Ces artistes transforment une péniche en théâtre itinérant

par
Nicolas
Temps de lecture 1 min.

Frédérique Prohaczka et Éric Lefèvre n'ont vraiment peur de rien. Durant leur carrière artistique, ils ont à chaque fois su rebondir sur de nouveaux défis. Cette péniche des années 50 entièrement rénovée en est le dernier. Authentique bateau de transport marchand encore habité par des mariniers voici une paire d'années, l'embarcation est aujourd'hui une salle de spectacle mobile destinée à parcourir les voies fluviales liégeoises, wallonnes, belges et européennes. Car avec ce nouvel outil, ce sont de nouveaux horizons qui s'ouvrent à ces anciens échassiers, fondateurs de la Compagnie des Quatre Saisons il y a 20 ans.

Ph. Yvon Hamers

« Ce sont les manèges qui nous ont permis de finir le bateau », nous explique Frédérique. Ah oui, on oubliait de vous préciser qu'avant de se lancer dans la rénovation du « Ventre de la Baleine », nom de son nouveau joujou, le couple, amené à imaginer la suite de sa carrière, s'était mis dans l'idée de construire des manèges. Attention, pas de ceux que l'on voit dans les grandes fêtes foraines. Mais des œuvres d'acier fidèles à l'esprit que la compagnie a développé dans ses créations précédentes. Metro avait pu découvrir en 2013 leur Arbre nomade qui tournoyait au rythme de contes et de comptines. Bref, les grandes ouvrages n'effraient pas nos deux artistes, et certainement pas Éric qui a tout imaginé seul, menant les travaux de la force de ses bras. « En faisant les manèges, j'ai vraiment pris goût à la soudure », nous confie en riant Éric, debout devant les photos d'un impressionnant chantier qui aura duré cinq ans. Car il a fallu tout refaire. Mis à part le petit logement des anciens bateliers, la péniche ne comportait que la grande cale. Aujourd'hui, l'espace est éclairé par des grands hublots percés dans l'épaisse tôle et peut accueillir jusqu'à 70 personnes assises. Un bar parfait l'accueil du public et des cabines décorées avec goût ont été créées pour héberger les artistes qui viendront s'y produire. Sur le pont sont installées une jolie terrasse couverte et une petite scène.

Ph. Yvon Hamers

C'est certain, le spectacle est amené à investir tout le bateau, quel que soit son lieu d'arrimage. De leur joli coin de Meuse à Bassenge, lieu de résidence du couple, aux quais liégeois, il n'y a qu'un pas, ou du moins quelques milles nautiques. Mais c'est toute l'Europe fluviale qui s'ouvre au Ventre gourmand de cette Baleine aux histoires. « J'avais envie de me sentir libre », nous déclare Éric fidèle à ce qui l'a poussé à embrasser une carrière artistique après des études scientifiques. « Le théâtre de rue, c'est ça. » Une liberté de mouvement que la compagnie a toujours souhaité préserver même si fonder une famille nécessite un port d'attache. Les enfants ont aujourd'hui grandi, l'occasion pour les parents de repartir non plus sur les routes, mais sur les voies navigables. Mais patience, les pieds sur terre, Frédérique, qui se charge de la programmation, sait que le chemin est encore long. « On table d'abord sur une programmation d'un week-end par mois. J'aimerais y voir du théâtre, de la danse, du théâtre d'objets, du cirque, de la musique et aussi du cinéma. » De l'envergure donc. « Nous avons le projet de voyager dans la région et au-delà. Nous sommes à la recherche de partenariats avec des centres culturels, des associations,… » Tout un monde pourrait profiter de cette salle de théâtre mobile. Une démarche logique et sociale pour ceux qui ont toujours apprécié aller chercher le public, dans la rue hier, sur les quais demain. Le projet suscite le respect par son ambition mais aussi par l'humilité de ses initiateurs. C'est une nouvelle vie qui s'ouvre à eux, celle des bateliers et des baladins sans frontières.

Ph. Yvon Hamers

Le week-end prochain (13-15 novembre 2015), le Ventre de la Baleine jettera l'ancre à deux pas de la passerelle Saucy à Liège, le long du quai de Gaulle. À la lumière du lieu qui l'accueille, la musique sera nomade et métissée : Fabian Beghin et Suman Sarkar présenteront ce vendredi leur duo de musique indienne. Samedi, place à une proposition ambitieuse, « Dieu, Erasme et moi », de la Compagnie des Chemins de terre qui plongera dans l'œuvre du philosophe du 15e siècle par le théâtre d'objets. Petits et grands sont conviés dimanche à un cabaret fantastique fait d'ombres et de lumières et d'histoires magiques. Bienvenue à bord et n'oubliez pas de saluer le commandant !

 

Réservations: info@leventredelabaleine.net - 0472 55 99 29

Nicolas Naizy