Le Royaume-Uni et ses régions à l'heure du choix

par
Gaetan
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La capitale britannique doit élire son nouveau maire. Les Londoniens auront le choix entre le fils d'un milliardaire, le conservateur Zac Goldsmith, et celui d'un chauffeur de bus pakistanais, le travailliste Sadiq Khan, pour succéder au charismatique Boris Johnson à la tête de leur ville le 5 mai. Le même jour, les Écossais, les Gallois et les Irlandais du Nord éliront leurs nouveaux parlements régionaux, et 124 conseils municipaux seront renouvelés en Angleterre.

Les accusations se poursuivent à la capitale

À Londres, Sadiq Khan (photo à droite), 45 ans, mène la course assez confortablement, selon les derniers sondages de l'institut YouGov qui donne onze points d'avance au député de Tooting. S'il l'emporte, il deviendrait le premier maire musulman de la très cosmopolite capitale britannique, mais aussi d'une grande capitale européenne. Une particularité qui n'a pas l'air d'émouvoir les 5,6 millions de Londoniens appelés aux urnes mais que Zac Goldsmith (photo à gauche), 41 ans, a pris pour cible pour tenter de refaire son retard. Le député de Richmond s'évertue depuis des semaines à convaincre que Sadiq Khan, ancien avocat des Droits de l'Homme, a des affinités avec les extrémistes islamistes. Une accusation relayée par le Premier ministre David Cameron.

La stratégie, jugée «minable» et «désespérée» par le camp Khan, pourrait bien se révéler contreproductive, selon Tony Travers, professeur à la London School of Economics (LSE) pour qui «Khan est un musulman moderne et progressiste». Les Londoniens sont surtout préoccupés par la question du logement, trop cher et insuffisant, et des transports, surpeuplés. Des problématiques pressantes car Londres a gagné 900.000 habitants depuis l'élection de Boris Johnson en 2008, à 8,6 millions d'habitants. Sur ce plan, les Londoniens semblent faire davantage confiance à Sadiq Khan, tout comme sur la pollution et la sécurité.

Le Labour en perte de vitesse et de terrain

À l'approche du référendum sur le «Brexit» le 23 juin, les scrutins londonien et régionaux seront suivis de près. Car les résultats auront un impact sur la crédibilité de David Cameron, qui milite pour un maintien dans l'UE. Et ils seront cruciaux pour le chef de l'opposition travailliste Jeremy Corbyn, estiment les analystes. L'élection en septembre de ce gauchiste pur jus reste contestée par une partie de l'appareil du parti qui doute de lui pour les prochaines législatives de 2020 et souhaite le voir partir. Or le Labour devrait cette fois y laisser des plumes, après un excellent score réalisé aux municipales de 2012.

En Écosse, l'un de ses anciens fiefs où il a été laminé en 2015, le Parti travailliste pourrait se faire doubler par les conservateurs au rang de deuxième parti du Parlement régional. Le Parti national écossais (SNP, indépendantiste), qui gouverne seul depuis 2011, espère lui faire mieux que les 69 sièges (sur 129) gagnés en 2011. Au Pays de Galles, le Labour devrait souffrir de l'usure du pouvoir alliée à une poussée attendue du parti europhobe Ukip, en quête de ses premiers sièges au sein d'une assemblée régionale. Enfin, la crise autour des accusations d'antisémitisme qui pèsent sur certains membres du Labour et ont conduit à la suspension de l'ancien maire de Londres Ken Livingstone risque de lui coûter cher. En Irlande du Nord, où le pouvoir est partagé entre unionistes protestants et nationalistes catholiques, le Parti unioniste démocrate (DUP) devance le Sinn Fein dans les derniers sondages.