Au théâtre cette semaine - 22 novembre 2016

par
Nicolas
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Les théâtres proposent une foule de spectacles alléchants en ce moment. Faites votre choix parmi nos propositions.

L'entrée du Christ à Bruxelles

Ca y est, il va venir. On annonce « L'entrée du Christ à Bruxelles ». Quelle joie dans tout le royaume ! Des autorités ecclésiastiques aux pontifes politiques ! Mais la préparation d'un tel événement a de quoi les mettre en émoi. Eric De Staercke, en conférencier échevelé, nous l'explique en plongeant dans l'histoire noir-jaune-rouge et les méandres institutionnels de notre État complexe.

Ph. D. R.

Adapté du roman de Dimitri Verhulst, auteur de  « La merditude des choses », cette chronique acide met au tapis la Belgique de papa et ses hypocrisies tout en se dissimulant derrière une langue et bonhomme. C'est bien là tout le ressort comique de ce monologue efficacement mis en scène par George Lini. Fermez les yeux et c'est tout le folklore belge, comme dans le tableau d'Ensor du même nom du spectacle, qui défile dans la capitale.

Wilderness

Qui n'a pas rêvé d'un jour tout lâcher pour vivre la grande aventure. Une retraite solitaire dans la forêt peut être en effet un moment de reprise de contact avec soi en même temps qu'une fusion avec une nature brute et parfois hostile. C'est ce q'u'a voulu tenter notre héros du jour qui nous propose de vivre cette expérience avec lui.

Ph. Hubert Amiel

La scénographie impressionnante de Boris Dambly convoque une nature rocailleuse et humide dans laquelle nous allons suivre quatre saisons d'une vie sauvage. L'observation se fait au travers d'une vitre comme au observe des insectes dans un terrarium. Seul lien avec la civilisation, un téléphone public au fonctionnement aléatoire, devient le réceptacle du vécu d'un homme qui au fur et à mesure que les rencontres se raréfient et que les éléments se déchaînent.

Un visuel impressionnant donc, à la lumière changeante, mais pour nous parler de quoi? Le metteur en scène Vincent Hennebicq s'inspire d'abord d'un long voyage de son comédien Arieh Worthaler en Amérique du Sud et au Canada pour nous transmettre cette expérience de retour aux sources primaires. On pense au naturaliste Henry David Thoreau, auteur de "Walden ou la vie dans les bois" ou encore à de l'aventure encore plus extrême de Christopher McCandless relatée dans "Into The Wild". Hennebicq cite dans ses recherches l'écologiste radical Edward Abbey qui a traversé en auto-stop les États-Unis d'est en ouest. En effet, "Wilderness" convoque à la fois le romantisme d'un retour à la vie sauvage -américaine, où la frontière est sans cesse repoussée- mais aussi ses limites et  son impact sur le comportement humain. Le délire dans lequel semble sombrer notre héros nous rappelle à quel point l'Homme est un animal social qui se nourrit des autres et non seulement de ses rapports au autres.

Ph. Hubert Amiel

Arieh Worthaler s'investit pleinement dans cette transformation où en plus de ses talents de comédien habité, il prend la guitare qu'il gratte de son blues et de sa folie, renforçant une imagerie tout américaine. Le temps s'écoule lentement -printemps, été, automne, hiver- et le spectacle pêche parfois par un manque de rythme. Mais il réussit à nous faire oublier la rumeur de la ville environnante et nous questionne sur notre identité d'être humain.

Nous sommes les petites filles des sorcières que vous n'avez pas pu brûler

Saviez-vous qu'au-delà du débat d'idée, le combat des suffragettes anglaises au début du 20e siècle fut aussi marqué de violences physiques à l'égard des militantes? Pour les contraindre à abandonner une grève de la faim en 1911, on les gavait de force après les avoir habillées d'une camisole de force. Un scandale qui nous rappelle à quel point la lutte pour l'égalité hommes-femmes a toujours dépassé la galante conversation de salon et a connu la brutalité de la domination masculine.

Ph. D. R.

La metteuse en scène Christine Delmotte ravive ainsi notre mémoire en évoquant quatre moments majeurs de cette bataille des droits: combat pour le droit de vote, le revendication du droit à l'avortement en France en 1971 et son manifeste des 343, l'histoire aussi miraculeuse qu'exemplaire de Malala Yousafzai réclamant un accès à l'éducation équitable pour les filles et en effet les rock n'roll et spectaculaires interventions des Femen en Ukraine.

Ph. D. R.

Un quintet de comédiennes (Sophie Barbi, Daphné D'Heur, Isabelle De Beir, Catherine Decrolier, Mathilde Rault) recompose ses épisodes historiques dans une mise en scène dynamique, aussi ludique que la pièce s'avère didactique. Dans cette petite salle des Martyrs, l'espace réduit du plateau est compensé par l'utilisation de la vidéo pour donner de l'ampleur. Mais la lutte se vit également dans les corps, nous rappelant encore une fois cette volonté de nous raconter une histoire violente. Ils sont au coeur d'un combat qui vise la pleine possession de son être physique. Mais Christine Delmotte souhaite aussi nous interroger sur les causes des combats féministes de demain. La parentalité pourra-t-elle s'affranchir de tout lien biologique et corporel pour les femmes ? La question est lancée en conclusion de ce spectacle, au titre empreint de transmission, qui réjouit par sa fraîcheur mais aussi par sa conscience d'une histoire dure et douloureuse.

Cherche l'amour

Prolongé jusqu'au 4 décembre, le spectacle de Myriam Leroy affiche quasi salle comble. Pour les plus chanceux d'entre vous, voici notre commentaire paru dans Metro le 4 novembre.

Sites de rencontres et applications telles Tinder et Grindr offrent tant de promesses

pour les timides et les marginaux. Pourtant lors de la première rencontre,

la surprise est parfois de taille.

Ph. D. R.

Dans « Cherche l'amour », la journaliste et chroniqueuse et Myriam Leroy passe en revue la rencontre telle qu'elle se conçoit au 21e siècle. Que l'on soit homo ou hétéro, que l'on cherche un coup d'un soir ou pour la vie, que l'on soit là pour pimenter son couple ou s'en défaire, les histoires incarnées par un attachant quatuor nous en disent énormément sur notre époque. De plus, si la plume est caustique, elle n'en est pas moins tendre avec les naufragés de l'amour que nous sommes.