Attentats du 22 mars : des traces à conserver

Des milliers de messages de soutien et d'hommage aux victimes des attentats ont été déposés sur le parvis de la Bourse de Bruxelles aux lendemains des événements. Les Archives de la Ville de Bruxelles se chargent de préserver cette mémoire de moments qui font partie de l'histoire de la ville et du pays.
par
Nicolas
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Ce fut un mouvement spontané. Quelques heures après les attentats, le cœur de la ville s'est transformé en un lieu de recueillement universel. Pendant plusieurs semaines, les escaliers et l'espace récemment piétonnisé devant la Bourse a recueilli fleurs, messages, bougies, peluches et toute marque de soutien et d'hommage aux victimes. Des rassemblements se sont improvisés, d'autres plus officiels s'y sont tenus. Cette communion areligieuse et multiculturelle ne pouvait disparaître.

Les Archives de la Ville de Bruxelles ont ramassé la plupart de ces traces d'une douleur partagée. « Tous les témoignages sont conservés ici aux archives », nous explique Frédéric Boquet, archiviste en chef de l'institution communale. « Nous avons récolté ceux déposés à la Bourse mais ceux de Maelbeek également. Nous les avons fait sécher. Nous les avons mis en boîte. Nous avons attaqué ensuite un nettoyage et nous avons entamé leur numérisation. »

Ph. Archives de la Ville de Bruxelles

L'idée vient de la Ville. « Dès le 22 mars, on a vu que des messages étaient déposés dans ces lieux. On s'est alors souvenu que des archivistes étaient intervenus après de tels événements à Londres, à Paris et à New York. » Les équipes des archives ont donc travaillé à ce que ne disparaisse pas ce qui fait désormais partie de la mémoire collective. Cette mémoire est composée de milliers de petits mots dans des langues différentes, reflets de la population de passage en ces heures sombres, de dessins d'enfants, de poèmes,… « Nous avons aussi gardé quelques bougies, des peluches et quelques objets à titre d'exemple. »

Une mémoire collective

Pour Frédéric Boquet, « ces objets historiques », « ces témoignages du temps présent » sont fragiles. Ils sont pris en photo et scannés pour leur conservation et leur consultation future. Ils nous sont utiles, pour ne pas oublier, mais en particulier à celles et ceux qui dans les prochaines années voudront se pencher sur les événements. « C'est une des seules traces directes de l'élan spontané et solidaire qui a accompagné ces attentats. C'est rare. Par exemple, pour un autre traumatisme collectif comme celui que constitue le drame du Heysel, le journaliste ou l'historien devra se tourner vers la presse, mais il n'aura pas de source matérielle directe. »

La numérisation de ces objets a pour but aussi de rendre au public ce qui lui appartient. Les équipes des Archives de Bruxelles réfléchissent à la manière de le faire le plus respectueusement possible, pour éviter un voyeurisme malsain tout en garantissant l'accès à tous à cette mémoire collective.

Nicolas Naizy