Avec le Festival Up!, le cirque contamine Bruxelles du 8 au 20 mars

par
Nicolas
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Pour sa 14e édition, la Biennale internationale de cirque de Bruxelles déploie sa riche programmation dans pas moins de 14  lieux, en salle et dans l'espace public. Rebaptisé « Up ! » voici deux ans, le festival entend dévoiler du 8 au 20 mars tous les visages d'une discipline qui s'ouvre et s'offre au monde de manière vertigineuse et poétique.

Cie eia - inTarsi - Ph. Ben Hopper

Bruxelles, capitale du cirque ! Nous ne parlons pas ici du chaos des tunnels fermés ou des méandres politiques de la ville-région. Écrivons plutôt : Bruxelles, capitale des circassiens ! Depuis quelques années, la métropole à taille humaine a déployé pas mal de structures d'accueil et de formation pour des artistes venus de toutes l'Europe. « La ville, son état d'esprit et sa culture plaît aux circassiens. Son niveau artistique aussi : l'offre est assez importante malgré des moyens qui ne sont pas ceux des pays voisins », nous confirme Catherine Magis, la pétillante coordinatrice de l'Espace Catastrophe, qui organise le festival Up ! qui s'ouvre mardi. Ce lieu de formation et de création, elle l'a créé à son retour du Québec en 1995 pour combler le manque d'infrastructures d'accueil des artistes de cirque. Installé dans les anciennes glacières de Saint-Gilles, l'Espace investira dans quelques années un bâtiment flambant neuf à Koekelberg (le projet s'appelle « Cirk »), avec une implication sincère des pouvoirs locaux. Preuve que les arts du cirque intéressent de plus en plus.

Vitrine

Cie Magmanus - Attached - Ph. Alex Hincliffe

Ce festival, Catherine Magis et son équipe l'imaginent comme une « vitrine » de la création circassienne contemporaine. Le pari semble réussi aujourd'hui puisque, à l'heure d'écrire ces lignes, une centaine de programmateurs venus des quatre coins du continent se sont déjà inscrits, ce qui témoigne de l'aura certaine du cirque de création. Mais il faut aussi convaincre le grand public, qui garde à l'esprit l'image aujourd'hui complètement dépassée de « La Piste aux Étoiles » et des cirques nomades de l'enfance. Si l'héritage n'est pas dilapidé et fait partie de son histoire, le cirque contemporain s'est ouvert à de nouveaux horizons. « Fini le temps des animateurs et des bateleurs ! Les circassiens ont des choses à dire. Ces artistes ont envie de nous parler de soi, du monde, de notre relation à l'autre. » Pour se lancer sur ces nouvelles pistes de création, les arts du cirque se sont ouverts « à la danse, à l'image, à la musique, aux arts plastiques », faisant du secteur « un art à part entière qui touche des publics très diversifiés ». « Chacun y trouve sa place », s'enthousiasme Catherine Magis qui ne ménage pas ses efforts pour véhiculer ce message, y compris auprès des autres institutions culturelles qui sont de plus en plus nombreuses à programmer des spectacles du cirque dans leur saison (les Halles de Schaerbeek, le Théâtre de Namur,…). La force d'Up ! est d'investir pas moins de 14 lieux. En plus des fidèles, entre autres, théâtre Varia et centre culturel Jacques Franck, le Wolubilis et le Théâtre National se joignent à la fête. Et Catherine Magis n'est pas peu fière d'avoir convaincu l'institution théâtrale de boulevard Émile Jacqmain.

Dans tous les sens

Petit Théâtre de Gestes - Bêtes de Foire - Ph. Lionel Pesqué

La diversité des formes constitue un autre point fort de l'événement. Du spectaculaire, il y en aura, notamment avec le Cirque Inextrêmiste (le 12 au Varia, photo ci-dessus). Avec son spectacle « Extreme Night Fever », la compagnie française enverra ses acrobates dans les airs et fera bouger son public jusqu'au bout de la nuit. Mais il y aura aussi du minuscule, avec "Bêtes de Foire" du Petit Théâtre de Gestes. Avec du matériel de récup', le duo fera revivre un cirque à la piste ronde en miniature. C'est de l'artisanat délicat témoignant d'une merveilleuse maîtrise technique et dramaturgique (du 10 au 20 au Parc Victoria). En plus des longs formats, les festivaliers pourront également goûter au défi du spectacle de courte durée, puisque quatre projets figurent à l'autre excellent Festival XS du National (les 18 et 19) et la soirée "Tour de piste" rend grâce à la forme originelle du numéro de cirque (les 19 et 20 au Varia). Bravez aussi la fraîcheur du printemps puisque la compagnie le Cardage, dont les deux acrobates gravissent avec aisance et grâce leurs cordes dans "Dropp" (le 19 à place Sainte-Croix, gratuit), sur une musique de Castus pour accompagner ce ballet aérien. "Le cirque en espace public, ce n'est pas une fête de quartier !", tranche Catherine Magis. "Jouer à l'extérieur est une vraie décision artistique qui se pense dès l'écriture du spectacle." C'est une manière d'aller chercher le spectateur, tout comme l'installation du chapiteau au cœur des villes.

Claudio Stellato - La Cosa - Ph. Alain Julien

Difficile d'être exhaustif dans ce riche creuset créatif : il y aura aussi du frisson ("Attached") et de l'humour ("La Cosa" de Claudio Stellato au visuel magnifique), de l'émotion ("Marée basse") et des histoires cocasses ("The Intruder" et "Jetlag"), de la solidarité ("Léger démêlé" et "In Tarsi") et des affaires de famille ("Dois"). Et Les récalcitrants tenteront le one-woman-show de Véronique Castanyer, "Je déteste le cirque", qui malgré son titre devrait les réconcilier avec ces arts des grands soirs.

Nicolas Naizy