Quelle alternative aux tests animaliers ?

par
ThomasW
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L'Union européenne interdit tous les tests sur animaux pour l'industrie cosmétique depuis 2013. Mais les recherches pour développer des méthodes alternatives demandent beaucoup de temps et d'argent.

Que dit la réglementation européenne?

L'UE interdit la mise sur le marché de tout nouveau produit cosmétique testé sur des animaux après mars 2013, y compris pour les produits importés. Mais cela ne concerne que leurs composants utilisés à des fins exclusivement cosmétiques. Ainsi pour des ingrédients dits «multi-usages» (conservateurs, parfums, solvants, polymères, filtres solaires…), utilisés en cosmétique mais aussi en pharmacie, chimie ou agroalimentaire, ces tests peuvent toujours être utilisés.

Comment s'est adaptée l'industrie cosmétique?

Pendant longtemps l'industrie cosmétique «avait un peu traité de façon légère ces attentes de la société civile", estime Loïc Armand, président de L'Oréal France. L'interdiction européenne «a rendu les choses plus compliquées", notamment pour des entreprises de taille réduite n'ayant pas les moyens de recherche-développement que peuvent avoir de grands groupes. Mais de nombreuses entreprises ont aussi fait de cette interdiction un argument commercial: à ce jour l'Ong de défense des animaux PETA recense quelque 1.900 marques de cosmétiques du monde entier ayant banni les tests sur animaux pour tous leurs produits.

Où en est la recherche de méthodes alternatives?

«Il est déjà possible de substituer aux tests sur animaux des méthodes alternatives pour des tests d'irritation, de corrosion et de sensibilisation de la peau et de l'œil", rappelle Elisabet Berggren, responsable scientifique de la Commission européenne. Les méthodes alternatives pour évaluer la toxicité systémique s'avèrent autrement plus difficiles à élaborer. Leurs effets ne se limitent pas au contact local entre le corps et l'ingrédient, note-elle. «Je crois qu'un jour on pourra entièrement se passer des tests sur animaux, y compris dans d'autres secteurs. Les choses avancent mais ça prendra encore plusieurs décennies", conclut Loïc Armand.

La solution des invertébrés

Et si certains invertébrés, exclus par l'interdiction européenne, étaient mis à contribution ? Pour la jeune start-up française Celescreen, cette idée n'a rien de saugrenue. Celescreen compte mener des tests sur un ver de terre, C. elegans, doté du mécanisme d'absorption et d'élimination des molécules similaire à l'homme, grâce à une coque chimique. Celle-ci agit comme un leurre pour faire croire au ver qu'il mange sa nourriture préférée, et permet d'obtenir un taux d'absorption de 100 %. « Notre innovation va permettre d'effectuer trois tests que l'industrie cosmétique ne peut plus faire sur la souris : la toxicité de la reproduction, la toxicité sur le fœtus et la toxicité chronique ", affirme Camille Hetez, la présidente de Celescreen, qui vise une commercialisation fin 2016.