Le Pride Festival met en lumière la double peine des migrants LGBTQI+

La Belgique est une terre d'asile, y compris pour les personnes homosexuelles et transgenres du monde entier. Pour ces migrants, le défi est d'éviter une double discrimination. Un nécessaire travail de terrain sera mis en avant pendant le Pride Festival qui commence ce mercredi soir.
par
Nicolas
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On compte environ un tiers de pays dans le monde où l'homosexualité est criminalisée. Une majorité de pays bafouent également les droits des personnes trans et intersexuées. Pour de nombreux membres des communautés LGBTQI+ (lesbienne, gay, bi, trans, queer et intersexué, etc.), la seule solution est l'exil.

Pour autant, débarquer en Europe ou en Belgique ne signifie pas la fin du calvaire. Le parcours des migrants LGBTQI+ est particulièrement délicat. C'est comme s'ils subissaient une double peine, celle des préjugés racistes et celle des stigmatisations sexuelles ou de genre.

«Tout l'enjeu est de lutter contre toutes les discriminations et de rappeler l'universalité des droits LGBTQI+», nous explique Joël Le Deroff, administrateur à la RainbowHouse, coupole des associations LGBTQI+ à Bruxelles. Les trois plateformes régionales -RainbowHouse Brussels, Çavaria (Flandre) et Arc-en-ciel Wallonie- réclameront lors du Pride Festival qui s'ouvre aujourd'hui, l'instauration d'une procédure d'asile respectueuse de tous.

Soa de Muse animera un workshop lors du Pride Festival - Ph. Clément Decoster

Sur le terrain

«Lors d'une procédure d'asile, la persécution en raison de l'orientation sexuelle est un motif valide. Mais dans la pratique de certains organismes publics, comme le Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides, la confusion règne.»

L'administration demande en effet au requérant de prouver l'existence d'une persécution afin que son récit soit considéré comme crédible. «Mais cela ne veut pas dire que les administrations doivent vérifier les pratiques sexuelles des personnes», note Joël Le Deroff, rappelant la liberté de chacune et chacun.

Sur le terrain, un travail est déjà mené. À travers le projet «Rainbows United», des associations comme WhyMe, Merhaba et Omnya travaillent à l'accompagnement des migrants LGBTQI- d'Afrique subsaharienne pour la première, du Maghreb et du Moyen Orient pour les deux autres. Souvent démunis, ils hésitent à se tourner vers leur communauté d'origine, où l'homosexualité n'est pas toujours plus acceptée.

À améliorer

Pour garantir un véritable accueil, les agents des services publics doivent être formés aux réalités des minorités sexuelles et de genre, réclament les associations. «En Belgique, le dialogue avec les autorités existe, ce qui n'est pas le cas dans tous les pays européens. Mais nous aimerions élargir les expériences-pilotes qui sont menées actuellement.»

Parmi les revendications du Pride Festival, figurent aussi les améliorations législatives européennes, comme l'établissement de normes minimales d'accueil et d'information aux migrants.

Par ailleurs, la communauté LGBTQI+ a bien conscience qu'une meilleure inclusion de ces personnes sera possible par un combat contre les préjugés racistes, homo- et transphobes qui persistent dans la population, de tout sexe et de tout genre.

Une quinzaine de fiertés affirmées

Pour nous mener jusqu'à la Belgian Pride du 20 mai dans le centre de Bruxelles, le Pride Festival distillera ses revendications au travers d'une foule d'activités culturelles ouvertes à tous. «Lolendo» signifie «fierté» en lingala. Cette exposition regroupe les portraits de Congolais niés dans leur identité par Régis Samba-Kounzin, à voir du 12 au 17 mai au Bronks et à Bozar. Au Bronks du 11 au 13 mai, le Massimadi festival proposera films et documentaires d'Afrique liés aux thèmes LGBTQI. Ateliers sur les codes sociaux du genre, projections, conférences sur l'accueil des migrants LGBTQI+ et performances sont aussi au programme. Ce soir, le coup d'envoi est donné avec le vernissage de l'exposition «Borderlines», incursion onirique dans le monde des drag queens. Des activités sont aussi prévues en Flandre et en Wallonie.

 

Nicolas Naizy