A Bruxelles, de jeunes réfugiés apprennent le français et le football

par
Laura
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C'est dans un cadre quelque peu inhabituel qu'Ali, Maïwan, Ali Madad, Tofun et Ali Rizo apprennent le français. Chaque semaine, 20 demandeurs d'asile du Fedasil de Woluwe-Saint-Pierre se rendent à l'Académie de football de Crainhem pour prendre des cours de langue… et de football!

 

17h30, les cours de français commencent. "J'ai 16 ans", répond Ali à la question d'Elise, la jeune bénévole qui encadre les cours. "Je viens d'Afghanistan", continue-t-il. Ce jeune demandeur d'asile, qui se présente un peu plus facilement que ses camarades, suit le cours de français pour la deuxième fois. Bien qu'il progresse énormément, c'est peut-être bien une de ses dernières leçons "Les jeunes qui viennent du Fedasil de Woluwe-Saint-Pierre sont en attente de l'obtention du droit d'asile. Ils ne restent que d'une à trois semaines avant d'être relogés ailleurs", nous explique Elise. "Du coup, on n'a pas le temps de leur apprendre beaucoup de choses différentes, mais au moins ils connaissent les bases de notre langue."

18h30, après avoir appris le vocabulaire footballistique, à se présenter et à compter, une petite pause s'impose avant de monter sur le terrain. Les cinq Afghans sont très motivés: "Quand joue-t-on au football?", demandent-ils en anglais depuis quelques minutes. Elise les invite à choisir une paire de baskets mise à leur disposition et à aller enfiler la tenue du club. "Nous faisons des récoltes auprès des parents des enfants de l'académie", raconte Elise. "Toutes les affaires que vous voyez viennent d'eux."

19h, Raimond Casseau, le coach, monte sur le terrain tandis que les jeunes Afghans sont déjà en train de s'échauffer en attendant toute l'équipe. «Certains ont de l'or dans les pieds», nous dit Raimond. C'est lui qui donne chaque semaine, avec un autre coach, les entraînements aux jeunes réfugiés. «Les gamins sont mélangés», explique-t-il. «Ils arrivent à se comprendre entre eux. Et s'ils ne comprennent pas, on leur montre avec des gestes.» C'est parti pour une heure de football. Au programme: échauffements, exercices techniques et petit match amical. Les jeunes demandeurs sont motivés et suivent les exercices comme ils le peuvent. "En Afghanistan, le sport national, c'est le criquet", explique le coach.

20h, après l'effort, le réconfort. Un repas préparé par les bénévoles attend nos jeunes footballeurs. Prochain cours la semaine prochaine. D'ici là, d'autres réfugiés se succéderont au club de Crainhem.

 

Le projet

«Le Club de Kraainem Football et son académie sont multiculturels par essence», explique Laurent Thieule, le président du club. On y retrouve 300 enfants originaires de 42 pays différents. «C'est dans notre ADN d'accueillir l'autre et de pratiquer le vivre ensemble.» Quand les membres du club ont voulu aider les migrants et ont eu l'idée d'accueillir des jeunes au sein de leur structure, il a fallu dans un premier temps en parler avec les familles. «Il fallait être sûr que les familles des enfants aient envie d'accueillir ces jeunes réfugiés», continue le président. Selon lui, l'intégration est confrontée au principe de réalité: le désir des familles, les moyens mis à disposition, la disponibilité des bénévoles et la longévité du programme. «Nous accueillons en tout 20 jeunes par semaine, par groupe de quatre ou cinq par soir», explique Laurent Thieule. «Au-delà de ce chiffre, cela devient compliqué.» Le président a pris contact avec plusieurs structures et c'est finalement avec le Fedasil de Woluwe-Saint-Pierre qu'il collabore. À l'heure actuelle, ce projet survit grâce aux aides des bénévoles et au budget du club. «Nous avons également reçu un subside de 1.000€ de la commune et nous attendons une réponse de Football+ Foundation.» Pour le président du club de foot, l'intégration de tous les migrants ne sera possible qu'avec l'aide de la société civile.»