L'Atelier Belge, deux designers qui montent

par
Pierre
Temps de lecture 5 min.

Un peu de chauvinisme ne fait pas de mal! D'autant plus quand il s'agit de talentueux designers de chez nous. À West-Malle, à 4 kilomètres de la fameuse abbaye trappiste, les jeunes designers Deevie Vermetten et Oskar Vermeylen créent de l'ameublement design différent. Ils forment ensemble Atelier Belge, un laboratoire en quelque sorte où le bois et l'acier se marient pour donner l'essence de la fonctionnalité et de l'intemporel.

Comment vous complétez-vous?

Deevie: «Je m'occupe principalement des aspects commerciaux, tandis qu'Oskar s'occupe pratiquement à temps plein de création. Il travaille surtout le métal, alors que pour ma part je reste fidèle à mon expérience avec le bois. Mais les deux se complètent parfaitement.»

Oskar: «Nous sommes en tant que personnes plutôt différents. Je suis en effet passionné par le métal. On peut partir dans toutes sortes de direction avec ce matériau. Si vous lui donnez un certain pli, cela peut donner quelque chose de très fort. Vous pouvez aussi faire quelque chose de plus raffiné. Vous pouvez faire des choses incroyables avec à peine un demi millimètre d'acier!»

D'où vient le nom Atelier Belge?

Deevie: «Du fait que nous accordons de l'importance au savoir-faire et à la production locale. Nous sommes constamment à la recherche de produits honnêtes. Tout provient de bois labellisé, pas de déforestation illégale. Et nous jouons aussi la carte du design belge, bien entendu. C'est ainsi qu'Oskar a conçu un tapis ayant la forme de la Belgique.»

Oskar: «C'était un projet de fin d'études artistique et humoristique. C'était une allusion ironique à la situation politique du moment. Le tapis "O Deelbaar België" présente les contours de la Belgique: la Flandre en jaune, la Wallonie en rouge et Bruxelles comme le "mouton noir". Si vous achetez le tapis, vous recevez une paire de ciseaux et vous pouvez décider si vous voulez le couper ou pas. J'estime que le client doit pouvoir décider lui-même!»

Et quel est le prix de la Belgique?

Oskar: «7.500 euros. Il ne va plus rester très longtemps sur notre site web car le projet est presque terminé et nous voulons nous orienter vers un design plus fonctionnel.»

Comme?

Deevie: «Nous sommes entre-temps surtout actifs aves les loopholes, un concept que nous commercialisons nous-mêmes. Vous pouvez déjà le trouver dans une quinzaine de points de vente en Belgique et une dizaine en Europe.»

Et qu'est-ce qu'un loophole?

Oskar: «C'est une grille en fil d'acier à laquelle, selon l'espace, la fonction et les goûts personnels, vous pouvez donner des applications: étagères, bacs, porte-crayons, miroirs, tableaux d'affichage, crochets pour pendre vos vêtements. Nos grilles sont aussi conçues de façon à pouvoir être utilisées tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. J'ai même vu des versions où on avait installé des lampes Ikea. Ça me plaît!»

Deevie: «C'est un système modulaire. Notre idée de base est en quelque sorte l'Iphone du secteur de l'ameublement! Vous achetez une base et vous la personnalisez en ajoutant des applications. C'est ce qui rend la démarche intéressante pour nous, designers, parce que nous pouvons développer de nouvelles applications

Quels sont vos critères?

Oskar: «J'essaie de penser de la façon la plus fonctionnelle possible. Un produit doit fonctionner convenablement et remplir ses fonctions le mieux possible. On voit trop de designs qui ne fonctionnent pas. J'aime une approche minimaliste tant extérieurement que sur le plan de la production. Sinon vous ne pouvez pas non plus commercialiser quelque chose à un prix intéressant. Le client doit pouvoir personnaliser un produit le plus possible et le faire sien. Les loopholes en sont un bon exemple, mais je fais cela aussi avec d'autres produits.»

Deevie: «Nous offrons aussi en outre un service sur mesure. Le sur-mesure est pour nous un atout supplémentaire.»

Et que proposez-vous en plus des loopholes?

Deevie: «Avec les loopholes, nous atteignons tant l'étudiant que la personne bien nantie. Mais nous proposons aussi une armoire vitrine entièrement fabriquée à la main avec des joints en noyer massif. Nous avons aussi des produits très bon marché, comme la «bakzit», une chaise à installer sur un bac de bière. Bien entendu, avec ce produit nous atteignons les étudiants. Et nous proposons aussi des créations de confrères designers. Comme la table de Roy van Rijt. Il a acheté le sol de la salle de gymnastique où il avait cours dans le temps. Il l'a ensuite scié en 88 segments et transformé en 88 tables uniques. Nous sommes le seul distributeur en Belgique qui propose ces tables en ligne.»

À quoi le public accorde-t-il de l'importance aujourd'hui?

Deevie: «La tendance rétro plaît encore toujours. Nos loopholes s'en inspirent un peu aussi. Ce qui explique pourquoi ils se vendent bien.»

Oskar: «La combinaison entre le bois et des éléments massifs revient à la mode. On pourrait appeler ça une tendance. Je trouve aussi que le retour de la palette monochrome blanc-gris est très intéressant. Puis il y a le bleu et le vert qui remplacent le noir. J'ai moi-même toujours été partisan du noir et blanc car cela ne se démode jamais. La question est finalement aussi de savoir quelle est la valeur intrinsèque d'une tendance. Votre produit n'est pas mieux pour autant!»

Deevie: «Les gens accordent aussi plus d'importance à la durabilité qu'avant. Les matières comme le bois et l'acier prospèrent dans le secteur. Et, bien entendu, le design scandinave se porte bien.»

Jusqu'à quel point êtes-vous durables?

Oskar: «Quand vous fabriquez un produit durable qui dure pendant des années, c'est une autre histoire qu'une armoire Ikea qu'on jette après deux ans d'utilisation. Ce sont ces choses-là qui nous tiennent à cœur. Nous ne fabriquons pas des produits qu'on amène au parc à conteneurs après deux ans! En outre, nous sommes aussi attentifs à la provenance de nos matériaux. Tout se passe dans un rayon de production de 50 km, de la fabrication à l'emballage. Nous avons même un atelier à côté de notre studio de design. Pour l'acier, nous recherchons des entreprises locales.»

Deevie: «Nous voulons créer une sorte d'intemporalité et de fonctionnalité qui sera toujours d'application dans trente ans. C'est là que se situe la différence de valeur. Bien entendu, je reconnais volontiers qu'Ikea a quand même aussi fait des choses qui ont une valeur design absolue, surtout en ce qui concerne le concept et la fonctionnalité.»

Quelle est votre ambition?

Deevie: «Moi, je suis d'Oost-Malle et Oskar est de West-Malle. (rires) Pendant ses études, il a fait un stage chez moi. À l'époque, j'avais fondé Atelier Belge depuis deux ans et j'avais besoin d'une personne en plus. Nous partageons tout simplement la même passion et nous aimerions croître un peu mais de façon saine.»