Après le licenciement, le temps de la reconversion

La cellule de reconversion Arcelor a pris fin le 31 mars dernier, après deux années d'accompagnement. Sur les 809 travailleurs actifs (c'est-à-dire sans les personnes prépensionnées, en incapacité, etc.), 70% ont retrouvé du travail. Environ 30% ont décroché un CDI et un peu moins de 10% ont créé leur propre entreprise. Face au manque d'avenir dans la sidérurgie, les travailleurs n'ont pas eu beaucoup d'autres choix que de repenser leur carrière. 
par
Marketing
Temps de lecture 3 min.

En octobre 2011, ArcelorMittal communique son intention de fermer la phase à chaud liégeoise. Au total, 1.581 travailleurs seront concernés par la procédure de licenciement étalée entre 2012 et 2015. Parmi eux, plus d'un millier seront accompagnés par la cellule de reconversion mise en place par le Forem et les organisations syndicales (FGTB et CSC).

« Le premier travail d'une cellule de reconversion est d'apporter le soutien social dont les travailleurs ont besoin pour surmonter le choc du licenciement », explique François Lemarchal, chef de projet au Forem. Ensuite, le programme des séances collectives s'oriente vers les outils de recherche d'emploi et la connaissance du marché du travail. Un accompagnement individualisé est également proposé pour aider les travailleurs à définir leur nouveau projet professionnel.

La cellule de reconversion est constituée d'une équipe mixte de conseillers du Forem et d'accompagnateurs sociaux, généralement d'anciens délégués syndicaux de l'entreprise, qui ont l'avantage de connaître les travailleurs et leur situation. Didier Smetz, coordinateur des cellules de reconversion pour la FGTB, souligne l'importance d'installer un climat de confiance favorable à la reconversion : « Au départ, les travailleurs étaient méfiants, mais ils ont vite compris l'intérêt des outils qui leur étaient proposés ». Le rôle de l'accompagnement social est aussi d'apporter une aide administrative : « Les travailleurs se retrouvent parfois perdus face à la complexité de certaines réglementations. Ensemble, nous les aidons à y voir plus clair », explique Jos Brouns, coordinateur adjoint des cellules de reconversion pour la CSC.

La question de l'orientation dans le cas de la fermeture d'Arcelor fut particulièrement cruciale. Le secteur de la sidérurgie se porte mal et les compétences acquises par les travailleurs dans l'usine sont difficiles à valoriser sur le marché de l'emploi. « Nous organisons des visites de centres de formation pour présenter les possibilités qui s'offrent à eux. L'implantation de la cellule sur le site du centre de compétences Technifutur constituait un plus », continue François Lemarchal.

Selon les qualifications et les profils, tous n'ont pas eu besoin de la cellule de la même façon. Certains avaient des compétences plus facilement transposables que d'autres. Les plus âgés ont rencontré plus de difficultés pour se réinsérer. Mais au total, ce sont 70% de travailleurs non prépensionnés qui ont retrouvé un emploi grâce à la cellule de reconversion.


« Une opportunité pour un nouveau projet de vie »

Angelo Proto

« Je travaillais depuis 19 ans sur le site de Ferblatil (division de production des laminoirs d'Arcelor-Mittal). Les deux dernières années, je m'étais préparé à la fermeture. Quand je suis arrivé dans la cellule de reconversion, j'ai parlé à ma conseillère de mon projet de vie : l'agroécologie. Elle a cru en mon projet et m'a aidé à le mettre en place. En octobre 2017, au terme d'une longue formation, j'ouvrirai le premier centre de formation en agroécologie de Belgique. Sans l'aide de la cellule de reconversion, ce rêve ne se serait probablement jamais concrétisé. »


« Partager son expertise et l'enseigner »

Eric George

« Après avoir travaillé presque 20 ans chez Arcelor, l'annonce de la fermeture a été un coup dur mais j'étais optimiste car j'avais une idée : devenir enseignant. En arrivant dans la cellule de reconversion, c'était l'inconnu et j'étais sceptique quant à l'aide qu'on allait pouvoir m'apporter. Pourtant, la cellule m'a offert de réelles opportunités : j'ai suivi un perfectionnement en soudure et j'ai entamé une formation en cours du soir pour obtenir mon CAP. Et au final, après un remplacement dans une école de Blegny, Technifutur m'a contacté. Je remplace dorénavant un formateur en soudure. »


 

« De l'ouvrier à l'indépendant »

Bernard Delhaye

« J'ai commencé comme ouvrier chez Cockerill en 1990 et j'étais brigadier électromécanicien au moment de la fermeture d'Arcelor. Quand les choses ont commencé à aller mal pour l'entreprise, je me suis lancé comme indépendant, en parallèle de mon job chez Arcelor. Lors de la fermeture de l'usine, j'ai choisi d'étendre mes activités dans le gardiennage et de lancer ma société ‹ STS security ›. J'ai participé 6 mois à la cellule de reconversion. J'en ai profité pour refaire des formations en gardiennage. Même si la vie d'indépendant n'est pas facile tous les jours, ma société se porte bien. J'emploie par intérim environ 15 anciens collègues qui se sont formés au gardiennage lors de leur passage dans la cellule »


 

L'intervention du Fonds Européen d'ajustement à la mondialisation (FEM)

La Cellule de reconversion Arcelor a pu compter sur le soutien du Fonds Européen d'ajustement à la Mondialisation (FEM), une aide financière de l'Europe pour soutenir la reconversion des travailleurs en cas de licenciements collectifs de plus de 500 travailleurs.

Grâce au FEM, de nombreuses formations sur-mesure ont pu être organisées pour les travailleurs d'Arcelor dans les domaines de la logistique (conducteur de chariot élévateur, opérateur d'entrepôt, pontier...), de la construction (conducteur d'engins de chantier, grutier sur grue auxiliaire, chef de chantier...), de l'industrie (soudeur, frigoriste, électromécanicien, maintenance de panneaux photovoltaïques...) ou encore de l'informatique. Plus de 20.000 heures de formation ont notamment été dispensées par Technifutur.