Une taxe kilométrique intelligente pour les poids lourds

par
Camille
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Faire payer l'usage, et non plus l'utilisation. Voilà la philosophie du système de prélèvement kilométrique qui s'applique désormais aux camions de plus de 3,5 tonnes. Concrètement, tout camion doit s'acquitter d'une taxe de 0,074 à 0,292 € par kilomètre parcouru sur les voies soumises à péage. Le montant exact dépend du poids du camion, de ses émissions, et du type de route emprunté.

Le système mis en œuvre en coopération par les trois régions du pays utilise un petit boitier, le On Board Unit (OBU). Ce dispositif enregistre les déplacements des véhicules via GPS, au mètre près. Ce qu'on appelle une "taxe intelligente", qui applique le principe du polluer-payeur. La facture est directement calculée, puis envoyé au centre de facturation, qui l'adresse à l'entreprise concernée.

Inquiétudes des professionnels

Ce boitier doit donc être activé en permanence sur tout véhicule qui circule en Belgique, qu'il roule sur une route payante ou non. L'OBU détermine automatiquement si le trajet doit être taxé ou non. C'est là que le bât blesse, selon les professionnels. L'Union des professionnels du transport routier (UPTR) estime que les boitiers comptabilisent "à tort" des kilomètres parcourus dans des zones non taxés (zoning industriels, voies secondaires longeant une autoroute…). ViaPass se veut rassurant, et promet que chaque plainte d'utilisateur sera examinée, afin d'améliorer le système. L'utilisateur lésé sera "bien évidemment remboursé", met en avant Johan Schoups, l'administrateur délégué de ViaPass, l'entité interrégionale en charge du fonctionnement du dispositif. Reste que l‘UPTR promet d'ores et déjà "une guérilla juridique" face au nouveau dispositif. Comeos, la fédération du commerce et des services, estime pour sa part que le dispositif "aura un coût pour le consommateur". Les autorités wallonnes s'attendent à voir leurs rentrées multipliées par quatre par rapport à l'ancien dispositif d'eurovignette (200 millions € par an, contre 50 précédemment). Au total, ViaPass devrait reverser 750 millions € par an aux Régions.

Un dispositif de contrôle permettra de s'assurer que les véhicules concernés soient bien équipés du dispositif permettant à Viapass d'appliquer la taxation au kilomètre.

Taxer les camions en transit

Les camions qui ne arrivent de France, d'Allemagne, du Luxembourg ou des Pays-Bas, et qui ne font que transiter par la Belgique pourront louer le boitier dans un des points spéciaux installés aux frontières. Pour éviter qu'ils ne soient tentés d'utiliser des routes non soumises à la redevance, la Wallonie a ajouté 300 km de route au réseau anciennement couvert par l'eurovignette. "Pas question de rendre possible un report du trafic sur le réseau secondaire", prévenait il y a quelques mois le ministre wallon des Travaux publics, Maxime Prévot.

Pour le ministre, l'argent prélevé par cette taxe permettra de booster l'entretien des routes. Car jusqu'ici, les transporteurs étrangers ne contribuaient pas à l'entretien du réseau. Le gouvernement wallon compte sur le nouveau dispositif pour corriger ce défaut. Le système pourrait même être étendu, à terme, à tous les véhicules. Mais si la Flandre et Bruxelles y pensent, ce n'est pas encore en projet du côté wallon.