Primaires américaines: Victoire de Clinton et Trump lors du Super Tuesday

par
Laura
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La route vers l'investiture pour la présidentielle leur semble désormais grande ouverte: Donald Trump et Hillary Clinton ont largement dominé leurs rivaux lors des primaires américaines cruciales du «Super mardi».

Côté républicain

Donald Trump, qui a déjà remporté sept victoires électorales lors du "Super Tuesday", a déclaré dans une allocution qu'il souhaitait rassembler le parti républicain pour le rendre plus fort. Il en a profité pour tirer à boulets rouges sur la favorite démocrate Hillary Clinton. Cette dernière, également victorieuse dans sept Etats, s'en est prise au candidat républicain à son tour. "Je suis un rassembleur. Je sais que les gens vont avoir du mal à le croire", a déclaré le milliardaire lors d'un discours de victoire depuis Palm Beach, en Floride. Une fois que le Grand Old Party sera réuni, Donald Trump a affiché sa volonté de faire de Hillary Clinton sa nouvelle cible.

Trump, souvent décrié comme un faux conservateur par ses détracteurs, a réussi à obtenir les suffrages de nouveaux électeurs républicains mardi en s'imposant dans sept Etats différents. "Je pense que nous serons plus ouverts et plus unis. Je pense que nous serons un bien plus grand parti. Je pense que nous allons gagner en novembre", a-t-il martelé. Dans la suite de son allocution, le candidat populiste a une nouvelle fois agité l'épouvantail de la menace terroriste, faisant au passage une nouvelle allusion à Bruxelles. "La terreur islamo-radicale est un gros, gros problème, pas seulement pour nous. Regardez l'Allemagne, la Suède, Bruxelles, c'est une catastrophe!" Donald Trump avait qualifié en début d'année la capitale belge de "trou à rats" ("hellhole").

La défaite du jeune sénateur Marco Rubio en Virginie, où il nourrissait de réels espoirs, sonne comme une véritable claque pour celui qui espérait encore rallier sur sa candidature tous les «anti-Trump». Le parti républicain, qui espère retrouver la Maison Blanche après deux mandats du démocrate Barack Obama, est cependant divisé sur la candidature du magnat de l'immobilier, dont les propositions iconoclastes et le style abrasif dérangent.

Clinton contre attaque

La candidate démocrate à l'élection présidentielle Hillary Clinton, galvanisée par sa victoire dans sept Etats jusqu'à présent dans le Super Tuesday, s'en est pris au favori du camp républicain Donald Trump, donné gagnant dans sept Etats également. "Nous avons du travail, mais ce travail n'est pas de rendre à l'Amérique sa grandeur", a-t-elle déclaré en référence au slogan de campagne de M. Trump. "L"Amérique n'a jamais perdu sa grandeur. Nous devons rendre l'Amérique complète. Nous devons remplir ce qui a été vidé."

 L'ex-secrétaire d'Etat semble déjà se tourner vers l'élection pour la magistrature suprême qui se tiendra le 8 novembre. Même si le processus des primaires est encore long, Mme Clinton et M. Trump semblent avoir déjà pris un avantage déterminant dans leurs camps respectifs. "Les enjeux de cette élection n'ont jamais semblé aussi élevés et la rhétorique employée de l'autre côté n'a jamais volé aussi bas, tentant de diviser l'Amérique entre nous et eux, mais cela est faux et nous ne les laisserons pas faire! ", a déclaré Hillary Clinton lors d'un discours en Floride

Quelques victoires pour Bernie Sanders

Le sénateur Bernie Sanders a remporté mercredi matin (HB) une quatrième victoire lors des primaires démocrates en arrachant l'Etat du Minnesota. Avec 93 délégués en jeu, c'est l'Etat le plus important remporté par le sénateur du Vermont jusqu'à présent.

Bernie Sanders a réussi à remporter le scrutin dans quatre États (Vermont, Colorado, Oklahoma et Minnesota). Sa rivale Hillary Clinton a terminé en tête des suffrages dans sept États (Texas, Géorgie, Virginie, Massachusetts, Tennessee, Arkansas, Alabama).

Visiblement épuisé, le sénateur de 74 ans, a tenté de faire bonne figure, rappelant que la course était encore en longue: "35 Etats doivent encore voter", a-t-il lancé lors d'un discours où la flamme qui a marqué sa campagne jusqu'ici semblait éteinte. Si sa campagne a les moyens financiers de poursuivre le combat pendant plusieurs mois, l'issue du duel fait désormais peu de doute.

Un "Super mardi" très important

Un cinquième des délégués républicains et un quart des délégués démocrates devaient être attribués durant ce seul «Super mardi». Le sénateur ultra-conservateur du Texas, Ted Cruz, l'a emporté dans son fief ainsi que dans l'Oklahoma, sauvant la mise et sans doute sa campagne.

Grand perdant de la soirée électorale, Marco Rubio est resté évasif sur la façon dont il entendait remonter la pente: "Quand je serai président, nous poursuivrons le rêve américain!" a lancé celui qui estime que Trump représente "une grave menace" pour l'avenir des Etats-Unis.

Un anti-Trump bien présent

Selon un sondage CNN publié mardi, les démocrates l'emporteraient dans tous les cas dans un duel face au milliardaire, avec une marge légèrement plus confortable pour M. Sanders (55% contre 43%) que pour Mme Clinton (52% contre 44%).

Preuve des tensions qui traversent le camp républicain, Donald Trump est la cible d'attaques tous azimuts auxquelles il répond, pour le plus grand plaisir des larges foules qui viennent l'applaudir, du tac au tac. En trois jours, il s'est vu reprocher d'avoir refusé de condamner le Ku Klux Klan, d'avoir retweeté une citation de Benito Mussolini, de forcer sur le faux bronzage ou encore d'être lié à la mafia du bâtiment. Certains conservateurs affirment désormais publiquement qu'ils ne voteront pas Donald Trump à la présidentielle. Le rival républicain malheureux de Barack Obama en 2008, John McCain, a jugé "inquiétant" le niveau du débat dans son camp, appelant de ses voeux une campagne présidentielle "qui ne se concentre pas sur la taille des oreilles des gens" ou "leurs problèmes de sudation".

Reflétant la perplexité de nombre de dirigeants occidentaux face à la montée en puissance de Donald Trump, le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, en visite à Washington, s'est invité dans le débat politique américain. "Construire des murs est une très mauvaise idée, peu importe qui les finance", a-t-il lancé dans une allusion au mur que l'homme d'affaires veut construire à la frontière entre Mexique et Etats-Unis. "Gardons-nous de ces politiques de la peur, elles sont dangereuses pour l'Europe et pour les Etats-Unis, elles sont mauvaises pour le monde", a-t-il insisté