Docks Bruxsel tire un bilan

Pour taire les critiques qui pointent une fréquentation peu reluisante, les promoteurs du Docks Bruxsel ont dressé un premier bilan trimestriel optimiste. Au total, près de deux millions de visiteurs auraient franchi ses portes et 67% d'entre eux s'y seraient rendus via une mobilité douce.
par
Gaetan
Temps de lecture 3 min.

Trois mois après son inauguration en grande pompe, le 20 octobre dernier, le centre commercial Docks Bruxsel revendique avoir dépassé le cap des deux millions de visiteurs, d'après son développeur immobilier Equilis. En détail, 30.000 personnes étaient présentes lors de l'ouverture, 200.000 l'avaient visité lors des quatre premiers jours et 700.000 après les deux premières semaines.

Ce chiffre de fréquentation trimestriel, 2.069.166 pour être exact, et les projections estimées entre cinq et six millions de visiteurs par an restent toutefois en deçà des espérances du groupe qui vise un rythme de croisière de 8 millions de visiteurs annuels.

Succès cyclique

Beaucoup se demandent si l'organisation de ce bilan était opportune puisque ces trois premiers mois encore marqués par une peur du public vis-à-vis des espaces fréquentés comprennent aussi les fêtes de fin d'année et les soldes (en moyenne, 18.000 clients ont été comptés par jour).

Equilis et JLL (société immobilière spécialiste des centres commerciaux gèrant Docks) dénoncent le pessimisme d'une presse qui pointe le manque de visiteurs en semaine. Les gestionnaires brandissent des chiffres pour gommer tout scepticisme: la semaine accueillerait 65% des visiteurs contre 35% le week-end.

De l'analyse du premier bilan, il ressort aussi que les 35-44 ans constituent le plus gros de la clientèle (49%), suivi des 25-34 ans (18%). Si le public est majoritairement bruxellois, Docks attire 30% de personnes du Brabant flamand, et 4% seulement du Brabant wallon.

Thierry Debourse, Head of Retail Benelux pour JLL, se réjouit des résultats «en ligne avec les objectifs fixés». «Après l'engouement de la nouveauté survient toujours une descente abyssale avant une lente re-progression. Il faut trois ans pour trouver ses marques», défend-il, arguant que «ces cycles s'observent dans tous les centres commerciaux». Reste donc à fidéliser les clients curieux.

Projet à peaufiner

Docks se félicite de procurer une offre diversifiée qui conjugue commerces, loisirs, bureaux et culture. Dès mai, un espace événementiel, le «Docks Dôme», sera mis sur pied pour attirer un public jeune. Et dès mars, un festival lancera l'ouverture généralisée des restaurants et brasseries. Enfin, la vente du centre commercial, annoncée pour cette année, se précise. Des grands groupes propriétaires de malls en Belgique et des fonds étrangers se seraient déjà manifestés. Reste à les convaincre que Docks est rentable à long terme. Reste aussi, selon les gestionnaires, à trouver un repreneur sur la même longueur d'ondes.

La mobilité douce, une priorité

BELGA /F. DE SMET

Docks a toujours revendiqué faire la part belle à la mobilité douce. Trains, trams, bus, vélos et bientôt bateaux-bus desserviront le site. D'après le bilan, les objectifs ont dépassé les attentes puisque 67% des visiteurs se sont déplacés en transport public, en vélo (1200 entrées et sorties recensées) ou à pied, pour 33% en voitures. Alors que des commerçants regrettent l'absence de métro, les promoteurs admettent devoir améliorer la signalétique aux abords du site, notamment le phasage des feux. La Stib, par la voix de sa porte-parole Cindy Arents, indique qu'une hausse de 4.600 validations quotidienne a été constatée (soit +174% par rapport à la période précédant l'ouverture). Cette envolée s'est ensuite stabilisée à environ 1.600 validations par jour (soit +60%). «Actuellement, notre réseau ne doit pas être augmenté. Les lignes qui passent par Docks sont importantes et variées et sont capables d'absorber le trafic. Nous avons déjà rapproché deux arrêts et nous effectuerons les changements nécessaires lorsque la situation l'exigera, en fonction des nouveaux véhicules et du personnel dont nous disposerons.

 

«Docks peut faire mieux pour les jeunes»

Les jeunes générations qui représentent une faible part de la clientèle de Docks restent une cible prioritaire, d'après Thierry Debourse (JLL).

«Docks peut faire mieux pour les jeunes de 15 à 18 ans qui eux, assurément, se déplaceront via la mobilité douce. Peut-être peut-on envisager que les commerçants et le gestionnaire leur payent une carte pour ‘x' achats. Plusieurs solutions sont à l'étude.»

Concentrez-vous vos efforts sur ce public cible ?

«C'est un des publics cibles parce que c'est un public futur également. Si on parvient à les fidéliser, ce sera une relation durable. Raison pour laquelle nous réfléchissons à utiliser des nouveaux canaux de communications que cette génération utilise plus largement comme les réseaux sociaux. Mais je pense qu'il faut aussi fidéliser la communauté autour du site.»

N'avez-vous pas peur que l'e-commerce bouscule la donne avec ces «digital natives»?

«Effectivement, l'impact des ventes en ligne est grand. Mais de récentes études montrent, et j'ai été étonné par les résultats, que malgré cette évolution, ces générations ne quittent pas les magasins physiques. Ils achèteront en ligne mais ils veulent encore toucher le produit et garder le lien social inhérent à la vente. C'est pourquoi nous restons optimistes.

Gaëtan Gras