Une année dans le primaire coûte aux parents plus de 1.000 euros

La Ligue des Familles a sondé 521 familles, pour un total de 996 enfants, pour connaître sur ce que les parents déboursaient en matière de frais de rentrée, de coûts de cantine, de voyages scolaires, etc. Et c'est un fait : la gratuité scolaire, garantie dans la Constitution, est loin d'être une réalité.
par
Nicolas
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Une bonne nouvelle toutefois, le maternel tend vers cette gratuité. Les parents d'un petit bout qui fait ses premiers pas en classe déboursent en moyenne 280 €. Beaucoup moins que ce qui peut être constaté dans les niveaux supérieurs, primaires et secondaires. Dans le fondamental, la moyenne des déclarations des répondants s'établit à 1.225 € par enfant, 1.550 € dans le secondaire général.

Belga / B. Arnold

Un coût exorbitant, selon Delphine Chabbert, secrétaire politique de la Ligue. «La question de l'argent pollue les relations parents-école et la qualité de vie de l'enfant à l'école. Et c'est inacceptable», commente-t-elle. «Notre école en fédération Wallonie-Bruxelles est reconnue comme la plus inégalitaire en Europe. La question de l'argent amplifie cette inégalité. Des enfants sont mis sur le côté.»

Une facture particulièrement salée dans l'enseignement qualifiant

L'enquête de cette année a pu aussi dégager des éléments particulièrement inquiétants concernant le coût de la scolarité d'élèves de l'enseignement technique et professionnel. Pour les parents qui ont répondu à l'enquête, la facture s'élève en moyenne à 2.300 € par an, dont 750 € de matériel spécifique pour les cours pratiques. Une note salée qui varie fortement selon les filières, celles de l'horeca et les artistiques sont particulièrement les plus onéreuses.

Belga / B. Fahy

La Ligue des Familles parle d'ailleurs de « triple peine » qui frappe des filières déjà peu valorisées, dans lesquelles sont relégués par défaut des élèves qui parfois renoncent à leur véritable envie pour une raison purement pécuniaire, les parents ne pouvant pas suivre financièrement. L'association réclame un groupe de travail qui s'attache à cette problématique « pour faire baisser la facture et aller vers la gratuité du matériel ».

Encore et toujours des infractions

Cette enquête ne prétend pas à une analyse précise et scientifique mais « révèle des résultats signifiants », pour reprendre les mots de François Bertrand, responsable du sondage. Mais grâce au soutien du ministère de l'Enseignement, la Ligue pourra mener une étude plus complète et solide statistiquement dès l'année prochaine.

La Ligue dénonce des infractions récurrentes à la législation en vigueur et se plaint notamment de voir des écoles réclamer encore le paiement du journal de classe ou du bulletin, ce qui est tout bonnement interdit.

Belga / B. Arnold

Consciente de cette situation, la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) a réglementé ce qui pouvait être réclamé aux parents pendant l'année. Les directions sont tenues d'informer les parents de ce qui peut leur être réclamé pendant l'année et leur fournir un décompte périodique des frais payés par les parents.

Par ailleurs, certains établissements jouent sur la notion de « frais facultatifs » (activités, achats groupés, etc.) pour augmenter la facture. Ce qui explique aussi une grande disparité entre les écoles (quel que soit le pouvoir organisateur), voire en son sein. « Cette zone grise est une porte ouverte aux irrégularités », déplore Delphine Chabbert et réclame son interdiction pure et simple.

L'exemple flamand

La Ligue des Familles le reconnaît, ce problème des coûts scolaires est son « marronnier ». Mais si elle tape sur le clou, c'est parce que son enquête constate encore trop d'irrégularités. Participante des débats du Pacte pour un Enseignement d'Excellence, elle demande que la gratuité figure au rang des priorités qui seront définies à la rentrée parlementaire par la ministre de l'Enseignement obligatoire Marie-Martine Schyns et l'ensemble du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

« La gratuité, c'est possible ! », répond Delphine Chabbert à la question « qui fait mal » de la capacité budgétaire de la FWB. « Un meilleur financement de l'enseignement passera par l'abandon de pratiques scolaires coûteuses et inefficaces. » Elle cite le redoublement qui coûte 450 millions par an aux pouvoirs publics, mais ne souhaite pas tout réduire à cette seule solution. La Ligue cite aussi l'exemple de la Flandre qui réussit à fournir gratuitement tout le matériel scolaire nécessaire à l'apprentissage. Enfin, des bonnes pratiques existent et des écoles parviennent déjà à la gratuité pleine et entière.

Nicolas Naizy