En Grande-Bretagne, des chercheurs veulent répertorier les odeurs du passé

Inspiré par l'odeur du papier ancien, deux scientifiques britanniques cherchent à répertorier les odeurs du passé en commençant par un majestueux château du XVe siècle dans le but de les préserver pour la postérité.
par
Laura
Temps de lecture 2 min.

A Knole House, où l'auteure Vita Sackville-West a passé son enfance, dans le sud-est de l'Angleterre, les deux scientifiques ont capturé les odeurs des livres, de gants, de disques 33 tours et même de la cire des parquets.

Des odeurs à "la valeur culturelle"

Pour analyser les odeurs, ils ont procédé à une extraction des notes volatiles et à une analyse par chromatographie qui permet de séparer les différentes substances présentes.

"Les odeurs nous aident à nous relier à l'histoire de manière plus humaine", a déclaré Cecilia Bembibre, étudiante en doctorat de l'University College London qui travaille sur ce projet avec le chimiste Matija Strlic.

L'objectif de leurs recherches est d'identifier les odeurs qui ont une "valeur culturelle" ainsi que "les façons de les répertorier et, espérons, de les préserver", a expliqué à l'AFP l'étudiante.

Description des odeurs

Matija Strlic et Cecilia Bembibre ont publié vendredi un article dans le journal académique Heritage Science sur l'odeur du papier. On y trouve un sondage auprès des visiteurs d'une galerie de Birmingham (centre de l'Angleterre) qui ont commenté cette odeur.

Sans savoir ce qu'ils sentaient, les sondés ont principalement utilisé les mots "chocolat", "bois" et "café" pour décrire l'odeur. Parmi les termes les plus surprenants utilisés figurent "chaussettes", "encens" et "ferme". Ils ont également sondé les visiteurs de la bibliothèque de la cathédrale St Paul, datant du XVIIIe siècle, qui ont utilisé les mots "boisé", "moisi" et "sucré" pour décrire l'odeur des livres.

Expérience olfactive 

A l'origine de sa démarche, Matija Strlic a expliqué avoir été inspiré, il y a une dizaine d'années, en voyant les conservateurs de livres anciens sentir les pages pour voir si les ouvrages se dégradaient.

Il estime ainsi que ses travaux pourraient être utilisés par des conservateurs pour détecter les signes de dégradation des livres dans les bibliothèques. Cela pourrait aussi permettre de créer des archives d'odeurs historiques ou d'inclure une expérience olfactive lors des visites de musées.

Ainsi, des odeurs spécifiques risquant de disparaître pourraient être préservées. "Pourquoi pas celle du métro de Londres? Ça ne sent peut-être pas particulièrement bon mais c'est une odeur très familière pour nous", a-t-il relevé.