La Belgique parmi les pays riches où les inégalités entre enfants sont les plus criantes

par
Camille
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Les écarts entre les enfants les plus défavorisés des pays riches et ceux qui se situent dans la moyenne continuent de se creuser, déplore l'Unicef. Les inégalités augmentent partout, mais la situation est particulièrement frappante en Belgique. Le pays se positionne 29e sur les 35 pays de l'OCDE analysés. L'étude a comparé les inégalités en termes de revenus, de réussite scolaire, de santé et de satisfaction générale des enfants de la partie inférieure des pays riches, c'est-à-dire entre les 10% les plus bas de la distribution, et l'enfant moyen de ces pays.

Principal point noir pour la Belgique: l'enseignement. Notre pays classe avant dernier. Seul Israël fait pire. Ces inégalités ont toutefois diminué depuis 2006. Autre contre-performance: le fossé qui sépare les enfants les moins satisfaits de leur vie du degré de satisfaction moyen. Avec près de 30% d'écart, la Belgique est classée 30e sur 35. Alors que, en moyenne, les enfants de 11, 13 et 15 ans font état d'un taux de satisfaction de 8 sur 10, 10% évaluent leur satisfaction à moins de 4 sur 10. Entre 2002 et 2014, le niveau de satisfaction des enfants les moins satisfaits a même diminué, renforçant l'écart. En ce qui concerne les deux autres types d'inégalités analysés, les revenus et la santé, la Belgique apparaît au milieu du classement. Mais sans le versement de prestations sociales, la Belgique serait le pays avec l'écart de revenu relatif le plus élevé (80,2%), met en lumière le rapport de l'Unicef.

Si on combine les quatre types d'inégalités, souvent liés entre eux, le Danemark, la Finlande, la Norvège, la Suisse et l'Autriche sont les cinq pays les plus égalitaires. Israël, la Turquie, la Bulgarie, l'Italie et la Slovaquie sont les plus inégalitaires. Les Etats-Unis sont classés 18e, au milieu du classement, tandis qu'un pays comme la France est 28e, juste devant la Belgique (29e).

Un départ dans la vie équitable

Alors que les débats politiques mettent souvent l'accent sur la concentration de richesses entre les 1% les plus riches et les autres, l'Unicef estime que l'on "accorde trop peu d'attention à l'écart croissant entre les 10% les plus pauvres et la moyenne". Ce décrochage inquiète particulièrement Anne-Catherine Guio, chercheuse au sein de l'Institut de recherche socio-économiques de Luxembourg. "La situation est terriblement alarmante", juge-t-elle. "A court terme, car le niveau socio-économique de la famille est un déterminant de confort et de bine être des enfants. Mais à plus long terme aussi, car les inégalités qui impactent les enfants auront des répercussions sur leur orientation et leur vie professionnelle".

Les mesures à prendre

Pour remédier à ces inégalités, l'Unicef recommande de "mettre fin aux politiques faisant porter les efforts sur les enfants les plus pauvres". Concrètement, il s'agit de protéger les revenus des foyers avec les enfants les plus défavorisés, améliorer la réussite scolaire des enfants les moins avantagés, promouvoir et soutenir des modes de vie sains. et surtout, de placer l'équité "au coeur des programmes pour le bine-être des enfants." Selon l'organe des nations unies pour l'enfance, il n'y a que comme cela que les enfants souffriront moins des inégalités. Et de combattre la déprivation materielle des enfants, un phénomène qui n'est "plus réservé aux pays en voie de développement", conclut Anne-Catherine Guio.