Bientôt une pilule capable de remplacer l'activité physique ?

par
Laura
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Une pilule de l'exercice capable de reproduire les effets bénéfiques de l'activité physique est une piste développée depuis plusieurs années. Pour évaluer sa faisabilité, des chercheurs ont passé en revue les différents travaux développés et les applications possibles de cette thérapie du futur.

Mimer par un médicament les effets moléculaires de la pratique de l'exercice physique est une question qui suscite beaucoup d'intérêt et soulève tout autant de recherche thérapeutique. Deux chercheurs, Shunchang Li du School of Sport Science de Beijing (Chine) et Ismail Laher de University of British Columbia de Vancouver (Canada) ont effectué une revue des pistes de recherche actuelles menées sur l'impact thérapeutique de ces "pilules de l'exercice physique".

Irréaliste

Leur étude, publiée dans la revue Trends in Pharmacological Sciences d'octobre 2015 a cherché à analyser l'impact thérapeutique réel possible et la faisabilité de tels médicaments dans un avenir proche. À ce jour, ce domaine est en pleine expansion. Les 2 chercheurs ont divisé les aspirants potentiels de telles pilules en sous-catégories selon le type de molécules utilisé. Ils identifient 3 limites principales.

Plusieurs laboratoires sont actuellement en phase d'essai sur des modèles animaux. Les diverses molécules sur lesquelles ils travaillent ciblent toutes les muscles squelettiques, qui sont les premiers à souffrir du manque d'activité physique en cas de sédentarité prolongée. Malgré les connaissances accrues, les effets attendus de tels médicaments se limitent, selon les 2 chercheurs, à améliorer la performance et la force musculaire, ainsi qu'à réduire la consommation d'énergie.

Or, l'exercice physique permet aussi "l'augmentation de la fonction cognitive, la solidité des os et l'amélioration de la fonction, cardiovasculair"", explique Ismael Laher et "il est irréaliste de penser que des pilules de l'exercice puissent se substituer à la pratique, du moins pas dans l'avenir immédiat".

Pour qui et à quelle dose ?

La seconde limite que décrivent les chercheurs est relative à l'usage de telles pilules chez des personnes en bonne santé, même si, pour autant, de tels médicaments auraient une utilité réelle pour les patients incapables de pratiquer une activité physique (personnes amputées ou atteintes de lésions de la moelle épinière ou de maladies métaboliques et musculo-squelettiques).

"Une pilule destinée aux personnes blessées à la colonne vertébrale pourrait être particulièrement intéressante au vu des difficultés qu'ont ces gens à faire de l'exercice", souligne Ismael Laher. "Chez ces patients, on observe de nombreux changements négatifs dans la fonction cardiovasculaire et celle des muscles squelettiques". Mais "existe-t-il une approche alternative qui induise à la fois les bienfaits de l'exercice physique et surmonte le problème de la mauvaise observance ?", s'interrogent les chercheurs.

La dernière limite est celle du problème des effets secondaires, en cours de test. Les doses optimales restent également à définir pour éliminer tout risque de mésusage ou d'abus. Les chercheurs rappellent que la recherche en est à un premier stade, très précoce, mais que nul ne sait rien encore à long terme de l'effet de ces pilules.