1,4 milliard d'emplois menacés par la disparition des pollinisateurs

À l'heure où l'importance écologique des pollinisateurs pour la biodiversité n'est plus à démontrer, des chercheurs de l'Université de Reading ont évalué l'impact socio-économique de la disparition de ces insectes. Au total, environ 1,4 milliard emplois seraient menacés.
par
Gaetan
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«La sécurité alimentaire et les emplois dans le monde sont en danger, à moins d'une action rapide pour mettre un terme au déclin des pollinisateurs», alarment ces chercheurs du Royaume-Uni à l'origine du rapport publié dans la revue Nature. Les universitaires pointent le manque à gagner de l'extinction de ces insectes dont dépendent quelque 1,4 milliard d'emplois dans le monde (soit un tiers des actifs) et trois quarts des cultures.

Gravement menacés, ces animaux sont les bénéficiaires de campagnes de protection aux quatre coins du globe qui portent leurs fruits mais qui restent insuffisantes. Le secteur agricole est particulièrement attentif à ces mesures, lui dont les recettes sont fortement corrélées à la survie de ces bestioles. Parmi les cultures en lignes de mire, le rapport épingle la plupart des arbres fruitiers, des fruits à coque, des semences et des productions «à forte valeur ajoutée», à l‘image du cacao ou du café.

Hausse des décès

Les conséquences directes des chamboulements qui toucheraient ces pollinisateurs auraient de graves répercussions sur la sécurité alimentaire. Ce type de culture apporte en effet à l'Homme des éléments essentiels à son bien-être comme les vitamines A et C, du calcium et des acides foliques, énumèrent les chercheurs.

D'autant que la perte de ces animaux cruciaux pour biodiversité causerait une «recrudescence substantielle de maladies, générant environ 1,4 million de décès supplémentaires chaque année». Outre l'Homme et ses cultures, les plantes sauvages en prendraient également pour leur compte puisque le rapport estime que plus de 90% des plantes tropicales dépendent de l'activité de ces animaux pollinisateurs.

AFP / S. Al-Doumy

Pas que des abeilles

Lorsqu'on pense à «animal pollinisateur», on songe directement aux abeilles. S'il est vrai que la plupart de ces bêtes sont des insectes (abeilles, bourdons, papillons, guêpes, mouches, etc.), des oiseaux (colibris) et des mammifères (chauve-souris nectarivores, lézards, etc.) font aussi partie de cette faune. Les auteurs du rapport rappellent que parmi ces vertébrés, près d'un sur cinq est menacé d'extinction. Une situation dans laquelle se trouvent également quelque 9% des abeilles -dont 20.000 espèces sont actuellement chargées de polliniser 90% des cultures sur le globe- et des papillons. Les scientifiques préviennent que ce pourcentage pourrait d'ailleurs s'avérer être plus élevé, vu le manque d'études sur les différentes espèces mondiales.

Cela fait plusieurs années que les scientifiques s'inquiètent de l'effondrement de la population mondiale des abeilles qui sont la plupart du temps touchées par des pesticides, des virus ou des champignons. Plus récemment, leurs individus font face à d'autres espèces d'insectes qui s'en nourrissent et déciment des colonies entières. Le 21 novembre, un premier nid de frelons asiatiques a été découvert sur le sol belge. Pour enrailler leur déclin, les chercheurs de Reading préconisent l'instauration de plusieurs mesures agricoles urgentes. Ils recommandent notamment de «remplacer les pesticides par des techniques naturelles, planter des allées de fleurs entre les semences, assurer une rotation des cultures et restaurer des zones de floraison sauvage pour accueillir ces insectes».