Festival d'Angoulême : deux Belges auteurs du meilleur album

Le jury du festival de BD d'Angoulême a fait le pari de l'audace en remettant samedi son Fauve d'Or du meilleur album aux Belges Éric Lambé et Philippe de Pierpont pour leur album au style épuré sur la douleur du deuil, «Paysage après la bataille».
par
Nicolas
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Co-édité par Fremok et Actes Sud, «Paysage après la bataille» est un épais album de 400 pages, impressionnant autant par son thème (la perte et le deuil) que par la qualité graphique qu'il dégage.

Eric Lambé est une figure de proue de la BD belge d'avant-garde. C'est sa quatrième collaboration avec le scénariste Philippe de Pierpont.

Tout en nuance de gris, la couleur perçant parfois cependant avant d'éclater à la fin de l'album, pratiquement sans parole, «Paysage après la bataille» raconte l'histoire d'une femme dévastée par la mort de sa fille. Corps, visages, objets, décors s'entremêlent. On est parfois proche de l'abstraction mais la lecture est d'une fluidité qui ne se dément jamais. Les deux artistes belges ont su rendre quasiment palpable l'absence et la souffrance.

Le palmarès a en revanche ignoré Catherine Meurisse et sa «Légèreté», donnée pour favorite et qui repart sans aucune récompense tout comme Mathieu Bablet ("Shangri-La», Ankama) et Néjib ("Stupor Mundi», Gallimard BD), deux auteurs pourtant salués par la critique.

La bande dessinée asiatique à l'honneur

La bande dessinée asiatique est l'autre grand vainqueur de la soirée. La seule femme distinguée, la Sud-Coréenne Ancco remporte le prix Révélation pour «Mauvaises filles» (Cornélius) tandis que le mangaka japonais Minetarô Mochizuki décroche le prix de la Série pour «Chiisakobé, tome 4"(Le Lézard noir).

Le prix du patrimoine revient au Japonais (décédé il y a 31 ans) Kazuo Kamimura pour «Le club des divorcés» (Kana).

Comme prévu, la cérémonie qui a rendu hommage à Gotlib récemment décédé, a été sobre loin des excès de l'an dernier qui a provoqué la colère des auteurs et des éditeurs.

La cérémonie avait été gâchée il y a un an et jugée «humiliante» par nombre d'auteurs et d'éditeurs après une annonce de prix qui s'était avérée être un canular douteux.

Le jury de sept membres était présidé par l'illustratrice britannique Posy Simmonds, 71 ans, et comprenait notamment Mathias Enard, prix Goncourt 2015.

Valeur reconnu de la BD française, Martin Veyron a reçu le prix spécial du jury pour «Ce qu'il faut de terre à l'homme"(Dargaud).

Cosey reçoit le Grand Prix

Finaliste pour le Fauve d'Or, Emmanuel Guibert ("Martha & Alan, d'après les souvenirs d'Alan Ingram Cope», L'Association) ne figure pas dans le palmarès officiel mais avait déjà reçu mercredi soir le prix René-Goscinny du scénario pour l'ensemble de son œuvre.

Cosey, Grand Prix 2017 - AFP / Y. Bonnet

Le Suisse Cosey a quant à lui été consacré mercredi par le Grand prix d'Angoulême, un des plus prestigieux prix de bande dessinée.

Au total, 66 albums, représentant tous les genres, étaient en lice pour les différents prix du festival.

Un total de 5.305 livres de bande dessinée (dont 3.988 strictes nouveautés) ont été publiés en 2016 dans l'espace francophone européen, soit une hausse de 0,9% par rapport à l'année précédente.

Le festival d'Angoulême s'achève ce dimanche.

Voici le palmarès complet

Meilleur Album : "Paysage après la bataille", d'Eric Lambé et Philippe de Pierpont, éditions FRMK/Actes Sud BD

Prix spécial du jury : "Ce qu'il faut de terre à l'homme", de Martin Veyron, éditions Dargaud

Prix de la série : "Chiisakobé", de Minetaro Mochizuki, éditions Lézard Noir

Prix révélation : "Mauvaises filles", d'Ancco, éditions Cornélius

Prix jeunesse : "La jeunesse de Mickey", de Tébo, éditions Glénat >>> Son interview dans Metro

Prix du Patrimoine : "Le Club des divorcés t. 2", de Kazuo Kamimura, éditions Kana

Prix du Public Cultura : "L'homme qui tua Lucky Luke", de Matthieu Bonhomme, éditions Lucky Comics >>> Metro l'avait rencontré lors de la sortie de l'album.

Prix du Polar SNCF : "L'été Diabolik", de Thierry Smolderen et Antoine Clérisse, éditions Dargaud

Prix René-Goscinny : Emmanuel Guibert