Un autotest VIH pour enrayer le dépistage tardif

Depuis ce mercredi, l'autotest du VIH est disponible en pharmacies. Complémentaire aux autre méthodes de détection de l'infection, il pourrait permettre d'enrayer le haut taux de dépistages tardifs en Belgique.
par
Nicolas
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En Belgique, près de 40% des personnes séropositives ont été détectées tardivement. Pour ces patients, la prise en charge est d'autant plus délicate que le risque de mortalité est 16 fois supérieur à celui d'une personne diagnostiquée précocement. Ces chiffres sont pour le moins inquiétants.

Pourtant, selon le Dr Jean-Christophe Goffard, responsable du centre de référence sida à l'hôpital Erasme, «on peut être catastrophé par les chiffres, mais en réalité on loupe 15% des diagnostics».

Pour ce médecin, il faut multiplier les dépistages et aussi mieux diffuser les informations sur la maladie, encore souvent mal connue du grand public. «Un patient bien traité n'est plus contagieux. Une maman traitée ne transmet plus le virus à son enfant. Le traitement de pré-exposition a démontré son efficacité.»

Accompagné par le pharmacien

C'est donc sur ce terrain que la lutte contre le sida détient une nouvelle arme avec l'autotest disponible depuis hier dans les pharmacies du pays.

Une goutte de sang prélevée au bout de l'index, on l'introduit dans le testeur qui après 15 minutes révélera son résultat. La rapidité du test impressionne autant qu'elle inquiétait jusqu'à il y a peu. Les plus sceptiques craignaient de voir un résultat positif accueilli par le patient sans aucun accompagnement médical et psychologique.

Le rôle du pharmacien est donc valorisé avec la mise sur le marché de ce test. L'Association pharmaceutique belge a développé une formation en e-learning à destination de ses membres. Ce test ne doit pas se prendre à la légère et mérite des explications claires et précises.

L'APB met à la disposition des officines toute l'information pour accompagner le patient avant et après le test, en l'orientant vers les services médicaux et associatifs qui peuvent l'aider en cas de test positif.

Quelques conseils

  • L'autotest n'est véritablement efficace que s'il est effectué trois mois après la prise de risque. En cas de résultat positif, il devra être confirmé par un test classique. Pour rappel, le dépistage sanguin traditionnel peut s'effectuer six semaines après une exposition au VIH. Dans les 72h suivant une relation à risque, un traitement post-exposition existe. Mais le port du préservatif reste la meilleur prévention.
  • Suivez bien les instructions de la notice accompagnant l'autotest, au risque de n'obtenir aucun résultat. Retrouvez ci-dessous la vidéo explicative de l'autotest.

  • Si c'est votre premier test de séropositivité, mieux vaut passer par un médecin pour être accompagné au mieux.
  • L'autotest ne dépiste que le VIH. Il ne détecte pas les autres maladies et infections sexuellement transmissibles (chlamydia, gonorrhées, syphilis) qui connaissent un inquiétant regain ces dernières années .
  • Améliorer l'accès

    Il n'existe en Belgique que trois centres de dépistage gratuits et anonymes (Bruxelles, Liège et Anvers). «Trop peu», estime Thierry Martin de la Plate-forme Prévention Sida. «L'autotest ne va pas révolutionner le dépistage mais il constitue un outil complémentaire» en étant plus largement diffusé sur le territoire, puisqu'il sera disponible dans toutes les officines.

    Le souhait de Thierry Martin est de voir la distribution et l'accompagnement de ces tests par les associations de terrain. Le dépistage démédicalisé est en bonne voie législative. Reste le prix de vente (30€) qui pourrait constituer un frein pour les publics fragiles économiquement.