.

"Informations classifiées"

Plus tôt dans la journée de mardi, le FBI avait informé le Congrès d'erreurs dans le témoignage livré par Comey la semaine dernière au sujet de l'enquête réouverte peu avant l'élection sur les emails privés d'Hillary Clinton, la candidate démocrate. Le patron de la police fédérale avait défendu devant des membres du Sénat sa gestion de l'affaire, qui selon Hillary Clinton a finalement contribué à sa défaite face à Trump.

James Comey a alors évoqué la découverte de "centaines et milliers" de courriers électroniques transmis à l'ex-époux d'une collaboratrice d'Hillary Clinton, dont certains contenant "des informations classifiées". Ces affirmations n'étaient pas correctes ou suffisamment précises, a précisé le FBI aux sénateurs plus d'une semaine après le témoignage: seul un petit nombre des mails découverts et liés à la ré-ouverture de l'enquête proviennent réellement d'un envoi de la collaboratrice.

Ex-procureur fédéral et ancien vice-ministre de la Justice, James Comey, 56 ans, a longtemps été encarté chez les républicains mais il avait été nommé par l'ancien président démocrate Barack Obama à son poste actuel. Le 20 janvier, Donald Trump lui avait demandé de rester en fonction.

Une opposition outrée

Les démocrates du Congrès ont dénoncé mardi le limogeage du directeur du FBI James Comey comme une tentative possible de saper l'enquête en cours sur une éventuelle collusion entre des proches de Donald Trump et la Russie pendant la campagne électorale.

"Monsieur le Président, avec tout le respect que je vous dois, vous faites une grave erreur", a déclaré le chef de file de l'opposition démocrate du Sénat, Chuck Schumer, qui a dit en avoir averti Donald Trump lorsque celui-ci l'a appelé pour l'informer de sa décision. Le chef démocrate, lors d'une conférence de presse au Capitole, a appelé à la nomination d'un magistrat indépendant pour prendre en main l'enquête russe, actuellement menée par le FBI. Sans cette nomination, "les Américains seront en droit de soupçonner que la décision de limoger le directeur Comey est une tentative d'étouffer" l'affaire, a-t-il estimé.

"Ce n'est rien de moins que nixonien", a dénoncé son collègue Patrick Leahy, évoquant l'ancien président Richard Nixon, qui avait limogé en 1973 le magistrat indépendant Archibald Cox qui enquêtait sur le scandale du Watergate. Il a d'ailleurs trouvé "absurde" la justification donnée par le président Trump, selon laquelle Hillary Clinton aurait été traitée avec partialité par M. Comey.

Reproches

En effet, la raison officielle donnée par le ministre de la Justice Jeff Sessions pour recommander l'éviction de James Comey est que celui-ci, en juillet dernier, a organisé une conférence de presse pour annoncer la fermeture de l'enquête sur les emails d'Hillary Clinton, contrairement aux usages du FBI. Il lui reproche aussi d'avoir, en octobre dernier, peu de jours avant l'élection présidentielle, brisé le silence traditionnel en informant le Congrès de la relance des investigations après la découverte de nouveaux emails.

"Le président avait en réalité célébré les grossières fautes du directeur dans cette enquête", a souligné Patrick Leahy. "Cette explication pathétique cherche à dissimuler une vérité indéniable: le président a limogé le directeur du FBI au milieu d'une des enquêtes de sécurité nationale les plus importantes de l'histoire de notre pays, une enquête qui implique de hauts responsables de la campagne Trump et de son administration".