Journée des droits des femmes: Une femme doit travailler dix ans en plus pour gagner autant que les hommes

À travail égal, salaire égal? Hélas, la maxime n'est vraie que sur papier. La discrimination à l'emploi et particulièrement à la rémunération a la peau dure en Belgique. Si la situation s'est améliorée ces dernières décennies et que la Belgique fait office de bon élève européen, des efforts restent à faire.
par
Gaetan
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Toutes les organisations qui défendent l'égalité hommes-femmes s'accordent à le dire: les droits socio-économiques en Belgique ont progressé dans le bons sens ces dernières décennies mais la discrimination économico-genrée persiste. Et les efforts réalisés pour l'éradiquer s'essoufflent puisque l'écart salarial entre les hommes et les femmes stagne depuis trois ans.

73 jours en plus

En effet, d'après le dernier rapport cosigné par la FGBT, le mouvement des femmes du sp.a et celui du parti socialiste européen, les femmes empochent toujours 20% de moins que les hommes et il leur faut en moyenne dix ans de carrière supplémentaire pour gagner autant que leurs alter ego masculins.

Les trois coauteurs du rapport développeront cette thématique lors de l'Equal Pay Day le 14 mars prochain, une date choisie en référence au temps que les femmes mettent pour être rémunérées à la même hauteur que les hommes sur un an, soit deux mois et 14 jours ou 73 jours.

Tant ces trois organisations que l'Institut pour l'égalité des femmes et des hommes (IEFH) regrettent que l'écart salarial croupisse aux 20% (arrondi) depuis trois ans au cours desquels seuls quelques points de pourcentage ont été grappillés.

Trop de temps partiel

Alors qu'une part importante de cette différence de rémunérations reste inexplicable, certains facteurs sont quantifiables comme l'âge, l'état civil, le choix des études ou de professions moins valorisées.

Mais la FGTB et l'IEFH insistent particulièrement sur le temps partiel, un secteur où les femmes sont surreprésentées. En effet, près d'une femme active sur deux (45%) opte actuellement pour un temps partiel pour concilier au mieux le travail à la vie familiale, selon les chiffres de l'IEFH. Chez les hommes, ce pourcentage est de 10%.

Savoir reconnaître la discrimination

Face à cette lente évolution, les institutions revendiquent une prise de conscience politique et une utilisation plus accrue des différents leviers et instruments juridiques déjà disponibles.

«Dans la plupart des cas, les femmes qui sont victimes de cette discrimination salariale ne s'en rendent même pas compte car le salaire reste un sujet tabou. Ensuite, l'écart salarial est difficilement mesurable parce qu'il prend différentes formes: les salaires bien sûr mais également les formations, les pensions, les remboursements des déplacements ou les avantages extra-légaux», détaille la porte-parole de l'IEFH Elodie Debrumetz.

L'institut préconise une stratégie à long terme et encourage les dépôts de plaintes de particuliers pour dénoncer cet état de fait. Inutile de dire que, malgré nos efforts, notre société stéréotypée doit encore affronter de nombreux défis.

 

 

Gaëtan Gras