RER wallon: "Le fédéral a confirmé son engagement"

par
Nicolas
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Maxime Prévot, ministre wallon des Travaux publics et des Infrastructures ferroviaires, représentait hier sa région au comité de concertation avec le fédéral et les entités fédérées. Une réunion «cordiale» malgré le sujet chaud du moment: l'aboutissement du RER côté wallon.

Y aura-t-il une mise à quatre voies de la partie wallonne du RER ?

«Vu le caractère stratégique du dossier, mes collègues et moi-même nous sommes émus des déclarations qui ont été faites à l'époque par la ministre de tutelle, heureusement très vite corrigées par la suite. Aujourd'hui très clairement, je me réjouis de cette perspective de dénouement positif : le fédéral a confirmé son engagement de réaliser la mise à quatre voies complète.»

Dans quels délais ? Et avec quel argent ?

«Dans un premier temps, ils vont regarder ce qu'il est possible de faire de manière accélérée. Et dans ce cadre-là, la Wallonie a confirmé sa proposition d'un préfinancement de 200 millions €. Maintenant, Le fédéral doit rapidement donner des informations sur le calendrier et faire ses propres arbitrages pour réunir le budget complet.»

Est-ce que cette offre ne vient pas encourager le fédéral à se désinvestir du rail ?

«C'est la délicatesse de l'exercice. Le rail reste toujours du ressort du fédéral. Arriver avec des propositions de cofinancements entre le fédéral et les Régions, c'est reconnaître de manière larvée une régionalisation du rail qui peut potentiellement s'esquisser. Je ne suis pas sûr que cela rende service au chemin de fer dans le pays. Ce serait mettre le pied dans la porte de ce que souhaite la N-VA. Ici, c'est un préfinancement. Le fédéral devra le payer, notre geste est de prendre à notre charge les intérêts.»

Au détriment d'autres projets ?

«C'était des montants prévus pour d'autres dossiers (notamment la liaison ferroviaire vers l'aéroport de Gosselies, ndlr) mais ils n'ont pas la capacité d'être mis en œuvre pour le moment puisque le plan d'investissements de la SNCB, et singulièrement d'Infrabel, est au point mort, le précédent ayant été jeté à la poubelle. S'entament seulement depuis cette semaine des discussions auxquelles les Régions sont associées sur le futur plan d'investissements.»

Pas de régionalisation du rail donc ?

«Aujourd'hui, chacun assume ses prérogatives pleinement. Le rail est une prérogative du fédéral. Nous voulons donner ici un coup de pouce et un signal de notre bonne volonté wallonne pour faire avancer le dossier qui ne mérite pas d'être politisé. Cela fait des années que l'on sait que les travaux prendront du retard et que les fonds n'étaient pas suffisants. On ne peut d'ailleurs pas imputer ce grief à la ministre actuelle.»

La Wallonie n'est donc pas désavantagée par rapport à la Flandre qui a utilisé les fonds fédéraux prévus pour réaliser le RER sur son territoire ?

«Je ne suis pas d'un tempérament à fustiger les autres parce qu'ils ont bien travaillé. L'erreur historique date de 2001 quand Isabelle Durant (ministre fédérale des Transports à l'époque, ndlr) a fixé dans les faits la clé de répartition 60/40 sur laquelle il semble difficile de revenir pour le moment. Je crois qu'on peut se poser quelques questions sur des arbitrages qui ont été faits. 40% pour le territoire le plus vaste, calculé sur base annuelle, il me semble que le problème vient de là.»

La ministre Galant semble d'accord pour revenir sur la l'annualité de cette répartition 60% pour la Flandre-40% pour la Wallonie ?

«Il est illusoire de croire que l'on pourrait reconsidérer la clé 60/40. Toutefois, une ouverture existe pour rendre cette clé pluriannuelle. C'est un enjeu stratégique essentiel pour donner du souffle au développement de projets. Mais si, par exemple, elle se fait sur base quinquennale, l'idée n'est pas non plus de la renégocier tous les cinq ans.»

Ne manque-t-il pas encore une vision globale de la mobilité à l'échelle nationale ?

«Je le pense. La mobilité a été régionalisée alors qu'elle ne peut se concevoir qu'au minimum à l'échelle d'un pays. Rétrospectivement, cette régionalisation n'était pas la décision qui fait le plus sens. Mais on ne va pas pleurer sur le lait répandu.»

Nicolas Naizy

Crédit : Belga / B. Fahy