Attentat de Bruxelles : Pourquoi Bart De Wever était présent à la réunion de crise ?

Le président de la N-VA Bart de Wever était présent au lendemain des attentats, le 23 mars, à une réunion de crise qui avait lieu au cabinet du ministre de l'Intérieur Jan Jambon, révèle La Libre Belgique sur base d'informations récoltées par Paris Match. "Qu'un président de parti soit également présent à cette même réunion ne l'est pas, et c'est très interpellant», a commenté Gilles Vanden Burre, député fédéral Ecolo et membre de la commission d'enquête. 
par
Maite
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Cette rencontre qui réunissait les hauts responsables de la police, avait pour cadre les ratés dans la transmission des informations entre la Turquie et la Belgique, relativement à l'arrestation en juin 2015 d'Ibrahim El Bakraoui, le futur kamikaze de l'aéroport de Zaventem, à Gaziantep, ville voisine de la frontière syrienne.

Bart de Wever a été invité par Jan Jambon

Une réunion de travail des ministres fédéraux N-VA, dirigée par leur président, se tenait justement ce mercredi-là au cabinet, explique-t-on. C'est à ce moment-là que le président turc Recep Erdogan indiquait que ses services avaient bien communiqué les informations nécessaires sur El Bakraoui en temps voulu. «Sentant que sa responsabilité politique était engagée et qu'il pouvait être amené à démissionner, le ministre aurait cru bon de faire participer Bart De Wever à la discussion, 'bien que ce soit inhabituel'», a justifié le cabinet à Paris Match.

Deux jours après cette réunion, sa démission ayant été refusée, M. Jambon avait incriminé, devant le parlement, l'officier de liaison de la police fédérale à Istanbul, Sébastien Joris, mis hors de cause aujourd'hui grâce à des éléments qui le disculpent.

L'officier de liaison mis en cause par Jan Jambon

Jan Jambon va devoir expliquer lundi aux parlementaires de la commission d'enquête sur les attentats du 22 mars les raisons qui ont motivé l'accusation lancée à l'encontre de l'officier de liaison.

"Qu'un président de parti soit également présent à cette même réunion ne l'est pas, et c'est très interpellant"

«Qu'un Ministre convoque à son cabinet, dès le lendemain des attentats, des responsables des forces de police pour discuter de la situation et des actions à entreprendre , c'est parfaitement normal. Qu'un président de parti soit également présent à cette même réunion ne l'est pas, et c'est très interpellant», a commenté Gilles Vanden Burre, député fédéral Ecolo et membre de la commission d'enquête.

"Interférences politiques"

Ecolo-Groen qui s'exprime par voie de communiqué «avec surprise et inquiétude» sur ces «interférences politiques» sera «très vigilant pour que toute la lumière soit faite sur cette réunion et sur la présence inacceptable du président de la N-VA».

«Nous voulons bien entendre que Bart De Wever était peut-être présent au cabinet de Jan Jambon ce jour-là par un hasard du calendrier. Ce n'est par contre pas par hasard qu'il s'est retrouvé autour de la table, à discuter de sujets qui ne concernent que les responsables des services du ministre de l'Intérieur et les dirigeants de la police fédérale. De tels soupçons d'interférences politiques, sur des sujets aussi graves, ne peuvent être tolérés et nous les condamnons fermement», a conclu Gilles Vanden Burre.

"Cette présence à une réunion d'une telle importance et d'un tel niveau de confidentialité est sans précédent et totalement inacceptable !"

«Cette présence à une réunion d'une telle importance et d'un tel niveau de confidentialité est sans précédent et totalement inacceptable !", s'est indigné le député fédéral cdH Georges Dallemagne. Lundi, «le ministre Jambon devra justifier la présence de son président de parti à cette réunion autrement que par un 'hasard'. Nous devons savoir en quelle qualité et sous quels motifs Bart De Wever y a été invité».

«Un ministre est sous le contrôle du Parlement, pas d'un président de parti. En organisant une telle réunion partisane avec l'état-major de la police sur la gestion post attentats, la N-VA foule aux pieds les principes élémentaires de notre démocratie à un moment crucial de la sécurité du pays», a regretté le cdH.