Les Bruxelloises et leur peur de se déplacer

par
ThomasW
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L'égalité entre les hommes et les femmes en matière de déplacement à Bruxelles est loin d'être acquise. Les Bruxelloises auraient peur de se déplacer «à certaines heures, dans certains lieux ou sans accompagnement». C'est ce qu'a constaté Marie Gilow dans une étude réalisée pour brusselsstudies.be, la revue scientifique bruxelloise en ligne.

Vous vous souvenez sûrement du reportage de Sofie Peeters «Femmes de rue» qui avait fait le buzz en 2012. Cette vidéo avait mis en lumière les problèmes de harcèlement verbal et sexuel que subissent les femmes dans les rues de Bruxelles. Quelques années plus tard, Marie Gilow publie une enquête intitulée «Déplacements des femmes et sentiment d'insécurité à Bruxelles: perceptions et stratégies» pour la revue scientifique brusselsstudies.be. L'un des objectifs est de montrer que la question d'insécurité ne se limite pas à un problème de sécurité «qui demanderait une intervention sécuritaire», mais qu'elle est également liée à la politique d'aménagements territoriaux.

Conséquences sur le déplacement des femmes

Le sentiment d'insécurité des femmes a des conséquences dans leurs déplacements à différents niveaux et à différents degrés d'intensité. Par exemple, certaines femmes interrogées pour cette étude expliquent qu'il arrive qu'elles décalent un rendez-vous pour que le déplacement s'effectue quand il fera jour. D'autres limitent leur sortie aux horaires du dernier tram ou métro. «Les femmes utilisent leur capacité économique et leur compétence sociale ou cognitive pour gérer au mieux ce sentiment d'insécurité», explique Marie Gilow. «Plus les femmes ont à leur disposition des ressources économiques, plus elles ont la possibilité de repousser les limites imposées par ce sentiment d'insécurité.» Par exemple, si elles ont une voiture, les femmes vont se permettre de plus sortir le soir. Par contre, une des femmes interrogées qui dispose de peu de ressources économiques s'interdit les sorties le soir. D'autres se renseignent sur internet pour connaître le chemin le plus court, etc. L'une d'entre elles explique même qu'elle choisira son futur logement en fonction de son sentiment de sécurité.

Les pistes proposées

«D'un point de vue de l'aménagement, des communes mènent depuis les années 80 des études pour trouver les lieux perçus comme angoissant pour les femmes et pour définir les aménagements nécessaires», explique l'auteure de l'article. Par exemple, améliorer l'éclairage de certains lieux, rendre l'endroit plus accueillant, animer le lieu pourraient être des réponses à cette problématique. «Mais il faut également arriver à comprendre pourquoi les femmes se sentent menacées par l'homme», insiste Marie Gilow.

Les "taxis roses", la nouvelle solution ?

«Mobil2040» est une étude -effectuée en 2014- sur la mobilité à Bruxelles à l'horizon 2040 dont l'objectif était d'analyser la place de la femme dans l'espace public et de déterminer des mesures d'aménagement de l'espace publique. Parmi les solutions envisagées, des «taxis roses» comme il en existe à Londres, Dubaï, Beyrouth et Podolsk. De quoi s'agit-il? Ce sont des taxis destinés à protéger les habitantes de ces villes des violences masculines. Comment? En ne mettant au volant de ces voitures que des femmes. D'après le journal Le Soir, le ministre bruxellois de la Mobilité et des Travaux publics, Pascal Smet, évoque «une réflexion sur le sujet». Mais à l'heure actuelle, «il n'y a rien de concret et il n'y a pas eu de réflexions juridiques».