Un voyage fictif en train pour apaiser les malades d'Alzheimer

A la maison de retraite de la Treille à Valenciennes, dans le Nord de la France, les patients victimes d'Alzheimer sont invités à prendre place dans un train virtuel. L'objectif de cette expérimentation, déjà en place en Italie, et qui débutera en janvier 2017, est de limiter le risque de fugue chez les malades et d'apaiser leur anxiété. 
par
ThomasW
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Depuis le début du mois d'octobre, la maison de retraite de la Treille à Valenciennes prend des allures de décor de cinéma. Une des salles de l'établissement a été revisitée en gare fictive avec panneaux d'affichage, guichet, banc, horloge.

Un train virtuel pour les malades d'Alzheimer

Les passagers qui prendront place dans ce train virtuel en janvier prochain seront des patients victimes de la maladie d'Alzheimer, accompagnés d'un professionnel soignant de l'établissement.

Des écrans diffuseront des paysages en fonction des saisons et de l'attrait personnel des malades : dans un décor de campagne, ville, ou mer, ces fugues organisées dureront entre 15 à 45 minutes. "L'objectif est de créer un pont émotionnel avec la mémoire", explique Laura Drici, infirmière coordinatrice au sein de la maison de retraite. "On pourra proposer du tricot ou de la lecture à bord du train, pour réactiver un plaisir ancien pour certains patients".

Une thérapie née en Italie

L'Établissement d'hébergement pour personnes âgées (EHPAD) de Valenciennes est la première structure en France à tester cette thérapie du voyage, née il y a cinq ans en Italie. Le but est d'éviter les déambulations des malades qui, incapables de rester en place, peuvent parcourir jusque 10 kilomètres et risquer de se blesser ou se perdre.

"Ce voyage donne l'impression aux résidents de partir et apaise également leur anxiété", comme le relate Laura Drici. "Nous espérons que cette technique, que nous utiliserons comme dérivatif en fonction des besoins du patient, réduise la prise de médicaments et améliore la relation avec l'équipe soignante".

De nombreux effets positifs

À Valenciennes, 10 personnes composant le personnel soignant ont été formées par l'initiateur de ce projet, le docteur Cilesi, médecin dans une unité de vie Alzheimer à Milan (Italie). Après avoir suivi 100 patients embarqués dans ces voyages virtuels, le médecin a constaté une baisse moyenne de 30% des déambulations, ainsi qu'une réduction de 40% des traitements médicamenteux. "Certains patients ont retrouvé le plaisir de manger et voient leurs douleurs chroniques diminuer", précise Laura Drici.

En France, ces tests seront menés auprès de 3 résidents qui ne prennent aucun traitement médicamenteux. Ils dureront 3 mois à partir du mois de janvier, et incluront par la suite un nombre plus large de résidents. Seuls les patients présentant des délires ou hallucinations ainsi que les patients réfractaires à ce mode de transport seront exclus du protocole d'expérimentation.

La Suisse s'intéresse également à cette thérapie. Deux résidences expérimentent actuellement ses effets.