Les Européennes gagnent en moyenne 16% de moins que les hommes

par
Nicolas
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Cela sonne comme un triste refrain à chaque Journée internationale pour les Droits des Femmes, mais force est de constater que l'écart salarial entre les hommes et les femmes demeure important. Il se chiffre à 16 % en Europe, selon le baromètre de l'UE dressé par Eurostat.

Pour mieux comprendre cette différence, il suffit de visualiser la question comme suit : pour chaque euro gagné dans l'heure par un homme, une femme gagnait en moyenne 84 centimes. Dans le top européen, c'est en Slovénie (2,9 %), à Malte (4,5 %) et en Italie (6,5 %) que les écarts de rémunération sont les plus réduits. À l'autre bout du classement, c'est en Estonie (28,3 %), en Autriche (22,9 %) et en République tchèque que les femmes sont les moins bien loties côté salaire, par rapport à leurs collègues masculins.

10 % de moins en Belgique

Les femmes belges gagnent en moyenne un dixième de moins que les hommes, plaçant notre pays en 6e position. L'office de statistiques européens Eurostat précise que ces différences de salaires, sur base de la rémunération horaire brute moyenne, s'expliquent par des caractéristiques individuelles (comme des différences d'expérience et de diplôme) mais aussi "par des ségrégations sectorielles et professionnelles entre les hommes et les femmes". Ainsi, des secteurs de l'économie, où les salaires sont en moyenne plus élevés que dans d'autres, emploient davantage d'hommes que de femmes. Des facteurs juridiques viennent également s'ajouter aux contraintes économiques et sociales. En d'autres termes rehausser le salaire n'est pas la solution miracle, car l'accès à l'emploi et aux fonctions dirigeantes reste problématique. Et là, les mentalités restent compliquées à faire évoluer.

À en croire la dernière enquête du spécialiste des ressources humaines Manpower, réalisée auprès de 222 hommes et femmes occupant des postes de management dans le monde, c'est une "culture masculine profondément ancrée" qui retient encore les employeurs de laisser les femmes gravir les échelons professionnels.

En règle générale, les mesures politiques et programmes en faveur de l'égalité entre les genres sont jugés peu efficaces, seuls 27 % des citoyens européens leur faisant confiance pour une évolution de la situation.

Parmi les dirigeants masculins, six sur dix pensent qu'ils est nécessaire de créer une culture neutre au niveau des genres pour promouvoir davantage de femmes. Tous sexes confondus, 42 % des managers estiment qu'une des clés du succès sera d'offrir enfin des conditions de travail flexibles, où les résultats -et non les heures prestées- seront pris en compte.

Ces constats poussent Manpower à estimer qu'il faudra encore au moins 17 ans pour que les femmes aient les mêmes chances que les hommes sur leur lieu de travail. Si les femmes représentent 50 % des forces actives dans le monde, seules 25 % d'entre elles occupent des fonctions dirigeantes.

Le temps partiel, faute de mieux

À l'injustice de la différence salariale vient s'ajouter d'autres tendances qui éloignent les femmes d'une situation égalitaire. Toujours selon Eurostat, les conditions de travail, et notamment les types de contrat, diffèrent fortement entre hommes et femmes. Les statistiques révèlent ainsi que les femmes sont plus susceptibles que les hommes de travailler à temps partiel dans la quasi-totalité des États-membres de l'UE. Et cette tendance se renforce une fois que la famille s'agrandit.

Le graphique ci-dessus reprend la situation belge qui montre la forte différence entre les hommes et les femmes. Quatre femmes de moins de 50 ans sur dix "font le choix" de travailler à temps partiel lorsqu'elles ont un enfant contre un peu plus de 5% des hommes. Devant de telles proportions, peut-on encore parler de choix ? En 2013, le SPF Économie relevait que les structures d'accueil pour enfants manquaient et que près de 20<UN>% des femmes en âge de travailler restaient à la maison ou travaillaient à temps partiels faute de solutions de garderie adaptées.

Mais encore une fois, outre le manque d'infrastructures, les vieilles habitudes sont tenaces, c'est souvent à l'homme gagnant un meilleur salaire (on y revient) de mener une vie professionnelle.

Nicolas Naizy