Les médicaments génériques, véritable aubaine?

À l'heure ou le lobby des médicaments génériques estime que ces copies ont permis à l'Inami d'économiser 68 millions € par an, il convient de rappeler que ces médicaments diffèrent quelque peu des originaux qu'ils calquent.
par
Gaetan
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La FeBelGen, l'association qui regroupe les sociétés de médicaments génériques et biosimilaires établies en Belgique, annonce en grande pompe que la mise sur le marché de 15 nouveaux médicaments génériques en 2015 et 2016 a permis à l'Inami une économie de 68 millions € en base annuelle.

AFP / ERIC PIERMONT

En 2017, les génériques feront économiser 1,7 milliard, a calculé le lobby. Chaque année, l'Institut national d'assurance maladie-invalidité (Inami) consacre un budget d'environ 4,1 milliards € au remboursement des médicaments.

Les médecins en sont malades

La ministre de la Santé Maggie De Block a acté son soutien aux génériques en forçant leur prescription. Depuis janvier 2017, les médecins sont tenus de respecter des prescriptions d'au moins 60% de médicaments labellisés ‘bon marché', contre 50% auparavant.

Une aberration pour certains praticiens qui, outre les sanctions administratives potentielles, dénoncent le paradoxe qui entoure cette mesure. «Le Sintrom et l'aspirine sont des médicaments qui ne coûtent pas cher, ni au patient ni à la collectivité, mais qui ne font pas partie de la catégorie ‘bon marché'. Quand j'analyse mon ‘profil-prescription', ces médicaments qui n'ont pas de génériques sont les plus populaires, ce qui rend compliqué de respecter les quotas.», nous explique le Docteur Luc Herry, également trésorier de l'ABSYM (Association belge des syndicaux médicaux). «De plus, les nouveaux médicaments, à la pointe en matière de traitement, ne rentrent pas dans cette catégorie ‘bon marché'», enchaîne le praticien qui plaide pour un quota de génériques par catégorie de pathologies.

Les pharmaciens serrent les dents

Évidemment, le secteur pharmaceutique grince aussi des dents. Pour ne pas encaisser frontalement la concurrence, les firmes qui développent un médicament s'engouffrent généralement dans la production de son générique. En troquant certaines molécules pour des matières meilleur marché, elles réalisent des bénéfices censés compenser les pertes dues aux baisses des ventes des médicaments originaux, détaille le pharmacien d'industrie Florestan Bunel.

Les géants de l'industrie dépensent des fortunes dans la recherche et le développement, les tests cliniques, et le dépôt d'un médicament sur le marché, insiste notre interlocuteur qui précise que les excipients différents des génériques peuvent aussi jouer sur le principe actif d'une molécule.

La pression des États

Depuis plusieurs années, l'Europe et ses États membres exercent une pression sur le secteur pharmaceutique pour garantir à ses concitoyens un accès universel et abordable aux soins de santé.

Au début du mois, le Parlement européen a encore demandé une baisse des prix des médicaments et une réduction de la facture pour le contribuable. Si les autorités comprennent les coûts liés à la recherche, elles en dénoncent les répercussions «exagérées» sur les prix.

Si le lobby des génériques souligne les économies réalisées par l'Inami, rappelons que des fonds publics cofinancent les recherches des groupes pharmaceutiques. reste à savoir si les pertes et les dépenses sont à l'équilibre?

Qu'est ce qu'un générique?

Composition Un médicament générique contient le même principe actif que le médicament de marque mais les excipients diffèrent. Ces excipients ou agents d'enrobage prennent la forme de sucre, de colorant ou d'autres composés qui déterminent le goût de comprimé ou en contrôlent la dissolution pour exercer une action ciblée.

Autorisation Après avoir passé des tests de bio-équivalence, un générique peut être commercialisé après l'expiration du brevet sur le médicament original qui équivaut à 10-15 ans. Mais, contrairement aux médicaments originaux, les génériques ne sont pas soumis à des tests cliniques.

Prescription Depuis janvier 2017, les médecins doivent prescrire 60% de médicaments «bon marché». Près de 98% des génériques tombent dans cette catégorie, contre 25% des médicaments de marque.

Augmentation 251 médicaments génériques sont disponibles sur le marché belge et que près de 30 nouveaux devraient encore arriver cette année.

Gaëtan Gras