Du crédit d'appel gratuit pour les réfugiés

Un groupe Facebook, créé en février 2016 par un anglais de la région de Norfolk, James Pearce, prend de l'ampleur dans plusieurs pays européens dont la Belgique. Il porte un projet qui redistribue du crédit d'appel téléphonique pour les réfugiés.
par
Gaetan
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Le groupe d'entraide en ligne, qui porte le nom de «Phone credit for refugees & displaced people», a pour premier objectif de «permettre aux réfugiés de rester en contact avec leurs proches en créditant leur téléphone avec un montant mensuel», indique Yoon Daix, un des coadministrateurs du groupe, qui coordonne les demandes belges. Les membres de ce groupe fermé peuvent ainsi répondre directement à une demande d'aide en rechargeant de 20 € le téléphone d'un réfugié dans le besoin.

Mineurs et femmes seules prioritaires

Aziz, un Afghan de 29 ans marié et père de deux enfants restés au pays, vit dans le centre d'accueil pour demandeurs d'asile de la Croix-Rouge à Ans (Liège). «Je ne pourrai jamais oublier la façon dont ma mère a pleuré au téléphone quand elle a entendu le son de ma voix. Elle ne cessait de me répéter qu'elle ne pouvait croire que j'étais en vie», raconte-t-il, après avoir passé plus de cinq mois sans aucune nouvelle de ses proches.

Avec près de 24.000 membres, qu'ils soient réfugiés ou donateurs, le groupe a déjà distribué l'équivalent de £140.000, soit 155.491 €. «Une priorité est donnée aux mineurs non accompagnés ainsi qu'aux femmes seules, qui représentent environ 25% des demandes traitées», explique Yoon Daix, qui consacre bénévolement plusieurs heures par jour au traitement des requêtes. Les demandeurs sont Afghans, Pakistanais, Soudanais, Irakiens, Syriens, Iraniens.

Calais en demande

Une majorité des demandes provient de la Jungle de Calais, cet immense camp de migrants dans le nord de la France où vivent entre 7.000 et 10.000 migrants dont 1.300 mineurs étrangers non accompagnés (Mena) et qui est promis à un démantèlement prochain, avec un risque de voir des jeunes disparaître. Raison pour laquelle le groupe «Phone credit for refugees & displaced people» s'est récemment lancé le défi de «garantir à chaque réfugié évacué la possibilité de pouvoir utiliser son téléphone pour rester en contact avec ses proches mais également de pouvoir appeler à l'aide en cas de danger.» «Pour les migrants à Calais, la connexion 3G leur permet aussi de se géolocaliser, ce qui peut leur sauver la vie lors de leurs dangereuses tentatives de traverser la Manche clandestinement», explique encore Yoon Daix.

En Belgique, de plus en plus de réfugiés font appel à «Phone credit for refugees & displaced people». «Les recharges se font à 99% sur le réseau Lycamobile. Au niveau de la sécurité, nous procédons à une série de vérifications afin d'éviter toute escroquerie. Il m'est difficile d'imaginer comment le groupe va évoluer, il grandit déjà trop vite. Mais je pense que le service offert sera amené à être encore plus étendu géographiquement», souligne le coadministrateur belge. Au Royaume-Uni, le groupe est entre-temps devenu une organisation caritative reconnue.