Laurent Gounelle: «Jésus était le pape du développement personnel»

Expert du développement personnel, l'auteur français aux multiples best-sellers invite ses lecteurs à se libérer de leur ego afin de trouver l'épanouissement. Un thème qu'il aborde dans son cinquième roman «Et tu trouveras le trésor qui est en toi» en analysant les préceptes du christianisme, du bouddhisme ou encore du taoïsme.
par
Laura
Temps de lecture 4 min.

Vous abordez aujourd'hui le thème de la spiritualité, c'est un sujet qui vous a demandé deux ans de travail?

«En général, je prends deux ans deux ans et demi entre chaque livre. Mais celui-là m'a demandé plus de travail que les précédents qui sont plus sur le développement personnel, mon domaine. La spiritualité, c'est un centre d'intérêt relativement nouveau pour moi.»

Pourquoi vous tourner vers ce domaine?

«Cela correspond à une évolution naturelle. Je suis sur le chemin de recherche de la sagesse (rire). À un moment donné j'ai été amené à prendre du recul sur le sens de la vie. J'avais une vision plutôt matérialiste au sens philosophique du terme. Un corps pour moi est un ensemble d'atomes. Mais j'ai réalisé à quel point cette vision de la vie était assez pathétique. Si on la voit comme ça, ça veut dire qu'à partir de l'âge de 20 ans on est sur le déclin. Mais si on entrevoit autre chose, même sans certitude, à ce moment-là, c'est tout un univers qui s'ouvre à vous. La vie a un sens différent.»

Comment vous êtes-vous plongé dans l'étude des religions?

«J'ai commencé par le bouddhisme. Sans doute une envie d'exotisme (rire). Ensuite, le taoïsme et je suis venu sur le christianisme vraiment sur le tard. J'ai lu une première fois la Bible il y a cinq ou six ans mais je n'ai pas accroché. Quand je me suis replongé dedans pour préparer ce livre, j'ai découvert une chose qui était totalement passée sous silence. J'avais commencé à voir une différence entre le discours de l'Église et le message de Jésus. Pour moi, son message, qu'on soit chrétien ou non, et même croyant ou pas, a une énorme valeur. Je me suis dit qu'il fallait vraiment le faire passer»

Qu'est-ce qui vous a le plus surpris lors de vos recherches?

«C'est la profondeur et même l'utilité des messages de Jésus. Je disais souvent, de manière provocatrice, ‘Jésus était le pape du développement personnel'. Il donnait des conseils pour que les gens soient heureux et qu'ils vivent pleinement leur vie. C'était une grande surprise parce que je m'attendais à un discours pétri de croyances religieuses obscures. J'ai fait une autre découverte en ayant l'espèce d'intuition qu'il y avait un lien entre les différentes religions, même si elles sont très différentes de prime abord. J'ai trouvé une invitation commune à la libération de l'ego, à toutes nos fausses identités, les représentations erronées que l'on peut faire de soi-même et qui nous éloignent de qui on est. Un discours commun, formulé différemment avec des termes différents.»

C'était important d'évoquer ce lien avec le regain de communautarisme religieux?

«Oui, parce que pour moi le communautarisme religieux est à l'opposé d'une démarche religieuse. La religion vise à vous permettre de vous relier aux autres et à Dieu, si vous y croyez. Mais si vous n'êtes pas suffisamment bien dans votre peau, si vous n'avez pas franchi différentes étapes d'évolution personnelle pour être prêt pour la spiritualité, alors vous allez choper la religion pour assouvir un besoin d'appartenance. Et le but c'est de se libérer de ça. J'ai un ami qui m'a dit un jour: ‘Il n'y a qu'une vérité'. Ça, ce n'est pas une démarche religieuse. Toutes les religions conduisent à la même chose: se libérer de son ego pour laisser émerger ce qu'il y a de meilleur en nous. Le communautarisme, au contraire, vous coupe des autres.»

Est-il possible de faire ce travail sur soi lorsque l'on a baigné dans la religion depuis l'enfance?

«Oui, si l'on est bien entouré. L'objectif de toute démarche spirituelle est d'avancer sur la voie de l'éveil, qui est une métaphore commune à plusieurs spiritualités. C'est très employé par le bouddhisme, l'hindouisme mais aussi par Jésus.»

Il y a beaucoup de métaphores mal interprétées comme ça?

«Oui, une tendance à prendre les paraboles au premier degré. Le nombre de gens qui croient que l'arche de Noé a vraiment existé… (rire).»

Vous évoquez la question de la véritable identité lors du détachement de l'ego. Mais vous, qui êtes-vous vraiment Laurent Gounelle?

«C'est plus facile de dire ce que l'on n'est pas. En général, on répond soit par son nom ou son métier. On peut se définir aussi par ses qualités ou des images de soi. Les femmes, ou les hommes, qui sont dotés d'un physique avantageux essaient d'exister par celui-ci alors que ce n'est qu'un attribut. Ou la possession, comme si notre valeur reposait sur les objets que nous avons, voiture, maison… Alors qui je suis? (rire) Au fond de moi, je pense qu'il y a quelque chose qui est de l'ordre de ‘Dieu', comme au fond de chacun d'entre nous, et qui est relié aux autres.»