Trump nomme un ami des pétroliers à la protection de l'environnement

Donald Trump a nommé jeudi à la tête de l'Agence américaine de protection de l'environnement un fervent défenseur du secteur des énergies fossiles désireux de casser les réglementations sur les émissions polluantes, au risque d'anéantir des années d'efforts contre le réchauffement climatique.
par
Laura
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Le futur président des Etats-Unis, attendu jeudi soir dans l'Iowa pour une troisième réunion publique de "remerciements" dans un Etat qui l'a élu, devrait aussi nommer au ministère du Travail le patron d'une chaîne de restauration rapide, Andrew Puzder, ferme opposant au salaire minimum et aux protections des salariés, selon des médias américains.

 

Le nouveau chef de l'Agence de protection de l'environnement (EPA), Scott Pruitt, un républicain de 48 ans, a passé l'essentiel de sa carrière comme ministre de la Justice de l'Oklahoma à se battre contre l'organisation à la tête de laquelle il a été nommé.

Il a mené une bataille judiciaire contre la règlementation de l'EPA visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre des centrales électriques au charbon, en étroite liaison avec le secteur. "Depuis trop longtemps et de manière incontrôlée, l'EPA a dépensé l'argent du contribuable pour un programme anti-énergies qui a détruit des millions d'emplois et nui aussi à nos formidables agriculteurs et beaucoup d'autres entreprises un peu partout", a fait valoir M. Trump.

Retour en arrière sur la question du climat

M. Trump a promis durant sa campagne de défaire les lois et réglementations contre le réchauffement climatique, accusant M. Obama d'avoir déclaré la guerre au charbon, un sujet électoral sensible dans plusieurs Etats.

Il avait même indiqué son intention de retirer les Etats-Unis, deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre après la Chine, de l'accord de Paris sur le climat signé fin 2015 par 192 pays. Or la position du deuxième plus gros pollueur de la planète est cruciale pour que l'accord puisse porter ses fruits. M. Trump a toutefois semblé modérer sa position après son élection, disant au New York Times qu'il "gardait un esprit ouvert" sur le sujet, et reconnaissait "un lien entre les activités humaines et le changement climatique".

 

En campagne, le milliardaire avait qualifié le changement climatique de "canular" inventé par les Chinois, bien que le phénomène soit désormais avéré scientifiquement. M. Trump avait longuement reçu lundi à New York l'ancien vice-président Al Gore, célèbre apôtre de la lutte contre le réchauffement.

Une conversation "intéressante" et "appelée à se poursuivre", a dit Al Gore après son entrevue. Al Gore a aussi rencontré Ivanka Trump, qui pourrait adoucir la position de son père sur ce sujet.

Une bataille écologique devant la justice

La bataille promet donc d'être frontale avec les écologistes, déjà sur le pied de guerre. M. Pruitt s'est engagé à "défaire les régulations fédérales et tout ce que l'administration Obama a accompli sur le front du changement climatique", a déploré jeudi Michael Burger, directeur du Sabin Center sur le climat à l'université Columbia. "Si Trump essaye de revenir sur la lutte contre le changement climatique et la protection de l'environnement, nous le combattrons dans les tribunaux, dans la rue et au Congrès", a promis Michael Brune, qui dirige l'ONG Sierra Club, forte de 2,4 millions de membres.

Pour le sénateur démocrate Bernie Sanders, M. Pruitt non seulement "dit ne pas croire au changement climatique" mais veut aussi "rendre ce pays plus dépendant" des énergies fossiles.

M. Trump a précisé que l'EPA se concentrerait désormais sur la protection de l'air et de l'eau, des projets consensuels mais qui ne sont que deux des nombreuses missions de l'agence. Selon le magnat de l'immobilier, l'abrogation des régulations va créer plus de 500.000 emplois par an et générer 30 milliards de dollars de hausses de salaires.

Des énergies propres au service de l'économie

Pour May Boeve, directrice de l'ONG 350.org, "les énergies propres sont le plus grand créateur potentiel d'emplois au 21e siècle tandis que le changement climatique demeure notre plus grande menace". Outre la nomination de M. Pruitt, les écologistes craignent l'entrée au cabinet de M. Trump du PDG du géant pétrolier ExxonMobil, Rex Tillerson, cité pour devenir chef de la diplomatie américaine. Le nom de l'ancien PDG du groupe automobile Ford, Alan Mulally, circulait aussi jeudi pour ce poste.

En attendant de connaître le nom du futur secrétaire d'Etat, Donald Trump pourrait nommer prochainement comme ministre du Travail Andrew Puzder, patron millionnaire de la chaîne de fast-food CKE Restaurants, qui estime qu'une hausse du salaire minimum génère des pertes d'emplois chez les moins qualifiés et soutient l'abrogation de la réforme de l'assurance-santé Obamacare.