Duel de ministres sur des sangliers en surplus

Y a-t-il trop de sangliers en Wallonie ? Le ministre fédéral de l'Agriculture Willy Borsus appelle son homologue wallon René Collin de remédier à une surpopulation généralisée. Ce dernier affirme avoir agi. 
par
Nicolas
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Willy Borsus (MR) s'inquiétait hier dans un communiqué de la surpopulation de sangliers en Région wallonne et exhortait donc René Collin (cdH) à agir. Actuellement en Chine, le ministre wallon n'a pas tardé à réagir, réfutant toute inaction. Les populations de sangliers sont régulées par la chasse et le renforcement de mesures de destruction visant certaines espèces de gibiers, a-t-il fait valoir.

Sur le fond, les agriculteurs et les chasseurs se renvoient aussi la balle.

Un animal saccageur

La prolifération des sangliers a un impact réel sur les cultures et les élevages. Particulièrement saccageur, le sanglier occasionne des dégâts dans les champs mais peut s'avérer aussi vecteur de maladies pour le bétail. Le monde agricole pointe du doigt l'attitude de certains chasseurs qui ne respecteraient leur rôle de régulateur des populations animales. «Les chasseurs se plaignent de la réduction des périodes de chasse. Mais pour le peu de jours qu'il reste, ils s'imposent parfois eux-mêmes des restrictions», relève-t-on à la Fédération wallonne de l'Agriculture (FWA). Des tableaux de chasse seraient particulièrement réduits pour préserver des prises pour l'année suivante. La FWA s'interroge d'ailleurs sur la relative inaction des agents forestiers à ne pas sanctionner ces pratiques.

Une argumentation que l'on réfute dans le camp adverse. Pour les chasseurs, s'il y a plus de sangliers dans les campagnes wallonnes, c'est pour d'autres raisons. Benoît Petit, président du Royal Saint-Hubert Club de Belgique, reconnaît une augmentation des populations de sangliers dans toute l'Europe. Des hivers doux et une fructification forestière accrue participent à réduire la mortalité des animaux et «boostent» même leur reproduction. Quant à l'apparition du sanglier vers des zones agricoles qui n'y étaient pas habituées, il serait dû à un choix politique d'accroître l'accès récréatif à la forêt. Dérangés par les promeneurs les grands animaux partent chercher la quiétude ailleurs. «Les agriculteurs se rendent, malgré eux, complices de l'expansion du sanglier», ajoute le porte-parole des chasseurs. Il pointe notamment les hautes cultures (maïs, colza) qui sont des refuges et «des zones de nourriture énormes».

En baisse en Wallonie

Benoît Petit dit encore une fois comprendre les craintes légitimes du monde agricole. Mais les dégâts seraient en diminution(de plus de 720.000€ en 2013 à quelque 337.000€ en 2015). Notre interlocuteur met aussi en avant une baisse de la population en Wallonie sur base des chiffres de la Division Nature et Forêts: «Après un pic de population prise à plus de 27.000 en 2012, on est en constante diminution depuis lors (17.398 pour 2014, les derniers chiffres complets).»

Chasseurs et agriculteurs veulent alors prendre de la hauteur et refuse de se lancer des accusations généralisées. On s'étonne d'ailleurs de voir ressurgir un débat qui est loin d'être neuf. L'opposition entre les ministres fédéral et régional, rivaux des prochaines communales, serait-il dû à une question de politique locale ? Certains s'étonnent d'ailleurs de voir surgir comme premier duel entre les deux ténors un sujet sur les sangliers plutôt qu'un projet pour Marche-en-Famenne, mayorat qu'ils se disputeront en 2018 (lire ci-dessous). Les sangliers, dindons de la farce? un comble pour un mammifère.

Deux ministres pour un mayorat 

Belga

Pour certains observateurs, l'échange un rien tendu entre Willy Borsus (MR) et René Collin (cdH) à propos de la surpopulation de sanglier anticipe une lutte acharnée pour les prochaines élections communales de 2018. Les dossiers politiques opposant les ministres fédéral et wallon de l'Agriculture risquent de se multiplier dans les mois à venir, les deux rivaux politiques ayant décidé de déménager à Marche-en-Famenne. Willy Borsus, ex-bourgmestre de Somme-Leuze, a acheté une maison à Marche la semaine dernière, tandis que René Collin, ex-bourgmestre d'Erezée, s'y est installé fin 2015 pour y briguer le mayorat.

 

Nicolas Naizy