Les taxis contre-attaquent

par
Laura
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Les taxis newyorkais souffrent face à Uber, comme leurs collègues de nombreuses métropoles. Ils ripostent, en proposant un nouveau véhicule standard plus confortable et une application de réservation en ligne.

Concurrencer Uber

Mardi, le NV200 du constructeur Nissan, un minivan spacieux, est officiellement devenu le modèle de référence que toutes les compagnies devront acheter à mesure que la flotte se renouvelle. Esthétiquement, ce taxi n'a pas, loin s'en faut, l'allure reconnaissable du fameux «Checker Cab», immortalisé dans le film «Taxi Driver» de Martin Scorsese. Mais il a d'autres atouts: le confort des sièges, l'air conditionné réglable de l'arrière, de la place pour quatre sans se serrer, des chargeurs de téléphones ou d'ordinateurs et un toit vitré panoramique. Environ 800 NV200 jaunes sillonnent déjà les rues de New York, selon Josh Clifton, de Nissan. "En moyenne, les propriétaires de taxi de New York achètent ou remplacent environ 2.600 véhicules par an", explique-t-il. L'essentiel des 13.000 taxis jaunes devrait donc être des NV200 d'ici cinq ans.

En imposant ce modèle (sauf en cas d'achat d'un véhicule à motorisation hybride), les autorités locales entendent revaloriser le service proposé par les taxis, concurrencés par l'arrivée d'Uber. Après s'être engagé dans un bras de fer avec le géant californien, la mairie de New York a ajourné, fin juillet, l'examen d'une mesure visant à limiter à 1% sur un an la croissance d'Uber. Mais devant la difficulté à contrer le groupe, le secteur a décidé de changer son modèle économique. Cela passe par une plus grande qualité du service, une meilleure disponibilité, et bien sûr un prix compétitif.

Possibilité de réserver

L'autre axe de la contre-attaque de l'armée jaune est une application pour smartphones, baptisée Arro. Car à la différence de beaucoup de grandes villes européennes, la réservation des taxis officiels n'existait quasiment pas à New York, où l'on ne pouvait appeler une voiture qu'en la hélant dans la rue.

Arro propose désormais pour les taxis jaunes un système de réservation similaire, en bien des points, à celui d'Uber, grâce à la géolocalisation. L'utilisateur du service peut voir sur son smartphone où se trouvent les taxis les plus proches et avoir une estimation du temps qu'il leur faudra pour arriver jusqu'à lui. Il peut alors réserver l'un d'eux, dont le chauffeur reçoit un message et vient le chercher. À la différence du service proposé par Uber, le montant de la course n'est pas fixé à l'avance, mais le compteur ne démarre que lorsque le passager monte dans le taxi, pas avant.

Et en Belgique ?

En Belgique aussi, les taxis adaptent leur offre à la concurrence d'Uber. Tour d'horizon des mesures envisagées avec Pierre Steenberghen, Secrétaire général du Groupement national des entreprises de voitures de Taxis et de Location avec chauffeur.

Quelle réponse les taxis belges peuvent-ils apporter à l'innovation Uber?

«Tout d'abord, il faut être prudent lorsqu'on parle d'innovation à propos d'Uber. Nous avions déjà des applications permettant de commander un taxi avant l'arrivée d'Uber. Ces app' mettent en réseau plus de 600 taxis à Bruxelles, 1.000 dans le pays. La seule véritable innovation d'Uber, c'est le prix moins élevé. Mais cela n'est possible que parce que la réglementation n'est pas appliquée. Ces chauffeurs ne payent pas de TVA, il n'y a pas de contrôle sur leur déclaration fiscale et ONSS, ils ne disposent pas de l'assurance requise… C'est illégal, on ne peut pas rivaliser là-dessus.»

Les sociétés de taxis reconnaissent pourtant le besoin de changer certaines choses.

«Nous essayons de développer encore nos applications. Il y a déjà des liens établis entre plusieurs pays européens, ce qui permet à l'utilisateur belge d'utiliser la même app' qu'il se trouve en Belgique ou en Allemagne, en Suisse, aux Pays-Bas… Et nous travaillons à la mise en réseau de différentes app', afin que l'utilisateur utilise toujours la même interface, où qu'il se trouve.»

Taxi vert va proposer des «boutons d'appel».

«L'idée est d'avoir dans les lieux très fréquentés des boîtiers qui appellent un taxi dès qu'on presse dessus. Ils seront placés dans l'horeca, dans les hôpitaux… Cela va simplifier la procédure, et le taxi sera là dans les deux ou trois minutes qui suivent.»

L'un des avantages d'Uber est le coût. Comment y répondre?

«Il est difficile de diminuer le prix de la course d'un taxi. D'autant plus à Bruxelles, où elle est moins chère qu'à Anvers, par exemple. Avant même l'arrivée d'Uber, une étude avait montré que le secteur à Bruxelles n'est pas rentable. Ce que nous pouvons faire, c'est travailler à une plus grande transparence. Nous sommes prêts à accepter le nouveau taximètre, qui sera installé dans le courant 2016. Il est connecté à un GPS, ce qui assure une transparence totale. Il n'y aura plus de petite fraude, sur le moment où l'on change de tarif par exemple. Cela va blanchir totalement le secteur. Mais on ne peut pas continuer avec un secteur réglementé d'un côté, et un autre, totalement libéralisé, de l'autre.»