Le jardin revisité de Tanguy Dumortier

Tanguy Dumortier est naturaliste avant d'être journaliste, réalisateur avant d'être présentateur, et il préfère donner de l'information que des leçons.
par
Pierre
Temps de lecture 4 min.

Depuis trois ans, il réalise et présente l'emblématique "Jardin Extraordinaire" sur la Une. Petite interview "nature" pour ce personnage qui l'est tout autant!

Pour réussir, tu as été plutôt caméléon ou têtu comme une mule?

"Je suis têtu comme tout! Mais peut-être qu'il faut un peu des deux. Au début, c'est pas mal d'être caméléon et puis quand on sait ce qu'on veut, on peut être têtu ! Et cette question me donne d'ailleurs l'occasion de préciser qu'on attribue les mauvaises qualités aux caméléons en général. Les chercheurs ont découvert que finalement, le caméléon passe plus de temps à changer d'apparence pour se faire remarquer que pour se fondre dans le paysage."

On entre dans l'année du coq, toi aussi tu te sens comme mission de réveiller les gens?

"Pas du tout. L'écologie, la protection de la nature… c'est une prise de conscience qu'on ne peut prendre à la place de quelqu'un. Moi je ne suis pas un donneur de leçon. Je ne suis pas un militant. Et ce que l'on fait avec nos documentaires, c'est avant tout un spectacle, un divertissement. Mon travail c'est montrer la nature, expliquer la nature et raconter les histoires de ceux qui font la conservation de la nature. La star de l'émission, c'est la nature! Cependant, on produit du divertissement informatif et je pense que s'informer est le premier pas de la prise de conscience. Tu abîimes rarement quelque chose que tu respectes. Mais je pense que notre rôle n'est pas de donner un avis ou de dire quoi penser le dimanche à 20h15… il y a assez de place dans les médias, sur internet par exemple, pour ce genre de contenu."

Le "Jardin Extraordinaire", ça branche toujours les gens?

"Cela intéresse toujours autant, voire plus, puisqu'on a gagné 100.000 téléspectateurs depuis trois ans. La grande force du Jardin c'est, entre autre, que c'est un programme intergénérationnel. Donc, je pense qu'il y a de l'avenir, mais le tout est d'insuffler un peu de modernité, de faire bouger les lignes… D'ailleurs, on a fait un chouette documentaire pour les 50 ans de l'émission où l'on voit clairement qu'elle évolue sans cesse avec les mentalités. Avant, par exemple, on emmenait l'orang-outan en plateau ! Maintenant, c'est la télé qui se déplace dans le monde de l'animal évidemment."

Et toi, quelles lignes as-tu fait bouger?

"On a amorcé un immense changement avec une vraie production de contenu. Avant, on louait, on achetait des documentaires. Maintenant on produit. On est passé de ‘faire ses courses au supermarché' à ‘produire soi-même dans son potager'. Et je pense qu'aujourd'hui, produire, c'est indispensable. C'est notre trésor de guerre. Notre contenu peut être réutilisé, donné en libre accès à des fins pédagogiques, être échangé, vendu… Et finalement, c'est même pas plus cher qu'acheter du contenu extérieur même si à courts termes il faut investir. Et pour moi, c'est génial, parce que ça a toujours été mon métier de produire des documentaires animaliers."

Ton âme d'oiseau migrateur est-elle comblée avec cette émission?

"Comblée? Non… parce qu'on passe peu de temps à chaque endroit. Et moi, j'aime retourner souvent au même endroit. Le voir à différentes saisons, sous différentes facettes… Même si, attention!, on a quand même pas mal de temps pour faire les choses, on est bien lotis. On passe en moyenne deux semaines par tournage, on a huit gros tournages par an. Je suis parti entre quatre à six mois par an."

Et l'herbe est-elle plus verte ailleurs?

"Non, pas forcément. J'ai souvent voyagé loin. On a fait Madagascar dernièrement par exemple et c'était juste merveilleux. Mais il ne faut pas aller loin pour être émerveillé. Là, je reviens des Vosges, c'était super. Plonger dans le Lac de l'Eau d'Heure c'est un très bon souvenir aussi. On a même fait un documentaire sur les terrils derrière le bureau ! On essaye de faire beaucoup d'émissions en Belgique, sur les gens qui travaillent avec les animaux. On vient aussi de faire un tournage sur les loups qui seraient de passage en Belgique."

Lucie Hage

"Le jardin Extraordinaire", le dimanche à 20h20 sur la Une.