Le MMA belge encaisse les clichés sans vaciller

Populaire mais controversé, le MMA séduit un nombre croissant de partisans à travers le monde. À l'heure où la France a durci le ton face à la discipline, la Belgique montre, a contrario, des signes d'ouverture.
par
Gaetan
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Sport-business Outre-Atlantique, le MMA (ou arts martiaux mixtes qui combinent plusieurs sports de combats) connaît une acceptation grandissante en Europe où seules la Norvège et la France combattent son expansion. Récemment, Paris a érigé trois interdictions qui seront fatales au développement de la discipline dans l'Hexagone.

 

À l'avenir, «les coups portés à l'adversaire au sol et l'usage des coudes pour frapper» seront prohibés et les athlètes auront «l'obligation de combattre sur un tapis ou à l'intérieur d'un ring». L'octogone (ou la cage) est donc de facto non autorisé. Un non-sens pour les pratiquants qui justifient son utilisation pour l'intégrité des combattants.

La Belgique s'ouvre progressivement

Hasard des agendas: au moment où la France durcit le ton, la Belgique semble changer son fusil d'épaule. Le 29 octobre 2016 à Mont-Saint-Guibert, le gala de «360 Promotion» a charmé les autorités politiques et sportives (ADEPS) tant par son organisation que par le spectacle proposé. Et après le succès de la première édition «Genesis», cette structure a organisé ce 8 avril un second événement nommé «Volition».

Percussions, grappling, soumissions. Les combattants amateurs comme professionnels ont étalé un arsenal technique impressionnant pour offrir un nouvel événement d'ampleur et de qualité dans le milieu martial belge.

Mais surtout, le gala était supervisé par l'inspecteur de l'Adeps Thierry Bury. Chargé d'en vérifier les normes légales -«toutes en ordre»-, l'inspecteur a remis un «rapport positif à sa hiérarchie». De quoi prophétiser une évolution des pratiques belges à la faveur de ce sport controversé et souvent décrié pour sa brutalité.

Photo Loic Dehogne

Dernière preuve de l'ouverture des mentalités dans un milieu presque exclusivement masculin, le «Main Event» de la soirée «Volition» mettait aux prises deux femmes, dont notre talentueuse compatriote Griet Eeckhout.

 

 

Le graal de la reconnaissance

Crowdfunding, investissement personnel, financements glanés auprès de sponsors : La loi de la débrouille a primé pour édifier une compétition qui n'a au final rien à envier aux ténors du genre et qui entend à termes offrir une nouvelle vitrine aux sportifs noirs-jaunes-rouges. Car si la Belgique regorge d'athlètes talentueux, ils filent généralement à l'étranger pour poursuivre leur carrière, à l'image de Tarec Saffiedine, Samir Mrabet ou Cindy Dandois. «Pour le moment, ceux qui restent en Belgique, c'est qu'ils veulent en faire une passion, pas un métier», nous glisse l'organisateur Christopher Genachte.

Photo Loic Dehogne

Cette situation pourrait changer parce que pour la première fois, les autorités publiques (wallonnes dans ce cas) ont financé l'événement, via le sponsoring d'Infrasports. Plus que ces subsides, la nouvelle promotion espère que l'état reconnaisse les fédérations belges (dont la fédération francophone BMMAF, chapeautée par Ludovic Boulvin), «seules structures capables de contrôler ce qui se passe sur l'ensemble du territoire et d'éviter les débordements». Mais cette reconnaissance doit encore être actée par le «décret Sports/Santé» et les pouvoirs publics tardent à aborder la question.

Ph. Loic Dehogne

A l'heure où les nouveaux sports de combat subissent toujours la loi de l'ancienneté en Belgique, «360 Promotion» s'est imposé comme un nouveau tremplin pour les pépites du MMA au plat pays. La jeune structure ambitionne à termes d'encadrer quatre événements sur un an. Reste à voir si les champions garderont leurs ceintures face à une concurrence qui s'élargira à d'autres pays.

 

Gaëtan Gras