La justice européenne recale la garantie d'État pour Arco

La Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) a jugé mercredi que la garantie d'Etat accordée aux coopérants d'Arco constituait une aide d'État contraire au droit de l'Union. Le gouvernement promet une solution en 2017, voire 2018.
par
Nicolas
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Même si l'acquisition d'une part d'une société coopérative par un investisseur est présentée comme un produit d'épargne, elle s'apparente plus à l'achat d'une action qu'à un placement sur un compte bancaire ou à l'acquisition d'une obligation, a argumenté la Cour.

Si la Belgique n'était donc pas tenue d'étendre son système national de garantie des dépôts à cette forme de placement en capital, la directive ne le lui interdisait pas non plus, du moins pour autant que cette extension ne compromette pas l'efficacité de la garantie des dépôts. Mais la garantie Arco constitue une aide d'État. C'est dès lors à bon droit que, en 2014, la Commission européenne l'a qualifiée d'aide d'État illégalement mise à exécution, car non notifiée en temps utile, conclut la CJUE.

Un feuilleton commencé en 2011

Arco est le bras financier désormais en liquidation du Mouvement ouvrier chrétien (MOC en français, ACW en néerlandais). Il constituait l'un des principaux actionnaires du groupe Dexia. En 2011, lors de la débâcle de la banque, le gouvernement Leterme avait accordé une garantie publique de 100.000 € aux quelque 800.000 coopérateurs, en majorité flamands, des sociétés coopératives Arco (Arcopar, Arcofin et Arcoplus). Les autres actionnaires de Dexia, qui avaient vu leur investissement s'évaporer, avaient alors crié à la discrimination.

Considérant que la garantie Arco constituait une aide d'Etat illégale, la Commission européenne avait enjoint à la Belgique de récupérer les avantages qui y étaient liés et de s'abstenir de tout paiement au titre de la garantie. Les trois sociétés coopératives financières ainsi que la Belgique ont saisi le Tribunal de l'Union européenne pour faire annuler cette décision de la Commission. Mais la procédure était suspendue jusqu'à ce que la CJUE rende le présent arrêt.

Les actionnaires Dexia discriminés?

Cet arrêt répond lui-même aux questions préjudicielles posées en février 2015 par la Cour constitutionnelle belge, qui doit se prononcer sur une éventuelle discrimination à l'égard des actionnaires de Dexia qui, au contraire des coopérateurs d'Arco, ne bénéficiaient pas d'une garantie d'Etat. La Cour constitutionnelle, elle-même saisie par des questions préjudicielles du Conseil d'Etat, est à présent liée par les réponses de la CJUE.

Deminor, qui défend plus de 2.000 coopérateurs d'Arco, a rappelé qu'à son estime seule une indemnisation des coopérateurs via un accord à l'amiable dans le cadre d'une procédure judiciaire pouvait constituer une solution juridiquement acceptable.

Un solution d'ici 2018, promet le gouvernement

Le gouvernement fédéral proposera une solution aux coopérants d'Arco pour compenser leurs pertes dans le courant de l'année 2017 ou peut-être 2018, a assuré le vice-premier ministre CD&V Kris Peeters mercredi sur le plateau de la VRT.

"J'espère que dans le courant de l'année 2017, au printemps, nous aurons mis au point un plan B complet",

Kris Peeters, vice-premier CD&V

«J'espère que dans le courant de l'année 2017, au printemps, nous aurons mis au point un plan B complet et dégagé un consensus politique à ce sujet», a affirmé Kris Peeters. «A la suite de quoi les coopérants recevront concrètement dans le courant de 2017, peut-être 2018, la question 'voici la proposition, voulez-vous y faire droit?'." L'Europe demandera sûrement que suffisamment de coopérateurs approuvent la nouvelle solution, a-t-il relevé.

Fin de la semaine dernière, une task force a été mise sur pied sous la direction du cabinet du Premier ministre. Le groupe se réunira mercredi après-midi. Il tiendra évidemment compte de l'arrêt de la CJUE, a précisé Kris Peeters. «Nous devrons avoir la certitude que le plan B tient la route pour l'Europe.»

Le vice-premier ne s'est pas prononcé sur le contenu de ce plan B, mais il a plaidé pour une solution «créative qui vise le moins possible le contribuable».

Beweging.net (ex-ACW, l'équivalent flamand du Mouvement Ouvrier Chrétien, à qui Arco appartenait) a de son côté appelé à donner toutes ses chances à la task force.