«Un cycliste sur les routes, c'est un automobiliste en moins dans la circulation»

Pour le porte-parole de l'IBSR Benoît Godart, la tendance à la baisse du nombre d'accidents et de tués sur la route est satisfaisante. Toutefois, «il faut enfoncer le clou» et des efforts doivent encore être réalisés, tant par les automobilistes que par les cyclistes.
par
Gaetan
Temps de lecture 1 min.

Y a-t-il vraiment moins d'accidents qu'avant?

BELGA / B. DOPPAGNE

«Le plus important, c'est de regarder le graphique à plus long terme. Et sur les dix-douze dernières années, malgré les coups d'arrêts en 2011 et en 2014, on observe une baisse constante et réjouissante du nombre d'accidents et de tués sur les routes. Une telle tendance s'obtient par la combinaison de plusieurs facteurs. Par exemple aujourd'hui, les voitures sont nettement plus sûres en matière de sécurité passive, ce qui fait qu'il n'y a pas nécessairement beaucoup moins d'accidents mais les conséquences sont nettement moins graves. Deuxièmement, les initiatives de sensibilisation auprès des conducteurs portent leurs fruits. Je pense notamment aux compagnies d'assurances qui récompensent financièrement la bonne conduite des jeunes conducteurs. Ce qui explique la baisse d'accidents et de tués de nuit parmi les jeunes conducteurs. Maintenant, il est vrai que leur façon de sortir a aussi changé. Avant, ils prenaient la route et faisaient 100 km pour sortir le week-end. Aujourd'hui, ils ne cherchent plus à joindre les méga-discothèques mais ils préfèrent les endroits plus petits et plus près de chez eux. Et il y a aussi plus de contrôles qu'il y a dix-douze ans. On sait aujourd'hui que le risque de contrôles d'alcoolémie a été multiplié par deux et demi ces dix dernières années. Et enfin, on a davantage d'infrastructures qui pardonnent les erreurs des conducteurs.»

Pourquoi Bruxelles reste-t-elle la plus mauvaise élève régionale?

«Au niveau du nombre de tués à Bruxelles, on passe de 21 à 11 en une année. Donc les chiffres sont exceptionnels à ce niveau-là. Alors, restons prudents car ce sont de petits chiffres et que chaque accident grave peut avoir des conséquences disproportionnées. Donc à Bruxelles, le nombre d'accidents a augmenté mails il faut aussi penser que le nombre de véhicules ne cesse d'augmenter à la capitale. Les attentats ont joué un rôle car depuis, davantage d'usagers des transports en commun ont pris leur voiture ou leur vélo. Donc il ne faut pas être trop négatif avec Bruxelles.»

BELGA : N. MAETERLINCK

Peut-on dire que la Wallonie, qui a connu de meilleurs chiffres, régresseen la matière?

«De façon générale, les trois régions sont dans une tendance à la baisse du nombre de tués. Certes, la Wallonie a connu de meilleurs résultats mais quand on regarde à plus terme, on voit que la tendance est à la baisse. C'est la deuxième meilleure année pour la Wallonie.»

À quoi vous attendez-vous pour le prochain baromètre annuel?

«C'est simple: Il reste quatre ans pour atteindre l'objectif qui vise à réduire le nombre de tués sur les routes à 400. D'après nos estimations, on tourne actuellement autour des 600 tués (sur place) sur les routes. Un chiffre auquel il faut ajouter ceux qui sont décédés dans les trente jours suivant les accidents. Donc si on est à 640 en 2016, on doit arriver à 420 en 2020. Idéalement, on devrait enregistrer une baisse annuelle du nombre de tués sur les routes de 50-55 tués par an. Donc on a encore beaucoup de pain sur la planche. Il faut encore prendre des mesures pour limiter les accidents des jeunes, des aînés, etc., avec des mesures comme la tolérance zéro pour les jeunes au niveau de l'alcool. On doit enfoncer le clou!»

Dernière question: le nombre d'accidents concernant les cyclistes est en augmentation. À qui la faute? Qui est imprudent ou responsable?

«Attention. Déjà, les chiffres sont différents suivant les régions. Si les accidents augmentent en Flandres et à Bruxelles, il faut mettre ces chiffres en relation avec d'autres données. Le nombre de cyclistes a explosé de 50% à la capitale en un an. Ensuite, la sécurité des cyclistes dépend de deux éléments. Un: l'infrastructure mise à leur disposition. Tout n'est pas rose à Bruxelles mais on a fait d'énormes progrès ces dernières années. Deuxième élément: leur sécurité dépend du comportement. Celui de l'automobiliste qui doit faire preuve de respect et d'empathie. Un cycliste sur les routes, c'est un automobiliste et un véhicule en moins dans la circulation! Donc, tous les automobilistes devraient se réjouir d'avoir un plus grand nombre de cyclistes sur les routes. Et enfin, le comportement du cycliste est extrêmement important. Il faut savoir que 80 à 95% des accidents impliquant des cyclistes sont des incidents où le cycliste est le seul impliqué. Donc là, on doit continuer à insister sur le respect des règles du code de la route. Respect des feux rouges, interdiction de franchir des zones, alterner sur la circulation sur le trottoir, à feux éteints. etc. Les deux groupes doivent doc f aire des efforts.»

BELGA / M. ANCIAUX