"Pitch in the Plane": Un concours de start-up organisé dans un.... avion

par
Laura
Temps de lecture 2 min.

"C'est une première mondiale!" Pour promouvoir l'esprit entrepreneurial français et favoriser les contacts entre jeunes pousses et investisseurs, un concours de start-up un peu particulier était organisé lundi dans un avion partant aux Etats-Unis.

Entretiens dans un Boeing 757

Les représentants de six jeunes pousses proposant des choses aussi différentes qu'un Vélib' de la trottinette, une application permettant de transformer une table en écran tactile ou un système de sécurisation des paiements par chaîne de blocs avaient sept minutes pour convaincre les sept membres du jury, en quarante-deux entretiens individuels, à la chaîne, dans les amples fauteuils disposés en quinconce de la première classe.

Première classe ou pas, le couloir d'un Boeing 757 reste relativement étroit, et qui dit première mondiale dit aussi quelques journalistes, et donc des interviews imprévues, des communicants affairés, des caméras dans le chemin, des organisateurs sur le qui-vive, et même des stewards apportant des rafraîchissements. D'où un joyeux désordre... et au final une compétition transatlantique plutôt détendue.

"Pitch in the Plane"

Fort heureusement, tout le monde a pu «pitcher» -se raconter pour tenter d'emporter l'adhésion- avant les fortes turbulences de l'arrivée sur l'Amérique. "Ce n'était pas vraiment le pitch habituel des concours de start-up, il y a tout de suite eu un échange", se réjouit Polina Mikhaylova, cofondatrice de la start-up strasbourgeoise Samocat, regrettant quand même un peu de n'avoir pas pu déployer la trottinette qu'elle avait pourtant pu emporter à bord. Car sept minutes, c'est beaucoup dans l'univers des compétitions entre jeunes entrepreneurs où les présentations sont souvent très, très brèves.

Dans la lignée de tout un tas de concours de start-up plus ou moins imaginatifs -dans un ascenseur ou une fausse camionnette à frites-, le «Pitch in the Plane» avait pour but de marquer le coup avant l'ouverture de La French Touch Conference, un rendez-vous destiné à promouvoir la créativité des entrepreneurs français, organisée mardi et mercredi à New York. A gagner: un «soutien à la fois financier et opérationnel» des partenaires (Bpifrance, Idinvest Partners, Jade Associates et Orrick) et un an de voyages entre Paris et New York, pour faciliter l'arrivée sur le marché américain.

Créer du réseau dans le ciel

"C'est bien parce que ça permet de mobiliser tout l'écosystème -des entrepreneurs, des financiers, des politiques, des journalistes...- pour dire qu'il se passe des choses dans le monde des start-up", s'enthousiasme Benoist Grossmann, associé du fonds Idinvest Partners, et membre du jury. "Il y a dix ans, on ne finançait pas des petits jeunes de 24 ans qui sortent de l'école", remarque-t-il, bien décidé à revoir certains des candidats. "Finalement, toutes ces heures passées sans se parler dans un avion peuvent aussi bien être utilisées à créer du réseau", approuve la secrétaire d'Etat au Numérique Axelle Lemaire, consacrée «marraine de la French Touch». "Les start-up ont un très fort besoin de visibilité, justement parce qu'elles évoluent dans un environnement qui est en apparence très favorable, alors qu'en réalité ça reste souvent le parcours du combattant de démarcher un client ou obtenir un financement", a-t-elle dit à l'AFP.

Prochaine étape dans une fusée

Présente dans l'avion, la secrétaire d'Etat a fini par se joindre à un juré pour cuisiner quelques candidats. En anglais. "La prochaine fois, ça sera une fusée spatiale", a-t-elle lancé, se demandant quelle formule trouver désormais pour renouveler le genre. En attendant ce «Pitch in the Rocket», c'est bien un concept destiné aux avions qui a remporté le prix: des lunettes permettant aux passagers de s'isoler pour regarder des films en haute définition, y compris en 3D.

Alors que la plupart de ses concurrents en sont encore à un stade assez précoce de leur projet, le vainqueur Skylights a déjà bien avancé. "On a neuf compagnies aériennes qui volent avec notre système, six en test et trois en phase de déploiement" (dont la française XL Airways et la turque Onur Air), indique son patron David Dicko, un ancien pilote. "Je pense qu'on a trouvé la dixième", ajoute-t-il. Car le «speed dating» au-dessus des nuages lui a aussi permis de rencontrer Patrick Malval, le directeur général d'OpenSkies. La petite compagnie française, filiale de British Airways qui relie paris à New York, était le principal sponsor du «Pitch in the Plane».