Un tweet à l'origine d'un million de témoignages sur les violences sexuelles

Un tweet a tout déclenché: lorsque l'auteure Kelly Oxford a invité ses près de 750.000 abonnés sur Twitter à partager leur expérience d'agressions sexuelles, elle a ouvert les vannes d'un torrent de témoignages sur un sujet explosif aux Etats-Unis.
par
ThomasW
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«Femmes, tweetez-moi vos premières agressions. Ce ne sont pas que des statistiques. Je commence moi-même: un vieil homme dans le bus m'attrape la 'chatte' et me sourit, j'ai 12 ans".

C'est avec ce message que la blogueuse canadienne installée à Los Angeles et vedette d'internet, a donné le top départ vers 22 heures vendredi. Soit quelques heures après la diffusion d'une vidéo de 2005 dans laquelle le candidat républicain à la Maison Blanche Donald Trump --déjà en difficulté chez les électrices pour des commentaires désobligeants sur des femmes-- est enregistré parlant en termes grossiers des femmes qu'il convoite. Il se vante notamment de pouvoir «faire ce qu'(il) veut», parce qu'il est célèbre.

Une heure plus tard, la Canadienne de 39 ans récoltait déjà des milliers de témoignages et le mot-clé #notokay (pas d'accord) enflammait la toile. Le lendemain, elle exprimait sa surprise face au flux ininterrompu de réponses défilant au rythme de 50 par minute, et dépassant largement le million.

Des messages de femmes surtout qui, parfois en toute pudeur, parfois avec des détails très crus, racontent comment un parent, un ami d'ami, un professeur ou un inconnu ont un jour abusé d'elles. Mais aussi des hommes, victimes eux aussi de violences ou soucieux de prendre leurs distances avec le comportement de M. Trump.

Le rythme s'est ralenti, mais des témoignages arrivent toujours. S'il est trop tôt pour savoir si le républicain pourra remonter la pente après sa chute dans les sondages à cause de la vidéo, cette affaire a attisé un débat au sujet des violences sexuelles qui a pris de l'ampleur aux Etats-Unis ces dernières années.

«Plus on en parle, moins ce sera acceptable»

Delilah Rumburg, présidente du Centre national contre les violences sexuelles, en Pennsylvanie, estime que ces cris du coeur sur les réseaux sociaux «créent une prise de conscience" sur «cet énorme problème de société".

Même si elle doute que cela fasse changer d'avis les électeurs et électrices du milliardaire, elle trouve «très encourageant» que les hommes participent aussi au débat et se désolidarisent de ce type de comportements.

Jean Kilbourne, conférencière connue notamment pour son travail sur l'image des femmes dans la publicité, se félicite elle aussi de la réussite de #notokay. «Pendant des années, toute notre culture nous portait à minimiser ce genre de choses alors qu'elles ont souvent un impact à long terme...c'est extrêmement important de se rendre compte combien de femmes ont eu ce genre d'expériences».

Et d'ajouter en riant: «Finalement, Donald Trump aura quand même réussi à mettre au centre de la campagne un très grave problème».