Journée internationale de la bière : Le Belge préfère ses mousses locales

Quand on parle de bière et des déclinaisons du breuvage qui fait la fierté de son pays, le Belge ne plaisante plus. Outre un chauvinisme exacerbé, il accorde une place croissante au mariage parfait entre de sa chope et ses plats favoris.
par
Gaetan
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À l'heure de fêter la journée internationale de la bière et alors que la notoriété de la culture brassicole belge ne faiblit pas, le marché de la bière s'intensifie et se diversifie au plat pays. Et le Belge en est particulièrement fier, selon une étude réalisée auprès de 2.000 personnes par l'institut iVOX pour la chaîne hôtelière Mercure.

Comparant nos habitudes bibitives à celle des Néerlandais -deux nations friandes de ces boissons-, ce sondage révèle que neuf Belges sur dix préfèrent les produits nationaux à ceux de nos voisins. A contrario, près de la moitié des Néerlandais (45%) admettent opter pour des bières belges.

Autre particularité locale, la culture du bar. Les Belges iront plus facilement s'en jeter une au café (52% contre 39% pour les Néerlandais) tandis que nos voisins en consomment plus volontiers à la maison (77% contre 65% pour les Belges). À l'étranger également, le Belge n'hésite pas à faire la publicité pour le breuvage national.

Si 84% d'entre-deux aiment expérimenter, ils seront seulement 60% à tenter l'expérience d'une bière locale. Quoi qu'il en soit, les deux tiers des consommateurs (65%) s'accordent à dire que rien ne vaut une spéciale noire-jaune-rouge.

Ca mousse différemment

Depuis une vingtaine d'années, les adeptes belges changent de comportements. Avides de justes associations culinaires, le Belge (comme le Néerlandais) porte une attention croissante (60% contre 52%) à accorder correctement sa bière et son repas.

Et le Belge modifie progressivement ses habitudes de consommation. La «pils» reste la bière la plus populaire mais son succès s'étiole au profit des spéciales et des trappistes. Toutefois, ces données diffèrent au nord et au sud du pays. Alors que les néerlandophones privilégient la pils et la triple (respectivement 22% contre 12 et 19% contre 9), les francophones lèvent plus facilement le coude pour une bière fruitée (16% contre 10) ou une spéciale (12% contre 3).

Et là, l'étude tord le cou aux clichés: seule une femme sur cinq se rue sur ces breuvages sucrés. Une seule courbe semble similaire à l'échelle du pays, celle d'une augmentation de consommation (+17%) de pintes. Un phénomène qui touche principalement les jeunes (jusqu'à 35ans).

 

 

«Les microbrasseries sont cruciales»

Unique ‘maître sommelière en bières' féminine du pays, Sofie Vanrafelghem ne tarit pas d'éloges concernant la tradition brassicole belge. Pour cette professeure de zythologie, «notre riche patrimoine» constitue notre meilleur argument de séduction.

«Actuellement, le pays compte quelque 200 brasseries et environ 4.000 bières. C'est beaucoup plus que l'année 2000 et ses 105 brasseries. Toutefois, historiquement, ces données sont à mettre à prendre avec des pincettes car par exemple, avant la Première Guerre Mondiale, 3.500 brasseries fleurissaient sur notre sol. Mais même si cette industrie croit dans d'autres pays comme les États-Unis, la Belgique reste LA référence en la matière.»

Comment analyser la qualité d'une bière?

«Les méthodes d'analyses et de dégustation sont proches de celles du vin mais elles présentent cependant deux grandes différences. Premièrement, le caractère visuel. Un simple coup d'œil à la couleur, à la mousse ou aux bulles de la bière peut nous apporter un grand nombre d'informations. Deuxièmement, le gustatif. Pour les bières, on doit en avaler une petite quantité pour en jauger l'amertume.»

Sur le marché, quel rôle jouent les microbrasseries qui foisonnent actuellement?

«Leur rôle est crucial. Ce sont elles qui expérimentent véritablement de nouvelles recettes. Elles favorisent la création et la multiplication de nouveaux arômes et du coup, augmentent la diversité. En faisant tout cela, ils stimulent le marché et ‘forcent‘ les grandes marques à se renouveler également.»

Avez-vous une bière préférée?

«Ouh, c'est trop difficile de n'en citer qu'une (rires). Mais j'adore les gueuzes à l'ancienne qui ont maturé pendant trois ans. Elles sont magnifiques, très acides et très raffinées.»

Ph. Steven Richardson

 

 

Gaëtan Gras