La youtubeuse Natoo sort son livre-magazine, "un condensé de choses absurdes"

par
Laura
Temps de lecture 5 min.

La chaîne de Natoo sur YouTube est suivie par 1.353.560 personnes. La Youtubeuse sort aujourd'hui son livre-magazine. «Icônne» joue avec les codes de la presse féminine. Et c'est à mourir de rire!

Il faut être déjantée pour écrire un livre pareil?

Natoo : «Non… Je suis équilibrée (rires). C'est le même humour que mes vidéos. Cela donne cet ovni à mi-chemin entre le livre et un magazine.»

Tu n'es pas très adepte de la presse féminine?

«Non, j'aime bien. Ce n'est pas parce que j'en fais une parodie que je n'aime pas. C'est une parodie absurde et légère, ce n'est pas très agressif comme humour. J'explique à la fin du livre que j'aime bien la presse féminine. Mais le seul problème est que l'on retrouve toujours les mêmes filles dans ces magazines. Ils sont censés s'adresser aux femmes et pourtant, ce sont toujours des grandes femmes, blanches en général, et très minces. Je dis juste: ‘Allez-y, bougez-vous! Faites une petite révolution et ouvrez-vous un petit peu plus!'»

Comment la presse féminine l'a-t-elle pris?

«Elle n'en parle pas du tout dans les pages littéraires. Elle fait l'autruche. Je pensais qu'il y avait un peu d'humour. Mais ce n'est pas le cas… Pourtant, mon livre n'est qu'un condensé de choses absurdes. Il ne faut rien prendre au sérieux.»

Tu te moques aussi de la pub.

«Quand on regarde la quatrième de couverture, c'est ‘J'endors. Christian Dort'. Ce n'est pas méchant pour la marque en elle-même. C'est un jeu de mot.»

Comment as-tu l'idée des articles du livre-magazine?

«Pour m'inspirer, j'ai acheté une trentaine de magazines féminins que j'ai étalés autour de moi. J'ai pioché dedans. Les idées sont venues assez facilement.»

Tu as gardé les sujets fétiches de la presse féminine: le make-up, les petits copains,etc.

«J'ai gardé les fondamentaux d'un magazine féminin. Il y a par exemple les fameux régimes qui reviennent deux fois par an: après les fêtes et avant l'été. C'est primordial d'avoir un corps parfait selon la presse féminine. Je donne des conseils assez stupides. Ce n'est pas pour rien que mon livre s'appelle ‘Icônne'. Par exemple, si on veut plaire à son copain qui est fan de foot, on peut mettre son maillot sur la tête au moment de l'orgasme et crier ‘Goal, elle est au fond' pour lui faire plaisir. Ce sont des conseils très pratiques (rires).»

Comment as-tu vécu l'expérience?

«C'est la maison d'édition qui m'a contactée. Elle m'a donné carte blanche. Ce livre est très visuel. Cela se rapproche donc de ce que je fais en vidéo. Ce n'est pas si différent. J'écris un scénario avant de réaliser la vidéo. Je fais tout un travail d'écriture, sauf qu'ici, ce n'est pas filmé après.»

Tu es la première youtubeuse qui édite un livre.

«Je suis la première en France. En réalité, EnjoyPhoenix a sorti le sien deux semaines après moi. On va dire qu'on est les deux premières. En fait, oui je suis la première (rires).»

Comment les idées te viennent-elles pour les vidéos?

«C'est la vie tout simplement. Les petits problèmes que je peux avoir ou des choses plus positives de la vie. J'avais par exemple fait une vidéo sur ma mère. Il y a pleins de choses à dire à nos mamans. Je fais aussi des FAQ, des vidéos où je réponds aux questions des gens, des vidéos de voyage.»

Des sujets fonctionnent plus que d'autres?

«Je n'ai pas eu de gros bides pour le moment. J'avais testé la création d'une chanson qui avait aussi fonctionné. Je crois que les gens adhérent bien en général.»

Comment t'est venue l'idée de te lancer en tant que youtubeuse?

«Je ne sais pas. Avant, j'avais un métier plus classique: j'étais fonctionnaire de police pendant cinq ans. Mais j'ai rapidement senti que je n'allais pas faire cela toute ma vie. En parallèle, j'ai découvert YouTube. C'est tombé pile-poil. J'ai découvert des podcasts américains et j'ai trouvé génial ce concept de s'adresser face caméra. Au début, c'était juste pour rigoler et puis, c'est devenu mon métier.»

Qu'est-ce qu'il te plaît à être youtubeuse?

«Je faisais des petits spectacles à ma mère quand j'étais petite. Je ne pensais pas en faire un métier. Mais j'aime bien être très connectée, sur les réseaux sociaux. Je pense que c'est dû au fait que je suis fille unique et que j'ai seulement ma mère comme famille en France (sa famille est en Pologne, ndlr). J'ai beaucoup souffert de ne pas avoir de frère ni de sœur. Du coup, j'aime beaucoup communiquer, échanger avec les gens qui m'entourent.»

Comment se sont passés tes débuts?

«À la base, je n'avais qu'une centaine de vues. Puis, j'ai mis mes vidéos sur une page Facebook d'un duo comique, «10 minutes à perdre» qui est devenu «Bapt&Gael». On a commencé à échanger nos idées. Ils m'ont présenté à d'autres membres comme Norman, Hugo et Kemar. De fil en aiguille, Kemar est devenu mon copain. On a commencé à bosser ensemble. Il me conseille sur mes vidéos, et moi sur les siennes depuis quatre ans.»

Quels conseils pourrais-tu donner aux jeunes qui veulent se lancer sur YouTube?

«Tout le monde peut se lancer mais il ne faut pas se dire qu'on veut absolument en faire son métier et devenir connu. Il faut garder la tête sur les épaules. Et surtout le prendre comme un loisir. Si on est bon et s'il y a un minimum de talents et d'originalité, on sort du lot et là, ça peut marcher. Il ne faut pas dire dès le commencement: ‘Je veux être connu et comédien'. Ce n'est pas la bonne démarche.»

Maïté Hamouchi

«Icônne», de Natoo, éditions Michel Lafon, 128 pages, 13,25€

Le portrait de Natoo en cinq points :

Ta musique préférée? «J'écoute de tout. Les artistes qui m'ont le plus marquée sont ceux que j'ai découvert quand j'étais plus jeune comme Barry White. J'étais fan de Renaud alors que tout le monde aimait Céline Dion. On se moquait un peu de moi. J'aime aussi les sons très kitsch et commerciaux comme Britney Spears, Katy Perry, Taylor Swift.»

Film préféré? «Pulp fiction, Forest Gump. Une nouvelle fois, ce sont ceux qui m'ont marquée quand j'étais ado. Plus récemment, j'ai adoré Gone Girl, Night Call.»

Un souvenir d'enfance? «Quand ma mère faisait semblant que les Kinder Surprise tombaient du ciel et que j'y croyais! Je pensais avoir une maman avec des super-pouvoirs! (rires)»

Ta propre vidéo préférée? «Celle sur les règles. Cela permet de démystifier cette chose qui est finalement naturelle.»

La pire que tu aies faite? «Les pires ne sont plus en ligne (rires). J'avais fait une série qui s'appelait ‘J'ai une copine qui...'. Qui est bio, qui fait régime, etc. C'était très mal monté, sans rythme et pas très naturel.»