VIDEO. Anti-avortement, pro-armes, mur, trois millions d'expulsions... Donald Trump annonce son programme

Le président élu des Etats-Unis Donald Trump a annoncé dimanche la nomination de ses hommes forts dont le chef du parti républicain et promis d'expulser jusqu'à 3 millions d'immigrés clandestins, semblant rompre avec la modération affichée depuis son élection.
par
Laura
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Donald Trump a nommé le président du parti républicain Reince Priebus comme secrétaire général de la Maison Blanche, où il orchestrera toute l'administration du nouveau dirigeant populiste et servira de lien avec les élus et le parti, sorti divisé de la campagne.

M. Priebus, qui fait partie de l'establishment du parti républicain tant décrié par le président élu, entretient d'excellentes relations avec le président de la Chambre des représentants Paul Ryan. Par cette nomination, Donald Trump semble vouloir s'assurer un soutien suffisant au Congrès. Mais il s'est aussi adjoint, et l'a présenté sur un pied d'égalité, un "haut conseiller et chef de la stratégie" en la personne de Stephen Bannon, le directeur général de campagne de Donald Trump et chef du site d'informations ultra-conservateur Breitbart News.

La ligne du futur chef d'orchestre de la Maison Blanche

Dans le communiqué annonçant sa nomination dimanche, M. Priebus indique qu'il va "travailler à créer une économie qui marche pour tout le monde, à sécuriser nos frontières, à abroger et remplacer (la réforme de l'assurance santé) Obamacare et à détruire le terrorisme radical islamique". Le futur chef d'orchestre de la Maison Blanche adopte ainsi une ligne plus dure sur la réforme d'assurance santé Obamacare, qui a permis à 22 millions d'Américains supplémentaires d'avoir une couverture médicale, alors que Donald Trump avait suggéré dans deux interviews qu'elle soit amendée et non entièrement abrogée.

Mur et expulsions en masse

Fidèle à un très controversé voeu de campagne, M. Trump a annoncé, dans un entretien sur CBS, l'expulsion de 2 à 3 millions de personnes, qui sont des "criminels", des personnes ayant des antécédents judiciaires, "qui appartiennent à des gangs" ou sont "des trafiquants de drogue".

Donald Trump a aussi réaffirmé qu'il bâtirait bien "un mur" à la frontière avec le Mexique pour limiter l'immigration clandestine, mais qu'il pourra être constitué aussi bien de briques que de "clôtures". L'ancien chef de la Chambre des représentants Newt Gingrich, cité au poste de secrétaire d'Etat, a suggéré cette semaine que le mur promis par Trump ne serait probablement pas financé par le Mexique mais qu'il avait été "un super outil de campagne". L'annonce des expulsions a généré un couac avec la majorité républicaine.

Interrogé sur la chaîne CNN, le chef de file des républicains à la Chambre des représentants, Paul Ryan, a assuré que Donald Trump ne prévoyait pas de créer des équipes dédiées aux expulsions de clandestins et que la priorité restait la "sécurisation" des frontières. Ce raté a passablement plombé les efforts de Paul Ryan pour rassurer, lors de cet entretien, sur les intentions du nouveau président.

Anti-avortement et pro-armes

Le président élu des Etats-Unis Donald Trump a également adressé des signaux contrastés sur les sujets de société, réaffirmant ses convictions anti-avortement et pro-armes à feu mais disant accepter le mariage homosexuel.

Lors de cet entretien télévisé, le président élu a confirmé qu'il nommerait à la cour suprême des juges anti-avortement et favorables au port d'armes à feu. Donald Trump va devoir nommer un juge à la Cour suprême car un siège est actuellement vacant. Mais il pourrait procéder au cours de son mandat à d'autres nominations en cas de décès ou de départ en retraite d'autres juges.  La Cour suprême, dont le pouvoir sur les questions de société est déterminant, pourrait ainsi prendre une coloration très conservatrice.

Pas de remise en cause du mariage homosexuel

En revanche, le président républicain n'a pas l'intention d'oeuvrer à une remise en cause du mariage homosexuel. Il a rappelé que la Cour suprême avait statué sur le sujet. "C'est la loi (...) Cela me convient", a-t-il dit. Dans une décision de juin 2015, la Cour suprême avait affirmé le droit au mariage pour les personnes de même sexe. Elu sur un programme populiste de rejet des élites, Donald Trump a annoncé au cours de cette interview qu'il renonçait à sa rémunération de président, qui se monte à environ 400.000 dollars par an.

Calmer les esprits

Au cours de cet entretien diffusé par la chaîne CBS, Donald Trump a souhaité aussi calmer les tensions qui traversent le pays depuis son élection. "N'ayez pas peur. Nous allons rétablir notre pays", a-t-il lancé aux milliers de manifestants qui le défient quotidiennement dans plusieurs villes des Etats-Unis.

Il a également condamné des actes de violence et de harcèlement contre des minorités (musulmans, noirs ou hispaniques) qui, selon l'opposition démocrate et des associations, se seraient multipliés depuis son élection. "Je suis si triste d'entendre cela. Et je dis: arrêtez cela. Si cela peut aider, je le dis et je le dis face à la caméra: arrêtez cela".