Le Nord aussi a droit à son commerce équitable

Depuis 40 ans, Oxfam-Magasins du monde pratique un commerce équitable avec les agriculteurs et artisans du Sud. Aujourd'hui, la partition d'un travail décent se joue également avec les producteurs du Nord.
par
Nicolas
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Jusqu'au 15 octobre, la semaine du commerce équitable donnera un coup de projecteur sur un geste devenu quotidien pour de plus en plus de monde: acheter un produit qui respecte les droits de son producteurs. À la tête d'Oxfam-Magasins du Monde, Pierre Santacatterina constate que le concept a dû évoluer avec son temps. «Au départ, le commerce équitable était une façon différente de faire de l'aide au développement», nous explique-t-il. «L'aspect commercial était peut-être moins mis en avant. S'il y a aujourd'huiune évolution, elle porte sur la qualité des produits proposés.»

Après quatre décennies, les produits équitables se retrouvent dans le panier belge (voir ci-contre), ces clients avertis n'en sont pas moins des consommateurs exigeants. Pierre Santacatterina en a bien conscience : «On propose une alternative au consommateur. Pour que celle-ci soit viable, elle doit être de bonne qualité.» Oxfam a donc fait le ménage dans son catalogue, parce que quand on joue avec les règles du commerce, il faut savoir s'adapter aussi aux goûts du marché, sans perdre son âme. Ce qui ne se fait pas sans une certaine dose de schizophrénie, sourit le patron.

Circuits courts

Autre évolution: la relation avec les producteurs du Nord. L'évolution des rapports commerciaux Nord-Sud et les conséquences d'une mondialisation brutalement ressentie dans les deux hémisphères. La baisse des exploitations familiales face à la montée d'une agriculture intensive est d'actualité. «Dans l'agriculture, il y a un ArcelorMittal par an! Les problèmes dans l'agriculture au Nord comme Sud ont la même origine: un commerce injuste qui crée des inégalités.» Le consommateur concerné se tourne davantage que par le passé vers une alimentation locale.

Oxfam suit la tendance : «On change parce que le monde change», explique Pierre Santacatterina dont l'organisation aujourd'hui introduit dans ses magasins des produits issus de nos contrées afin de soutenir un modèle agricole soutenable. Depuis peu, les bières des Brasseries de la Lesse se retrouvent dans les rayons des magasins Oxfam. Des alternatives, citoyennes notamment, Oxfam continue d'en chercher au travers de sa campagne «Un autre ‘super' marché est possible». L'ONG débattra aussi de ces thèmes de manière conviviale lors des traditionnels petits-déjeuners dans toute la Belgique ces 8 et 9 octobre.

Nicolas Naizy