Faithless a 20 ans: God is always a DJ

par
Laura
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Il y a 20 ans, Faithless sortait son premier album «Reverence» dans l'indifférence générale avant que le single «Insomnia» ne devienne un hit mondial. Sister Blizz, Maxi Jazz et Rollo Armstrong se voyaient alors propulsés au sommet de monde. S'en suivirent bien d'autres tubes et des millions de spectateurs à l'unisson. Aujourd'hui sort ce double album composé d'un ‘best of' et d'une floppée de remixes avec notamment au générique Avicii, Tiësto, Armin van Buuren ou encore Eric Prydz.

Vingt années d'existence et Faithless est toujours au top du succès. Comment expliquer cela?

Sister Bliss: "Comment l'expliquer? Je suppose que Faithless a réussi à toucher les gens, à leur faire de l'effet. La musique a passé l'épreuve du temps. Et je crois que c'est également parce que nous voulions être un groupe créateur d'albums et pas juste un ‘dance band'. Nous avons toujours voulu englober toute une foule d'influences et de styles dans notre musique électronique. Tout réunir en un même endroit. Cette idée nous a permis de faire de la musique pendant 20 ans et de produire six albums. Nous avons également voulu soigner nox textes, et ne pas entendre ce que l'on entendait chez la plupart des groupes électro, y amener un peu de poésie pour toucher le public et aller au-delà de la pop pour ados."

Quelles étaient vos ambitions en 1995?

"Je crois qu'à l'époque, c'était surtout l'envie de s'amuser, de prendre du plaisir. Le premier album a presque été fait pour nos amis avec un petit espoir d'en faire éventuellement un second. On espérait évidemment qu'il y ait un public pour l'écouter. Mais il n'a intéressé personne pendant presqu'un an. Ce n'est que lorsque le titre ‘Insomnia' a intégré les charts à travers toute l'Europe que cela a débuté. Il n'arrêtait pas de passer en radio. Et tout d'un coup, nous voilà à faire des tournées à travers le monde. C'était comme un accident un peu fou."

Êtes-vous fier du chemin parcouru et d'être devenu l'une des icônes de la musique électro d'aujourd'hui?

"Oh god! (rires) Oui, même si cela semble si incroyable pour moi parce que je vis une vie normale lorsque je ne tourne pas avec le groupe. C'est toujours très étonnant de toucher les gens au cœur après autant d'années. Il y a des groupes bien plus importants que Faithless comme Kraftwerk ou Nirvana. Mais je pense qu'on a quand même amené quelque chose de spécial à la musique électronique."

Quelles étaient vos influences à vos débuts?

"En ce qui me concerne, pratiquement tout. Mais peut-être que pour Faithless, des groupes comme Leftfield et Underworld ont été très importants parce qu'ils ont prouvé que la dance music peut tenir dans un format album, que ce n'est pas juste des ‘tracks', mais qu'il y avait moyen de raconter quelque chose. C'est vraiment ce que nous voulions avec Faithless: créer notre monde. En tout cas, je ne crois pas que l'on aurait existé sans ces deux groupes. En plus, ils étaient parfaits pour fumer de l'herbe (rires)."

Grâce à vous, Underworld, les Chemicals Brothers, Prodigy, etc., les festivals se sont ouverts à la musique électro.

"En tout cas, je pense que l'on a réussi à faire accepter la dance music par le monde du rock. À l'époque, on avait tendance à la regarder de haut. Mais tous ces groupes ont mis en place des live show tellement puissants, chacun à leur manière, et tout en produisant de vrais albums. Je crois que nous avons changé la manière dont cette musique était acceptée, elle a intégré le monde du live. Certains pensaient qu'elles ne pouvaient pas sortir des clubs et se retrouver aux côtés de groupes comme R.E.M., Slipknot, Lenny Kravitz ou Nine Inch Nails. Nous nous sommes retrouvés sur la même scène qu'eux avec de gros live rock, parce que Faithless peut être aussi rock qu'eux."

Vos lives ont presqu'un côté religieux. Faithless est une communauté?

"Oui, je le pense. Il y a presque une sensation religieuse lors d'un live en festival. Avec un titre comme ‘God is a DJ', on ressent comme un instant de beauté transcendante. Ce titre est une métaphore, tout est connecté et nous ne faisons qu'un."

Ressent-on une sensation de puissance lorsque l'on peut faire bouger des milliers de personnes avec quelques boutons?

"Je ne parlerais pas de ‘puissance'. J'essaye juste de jouer les bonnes notes au bon moment. Quand il y a une parfaite synergie avec les musiciens sur scène et avec le public, c'est surtout l'énergie que vous ressentez. Et elle est littéralement palpable. Mais je ne suis pas du tout dans le trip ‘je suis Dieu, écoutez ma musique!'."

Vous vous souvenez du tremblement de terre que vous avez provoqué en 2001 à Forest National?

"Oh oui, bien sûr (rires). C'était vraiment dingue, on n'arrivait pas à le croire quand on a lu cela dans les journaux. Mais c'est bien d'avoir ce genre de souvenirs pour que ce ne soit pas juste un concert comme un autre. Et cela montre à quel point les gens ont de la puissance en eux. Ça me fait penser ce que Maxi Jazz évoque dans ses paroles. Vous pouvez faire la différence, vous pouvez vivre votre vie en pleine conscience et précipiter les choses. Il a une approche très bouddhiste de la vie, il aime répéter que l'on fait tous partie de l'univers et que nous ne sommes pas des entités séparées. Quand vous réalisez cela, vous pouvez vivre en harmonie. La vie devient moins frustrante, moins horrible, moins aliénante."

Pour célébrer vos 20 ans, vous proposez ces remixes.

"C'est un coup de frais sur les titres de Faithless, notamment pour les ‘kids' qui sont nés lorsque nous avons débuté. Cela permet d'intégrer leur monde notamment via de très gros artistes de dance music. C'est une manière de regarder à la fois en arrière, dans notre passé, mais c'est également l'occasion de mettre un pied dans le futur. Et c'est très excitant. J'aime me dire que notre meilleure musique n'est pas seulement en arrière mais que l'avenir est également très ouvert."

C'est quoi le futur de Faithless?

"Je ne sais pas encore. Posez-moi la question dans une vingtaine d'années. (rires) Quelques tournées, quelques morceaux et nous verrons ce qu'il adviendra."