Zaho, une artiste touche-à-tout

Zaho est sur tous les fronts. Après son rôle de la Fée Morgane dans la comédie musicale «La Légende du Roi Arthur» et ses trois titres sur le dernier album de Céline Dion, la Canadienne revient avec un nouveau disque intitulé «Le Monde à l'envers».
par
Laura
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Dix ans de carrière déjà…

«Oui, quand on est artiste c'est énorme. C'est tellement difficile de perdurer, de se réinventer. C'est beaucoup d'émotion d'un coup, on peut être dans une euphorie totale et au fond du trou, dans une déprime indescriptible.»

Que reste-t-il de la Zaho qui a connu le succès avec ‘C'est chelou'?

«Tout. Il y a juste des choses qui se sont additionnées à cette Zaho un peu naïve, plus renfermée qui avait tendance à se protéger. Petit à petit, elle a commencé à s'en foutre, à s'assumer, à se dévoiler et même à embrasser les rencontres.»

Vous composez, écrivez, arrangez et produisez vos disques. Peut-on y voir un besoin de contrôle?

«J'ai bien intégré cette idée qu'on ne contrôle rien dans sa vie mais j'aime diriger. À partir du moment où j'ai quitté l'Algérie pour immigrer au Canada par rapport à des événements que je n'ai pas pu contrôler, et que du jour au lendemain je risquais ma vie, j'ai oublié l'élément de contrôle. Au contraire, pour moi la vie est une aventure. Si je fais autant de choses différentes, c'est parce que j'ai peur de m'ennuyer, je n'ai pas envie de finir aigrie comme certaines personnes que je croise.»

Quand vous chantez du Balavoine, que vous collaborez avec MHD et Black M et que vous écrivez pour Céline Dion, c'est un peu ‘Le monde à l'envers' du coup?

«Exactement. Je veux un peu casser ces codes en me disant que rien n'est impossible. Zaho qui écrit pour Céline Dion, qu'on prend dans une comédie musicale ou qui chante Balavoine, oui, c'est le monde à l'envers. Je pense qu'il n'y a aucune limite et que la volonté est le meilleur des moteurs.»

On écrit de la même manière pour soi que pour les autres?

«On écrit de la même manière que ça soit pour Céline Dion, Chimène Badi ou Christophe Willem. Quand j'écris c'est pour des gens qui m'ont touché humainement, artistiquement. Par contre, ce n'est pas la même chose d'écrire pour les autres que pour soi. Je me mets des barrières, je suis pudique, j'ai l'impression de me mettre à nu, d'être vulnérable. C'est pour ça qu'au début, je me cachais beaucoup derrière des images, des métaphores.»

C'est différent aujourd'hui?

«Sur cet album je dis les choses de manière plus simple, en allant droit au but. J'ose dire que, comme tous les artistes, j'ai peur d'être seule, je me demande si on m'aime pour moi ou mes chansons et ce que je vais laisser derrière moi. Je suis une femme ordinaire avec un rythme de vie qui paraît extraordinaire.»

Vous parlez de l'exil dans ‘Salamalek', c'est une référence à l'actualité ou à votre propre histoire?

«Ça part de mon histoire. Mais j'avoue que ce que je vois à la télé m'influence également. C'était important de montrer que celui qui s'exile va aussi à la rencontre de l'autre. Il n'est pas là pour voler les biens, il veut partager et s'imprégner de ce que sont les autres. Je n'aurais pas grandi et eu cette double culture canado-algérienne si je ne m'étais pas intégrée. Mon expérience légitime que j'en parle.»

Où est votre chez vous de ‘Je rentre a la maison'?

«Là où je me sens aimée, tout simplement. Pendant un show quand on me dit ‘je t'aime' ou quand on croise quelqu'un qui me donne un coup de main sans savoir que je suis Zaho, par exemple.»

Pourtant, vous évoquez également la solitude de la célébrité.

«Toucher les gens me remplit de satisfaction mais des fois vous leur appartenez. On n'a pas le droit d'être un peu mal luné ou d'être malade. Je dois être solide comme un roc tout le temps. C'est bien aussi de rappeler aux gens que l'on est fragile.»

Vous avez déjà eu envie de tout lâcher comme dans ‘On fait semblant'?

«Oui. Quand ça m'arrive, ça veut dire que j'ai besoin de faire autre chose, de me retrouver en famille, de voyager. Je suis une grande amoureuse de sports, je reviens à la nature, aux choses concrètes comme aller au fin fond du Maroc à la frontière mauritanienne, faire du kitesurf avec mon chéri.»

Vous avez préféré garder le titre ‘Je rentre à la maison' plutôt que de le céder à un gros nom américain.

«Oui, j'y tenais trop pour ne pas la garder dans mon album. Mais je suis en très bons termes avec Kanye West, Rihanna et Justin Bieber. Ils sont ouverts pour écouter d'autres morceaux, donc si ça se trouve ça se fera sur autre chose.»

Y a-t-il un artiste avec qui vous souhaiteriez absolument collaborer?

«Un artiste avec qui je kifferais vraiment travailler, c'est Drake. Je pense que nos deux voix peuvent bien se marier.»