Le projet de réintégration des malades fâche employeurs et employés

La ministre de la Santé, Maggie De Block (Open Vld), veut remettre au travail plus rapidement les travailleurs victimes de maladie de longue durée. Sa proposition ne satisfait ni les employeurs, ni les travailleurs.
par
Camille
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Le kern se penche aujourd'hui sur la proposition de Maggie De Block visant à faire pression sur les malades pour qu'ils participent activement à leur retour dans leur entreprise. Le texte prévoit d'imposer une amende aux employeurs qui font peu ou pas d'efforts pour rendre possible le retour d'un travailleur malade. Cette amende pourrait monter à 4.000 € par employé, rapportait hier L'Écho. Les employés eux-mêmes devront également faire des efforts. Les malades de longue durée qui selon les médecins peuvent encore travailler, mais qui contrarient leur réinsertion au travail, peuvent ainsi perdre un quart de leur allocation.

Cette idée ne séduit pas les partenaires sociaux. Du côté des syndicats, on dénonce une mesure budgétaire, qui ne tient pas compte de la situation du travailleur (voir ci-dessous). La réponse n'est pas moins vive chez les employeurs. «Tous les employeurs savent que la réintégration d'un malade de longue durée pose problème parce que pendant l'absence l'entreprise a continué à avancer, le poste du travailleur absent a été remplacé voire modifié et il est dès lors illusoire de penser que l'employeur va pouvoir reprendre un travailleur absent aux mêmes conditions de travail qu'auparavant», pointe le Syndicat des indépendants. Et d'ajouter: «il est inacceptable de sanctionner un employeur sur la question du retour d'un travailleur malade. C'est un aspect sur lequel l'employeur n'a que très peu de prise».

 

Les employeurs s'inquiètent des éventuelles répercussions sur l'entreprise d'une telle mesure. «La réintégration d'un travailleur de longue durée aboutit la plupart du temps à la création d'un nouveau poste par l'employeur», pointe encore le SDI. «Vouloir faire supporter par l'employeur le coût de la non-réintégration d'un malade de longue durée revient à imposer une double peine: celle d'avoir dû remplacer un travailleur absent et de devoir le reprendre quand il est déjà dépassé.»

"C'est une mesure budgétaire"

Le projet de la ministre de la Santé visant à accélérer le retour à l'emploi des malades de longue durée ne satisfait pas les syndicats. Anne Léonard, secrétaire nationale de la CSC, promet de s'opposer à ce texte.

Le projet de la ministre de la Santé visant à accélérer le retour à l'emploi des malades de longue durée ne satisfait pas les syndicats. Anne Léonard, secrétaire nationale de la CSC, promet de s'opposer à ce texte.Que pensez-vous de la proposition de Maggie De Block?

«Cette proposition intervient alors qu'un nouveau texte visant à réintégrer les travailleurs malades vient d'entrée en vigueur. Il résulte d'un accord entre les partenaires sociaux. Il est en application depuis le 1er janvier. Il est donc trop tôt pour réaliser une première évaluation. Mais c'est un texte que nous soutenons, dans la mesure où il offre des opportunités aux travailleurs, à garantir une meilleure intégration. La proposition de la ministre de la Santé représente l'inverse: il s'agit d'une mesure exclusive, qui n'arrange personne. Cette idée n'est avancée que pour des raisons budgétaires.»

En quoi ce nouveau texte ne vous satisfait-il pas?

«Il va pousser les travailleurs à revenir à son poste dans des conditions qui ne sont pas bonnes. Ce n'est bon ni pour lui, ni pour son entreprise. Nous nous opposerons à ce texte.»