Donald Trump, l'incontrolable

Excessif, impulsif, sans expérience politique: Donald Trump n'avait au départ aucune des qualités requises pour prétendre entrer à la Maison Blanche. Le bouillonnant candidat républicain défie pourtant les pronostics en faisant jeu égal avec Hillary Clinton dans les sondages.
par
Camille
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Avant de se lancer dans la campagne en juin 2015, Donald Trump était surtout connu pour son immense fortune, les tours, golfs et casinos à son nom, ses divorces dans les tabloïds, et pour être l'animateur star de l'émission de télé-réalité The Apprentice : ce jeu éliminatoire débouchant sur un emploi dans l'empire Trump en avait fait un visage familier dans les foyers américains.

Mais il s'est révélé être un formidable animal politique, héros populiste improbable, promettant de «rendre à l'Amérique sa grandeur». Il ose tout dire, et parfois n'importe quoi. Il cogne là où ça fait mal. Il dénonce «un système truqué», des responsables politiques «corrompus», des médias «qui empoisonnent l'esprit des Américains».

 

Il a des solutions simples à tous les problèmes complexes, veut construire un mur à la frontière mexicaine, payé par le Mexique, pour empêcher l'immigration clandestine. Il parle d'expulser des Etats-Unis les onze millions de clandestins. De faire revenir les emplois partis à l'étranger en renégociant les accords commerciaux internationaux. Face au terrorisme, il veut interdire l'entrée des Etats-Unis aux immigrants de pays à risque, après avoir parlé de refuser tous les musulmans.

Il est arrogant, charismatique, abrupt, parfois drôle. Et même s'il se contredit et s'est montré peu à l'aise sur le fond des dossiers lors des trois débats présidentiels, ses supporters veulent y croire. D'autant que Trump, qui a dépensé 56 millions $ pour sa campagne, leur semble incorruptible face à Hillary Clinton, proche de Wall Street et souvent détestée. Il n'est pas idéologue, démocrate jusqu'en 1987, puis républicain (1987-1999), membre du parti de la Réforme (1999-2001), démocrate (2001-2009), et à nouveau républicain.

 

Durant la campagne, il a insulté les femmes, les musulmans, les Hispaniques, s'est aliéné les Noirs. Jamais avare de provocations, il s'est refusé à dire qu'il reconnaîtrait le résultat de l'élection présidentielle. Mais il a aussi sa part de rêve, sa vie de luxe, sa famille glamour: sa femme Melania, ancienne mannequin de 46 ans qui élève leur fils Barron, 10 ans, loin des projecteurs. Ses enfants adultes, Ivanka, Donald Jr, Eric et Tiffany, présents dans la campagne.

 

 

Quand une dizaine de femmes l'ont accusé de baisers volés et gestes sexuels déplacés, il les a toutes traitées de menteuses.

Né le 14 juin 1946 dans le quartier à l'époque très «blanc» de Jamaica Estates dans le district du Queens (New York), rapidement envoyé dans une école militaire pour tenter de calmer son tempérament volcanique, il est le quatrième de cinq enfants d'un promoteur immobilier new-yorkais.

Sa mère, née Mary McLeod, vient d'Écosse. Son père, Fred Trump, incarne le rêve américain: né à New York d'un père arrivé d'Allemagne sur un bateau à vapeur, entrepreneur immobilier, il «travaillait dur» et «avait contribué à développer le quartier» de Jamaica Estates en y construisant de nombreuses maisons. Il initie Donald à l'immobilier en l'emmenant très vite dans ses tournées. Et instille en lui un goût de la compétition qui ne le lâchera plus. Mary Trump, au contraire, aime les mondanités et le grandiose. C'est en partie d'elle, dira-t-il ensuite, qu'il tient son «sens de la mise en scène».

Il a refusé de publier ses feuilles d'impôt - une tradition pour les candidats à la Maison Blanche -et a reconnu à demi-mots qu'il n'avait pas payé d'impôts fédéraux pendant des années, après avoir déclaré des pertes colossales de 916 millions $ en 1995.