Washington interdit ordinateurs et tablettes sur certains vols

Les autorités américaines ont interdit d'emporter ordinateurs portables et tablettes en cabine sur les vols de neuf compagnies aériennes en provenance de dix aéroports internationaux de pays arabes et de Turquie, invoquant un risque d'attentats "terroristes".
par
Pierre
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Des compagnies telles que Emirates ou Turkish Airlines opérant des vols directs depuis Dubaï ou Istanbul doivent interdire à leurs passagers d'embarquer avec des appareils électroniques plus gros qu'un téléphone portable.

Tous ces appareils (ordinateurs portables, tablettes, consoles de jeux, liseuses, lecteurs de DVD, appareils photos...) devront être placés dans les bagages en soute des avions, ont indiqué des responsables américains.

"L'examen de renseignements indique que des groupes terroristes continuent de viser le transport aérien et cherchent de nouvelles méthodes pour perpétrer leurs attentats, comme dissimuler des explosifs dans des biens de consommation", a expliqué l'un d'eux.

"Sur la base de ces informations", le secrétaire à la Sécurité intérieure John Kelly a "décidé qu'il était nécessaire de renforcer les procédures de sécurité pour les passagers au départ direct de certains aéroports et à destination des Etats-Unis", a ajouté un autre responsable, sans dire de quels renseignements précis Washington disposait.

Ce seront au total une cinquantaine de vols quotidiens de neuf compagnies aériennes (Royal Jordanian, EgyptAir, Turkish Airlines, Saudi Airlines, Kuwait Airways, Royal Air Maroc, Qatar Airways, Emirates et Etihad Airways) qui seront affectés au départ de dix aéroports internationaux: Amman, Le Caire, Istanbul, Jeddah, Ryad, Koweït, Doha, Dubaï, Abou Dhabi et Casablanca.

Huit pays concernés

Huit pays sont donc concernés, tous alliés ou partenaires des Etats-Unis: la Jordanie, l'Egypte, la Turquie, l'Arabie saoudite, le Koweït, le Qatar, les Emirats arabes unis et le Maroc.

"Nous estimons que c'est la bonne chose à faire et aux bons endroits pour assurer la sécurité des voyageurs", a justifié un haut responsable officiel.

Il a invoqué "plusieurs incidents et attentats couronnés de succès contre des passagers et des aéroports ces dernières années", citant l'attaque revendiquée en février 2016 par les islamistes somaliens shebab affiliés à Al-Qaïda: un engin avait explosé à bord d'un Airbus A321 de Daallo Airlines, avec 74 passagers à bord, 15 minutes après le décollage de l'appareil de Mogadiscio, provoquant un trou d'un mètre de diamètre dans son fuselage et tuant le poseur présumé de la bombe.

Une réaction à une menace

Cette interdiction des appareils électroniques plus gros que des smartphones serait liée à une menace provenant du groupe Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), actif au Yémen, a affirmé la télévision CNN, citant un responsable américain.

Le autorités américaines avaient informé au préalable les pays et les compagnies aériennes concernés et certaines avaient dévoilé lundi soir sur Twitter quelques informations à destination de leurs clients.

Les responsables américains n'ont pas donné d'échéance à l'interdiction en cabine des appareils électroniques, mais ils ont prévenu: si les mesures ne sont pas mises en oeuvre, les compagnies aériennes pourraient perdre leurs droits de voler vers les Etats-Unis.

Ankara demande la levée de cette interdiction

Ankara a demandé à Washington de revenir sur cette interdiction de transporter ordinateurs portables et tablettes à bord des avions de la compagnie Turkish Airlines vers les Etats-Unis.

"Nous disons qu'il est nécessaire de revenir en arrière ou d'alléger" cette mesure, a déclaré Ahmet Arslan dans une allocution télévisée. "Ce n'est pas une bonne chose pour notre pays. Et ce n'est pas une bonne chose pour les Etats-Unis", a-t-il ajouté.

"Nous insistons sur le fait qu'il ne faut pas mélanger l'aéroport Atatürk à Istanbul avec les aéroports d'autres pays", a déclaré M. Arslan. "En ce qui concerne cette question, nous prenons déjà toutes les mesures de sécurité", a-t-il ajouté.

Londres va suivre

Londres va suivre la décision des autorités américaines, ont indiqué des sources gouvernementales britanniques.

"Nous avons évidemment accès aux mêmes sources de renseignement que les Américains. Nous allons mettre à jour nos dispositions cet après-midi", a déclaré une de ces sources.