Thaïlande: Pour l'anniversaire du roi, un dessin animé sur sa chienne favorite diffuse des conseils à la Nation

par
Laura
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Un film d'animation sur le chien favori du roi de Thaïlande, utilisé par le passé par le monarque pour diffuser ses conseils à la Nation, est à l'affiche des cinémas cette semaine dans le cadre d'une intense campagne autour des 88 ans du roi. L'apogée de ces célébrations sera vendredi une grande course cycliste à Bangkok.

Cette campagne menée à l'occasion de l'anniversaire du roi Bhumibol Aduyadej le 5 décembre se retrouve sur tous les supports, des T-shirts portés par les citoyens lambda et les présentateurs du JT aux spots publicitaires de grandes marques vantant la piété filiale. «Bike for Dad», grande course à vélo à laquelle quelque 100.000 participants sont inscrits rien qu'à Bangkok, doit être menée vendredi par le prince héritier Maha Vajiralongkorn.

La loyauté avant tout

A cette démonstration que le prince est le digne héritier de son père, s'ajoute depuis quelques jours le dessin animé «Tongdaeng: The Inspiration». Sponsorisé par des grandes compagnies thaïlandaises à hauteur de 4 millions d'euros, le film d'animation est inspiré de l'histoire de la chienne favorite du roi, Tongdaeng, déjà l'objet d'un livre écrit par le roi en 2002.

Celui-ci avait alors été interprété comme un moyen pour le souverain, qui a un statut de demi-Dieu, de rappeler à ses sujets leur place au sein d'une société très hiérarchisée. "L'attitude de Tongdaeng a été largement reconnue pour son incroyable loyauté, sa gratitude et son courage", explique aujourd'hui à l'AFP Vinij Lertratanachai, à l'origine du film d'animation, s'inscrivant dans la poursuite du livre de 2002. Il confie espérer que ses compatriotes "apprécient et absorbent la philosophie" du film, tournant autour des idées de loyauté à la monarchie, vecteurs d'"harmonie dans la société". Le film jouit d'une importante promotion, avec des affiches immenses dans les multiplexes et jusqu'à une statue géante du chien devant un grand centre commercial de Bangkok.

Mais, si le roi Bhumibol Aduyadej fait l'objet d'un culte de la personnalité depuis des décennies, la société thaïlandaise est profondément divisée et inquiète à l'approche de la succession d'un roi hospitalisé depuis des mois. En parallèle à un culte de la personnalité du roi redoublé depuis le coup d'Etat de mai 2014, réalisé au nom de la monarchie, la loi de lèse-majesté est utilisée à tout-va par les militaires.

Cette semaine, un internaute a été arrêté pour avoir «liké» sur Facebook une image jugée offensante du roi et risque 32 ans de prison. Une enquête pour diffamation vient même d'être lancée contre l'ambassadeur des Etats-Unis, pour avoir osé s'inquiéter, dans des termes pourtant très mesurés, des procès pour lèse-majesté. De son côté le très célèbre journal International New York Times a été victime de censure dans son édition thaïlandaise par un imprimeur local. Le journal a été diffusé avec un espace vierge en une.